Une logique de méfiance et de rejet des personnes exilées

19 juillet 2016 – Depuis plusieurs semaines, boulevard de la Villette à Paris, sous le métro aérien entre les stations Jaurès et Colonel Fabien, des centaines de migrants survivent péniblement dans des conditions sanitaires effroyables. Des bébés, des enfants, des femmes, dorment dans la rue, au milieu d’ordures et d’effluves nauséabondes d’urine.

Chaque jour, la situation s’aggrave. Quelques associations se relaient jour et nuit pour tenter de parer aux situations individuelles les plus critiques, et distribuer de la nourriture. La passivité des élus et acteurs publics (dont la seule réponse à ce jour a été l’envoi ponctuel de forces de police et l’installation d’un point d’eau et de toilettes) est scandaleuse et indigne de la France.

Des solutions d’hébergement et d’accompagnement des migrants et demandeurs d’asile présents sur le territoire français doivent être mises en œuvre très rapidement.

Par sa politique actuelle, le gouvernement se rend coupable de violation des droits de l’Homme, piétine quotidiennement nos valeurs républicaines, et entretient une logique de méfiance et de rejet de ces personnes exilées. Une politique d’accueil, respectueuse, qui s’inscrit dans la durée, doit être mise en place de toute urgence.

Si nous ne voulons pas nous rendre complices de la résistible progression de la xénophobie en France et en Europe, nous devrions exiger des responsables politiques qu’ils s’attellent dès aujourd’hui à porter un regard fondamentalement positif sur nos frères humains qui se risquent à l’exil, et dont la présence dans notre pays pourrait être source d’une immense richesse.

Cessons de détourner nos regards

13 septembre 2016 – Depuis mon interpellation des « pouvoirs publics » en juillet dernier, la situation intolérable de survie des migrants à Paris n’a pas évolué.

Le 22 juillet 2016, 2 628 personnes dormant dans la rue boulevard de la Villette ont été « évacuées » ; la 26e « mise à l’abri » (pour quelques nuits) depuis juin 2015, selon la Préfecture. Certains de nos frères migrants, enjoints à entrer au petit matin dans des bus, ont été accompagnés à coups de matraque et jets de lacrymogène.

Un « centre humanitaire » (réparti sur deux sites) pour « l’accueil » d’urgence de plusieurs centaines de personnes exilées devrait être ouvert à Paris à la mi-octobre. Ces sites seront saturés dès le premier jour. Et d’ici là ?

Il est grand temps de mettre un terme à la politique de suspicion, de répression et de criminalisation des migrations en vigueur dans notre pays. Exigeons au plus vite la mise en œuvre d’une politique d’intégration à long terme de nos sœurs et frères en détresse.

L’association « France Terre d’Asile » [sic], bénéficiaire d’un « marché public » « d’accueil » des demandeurs d’asile, est aujourd’hui complètement débordée, et doit faire appel quotidiennement à la Police nationale sur son site du boulevard de la Villette (Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile) pour maintenir enfants, femmes et hommes à l’écart de sa permanence.

Les valeurs et la richesse de la France méritent une autre gestion de la cité et de la chose publique.

Alexandre CHARLET, acteur

Crédits photos:

  • Migrants, boulevard de la Villette: Alexandre Charlet
  • Migrants, métro Jaurès, Paris: Alexandre Charlet
  • Migrants, métro Jaurès: Alexandre Charlet

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