Revue de presse politique du 12 mai #73Mars
REVUE DE PRESSE. L’expression « 49.3 » semble être aussi redoutée qu’à la mode dans la France entière; pourtant, ces chiffres ne sont pas très sexy. Pourquoi cet article affole-t-il autant les politiciens et les militants ? Gazette Debout revient sur cette journée du #72Mars où tout se joue à l’Assemblée nationale.
Depuis plusieurs jours, La Gazette Debout vous résume brièvement ce qui se joue au sein de la classe politique. Le gouvernement a (enfin) annoncé officiellement qu’il allait recourir à l’article 49.3 pour faire adopter la loi de réforme du code du travail, dite loi El Khomri. Comme il fallait s’y attendre, cette annonce a affolé autant les politiciens que les Français. Les militants de Nuit Debout, accompagnés des déçus de la classe politique, ont décidé de manifester en face de l’Assemblée nationale. Selon la police, plus de 500 personnes étaient regroupées devant l’hémicycle (3 000 selon les manifestants) et les CRS sont entrés en jeu pour tenter de maîtriser et disperser cette foule de plus en plus nombreuse.
« Ce 49.3 était le meilleur moyen de nous remotiver » – une militante Nuit Debout.
Elle peut être rassurée : le mouvement n’est pas seul contre tous. Il peut compter sur le soutien de Jean Lassalle, récent démissionnaire du Modem de François Bayrou, candidat à l’élection présidentielle de 2017 et député des Pyrénées-Atlantiques. M. Lassalle a tenu à saluer les militants rassemblés devant l’Assemblée nationale et s’est exprimé clairement sur sa position face à l’article 49.3. « Je suis pour une transition pacifique, mais le régime doit changer. C’est pour cela que je voterai la motion de censure. Et je suis favorable à une dissolution, il est aujourd’hui trop tard pour le président Hollande ».
Le gouvernement tient tête
Pourquoi s’insurger autant contre cette décision ? Le président de la République déclare qu’il tient à rassurer les Français et qu’il sait ce qu’il fait. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a réitéré les propos de François Hollande lors de son compte rendu hebdomadaire du conseil des ministres mercredi 11 mai. « [Le Président de la République a estimé que cette décision convenait dès lors qu’il y avait une minorité [de parlementaires] qui bloquaient l’adoption de cette loi malgré les propositions de compromis qui avaient été faites ».
Invitée au micro de France info, la ministre du travail ne pouvait échapper à la question sur le passage en force du gouvernement. « Le recours au 49.3 n’est ni inédit, ni illégitime. Nous avons eu des débats, mais être à l’écoute, ce n’est pas être à l’arrêt […] Si le gouvernement avait renoncé, c’est ça qui aurait été anti-démocratique […] Nous aurions préféré que cela se passe autrement, mais j’ai été à l’écoute et notamment de la rue […] Nous avons été dans un dialogue, nous avons tout fait pour trouver un compromis avec les 10% des députés socialistes qui contestaient le texte […] Nous ne sommes absolument pas dans un passage en force », explique-t-elle.
Défendons ce texte (ou pas) !
Depuis le début des débats parlementaires, les médias ne parlent que de la loi travail; à l’occasion de ces journées exceptionnelles, il importe, pour chaque chaîne d’actualité, de dresser le bilan des décisions prises. Lors d’une soirée spéciale sur le thème du 49.3, appelée « Vers une motion de censure à gauche », Jean-Baptiste Boursier invitait plusieurs personnes à s’exprimer sur BFM TV. Sur le plateau étaient présents Olivier Falorni, député de Charente-Maritime et candidat dissident aux législatives 2012 face à Ségolène Royal, et Elliot Lepers, une figure de gauche en désaccord avec la loi travail. Le cabinet de Manuel Valls a immédiatement remarqué l’absence de représentants de Bercy et l’a fait savoir au présentateur. En plein direct, Olivier Falorni décide de partager le SMS qu’il vient de recevoir.
« En toute transparence, pour raconter un peu comment les choses se passent à la télévision, je viens de recevoir un message du cabinet de Manuel Valls me disant : ‘Tiens, c’est bizarre, dans les gens qui sont présents sur votre plateau pour parler de cette journée, où sont les légitimistes ? Ceux qui défendent le texte ?‘ Eh bien, pour vous expliquer les choses très clairement aussi : personne n’a souhaité venir défendre ce texte. Beaucoup ont été sollicités et personne n’a souhaité le faire… »
Dernière solution : la motion de censure
Mardi 10 mai dernier, Jean-François Copé l’annonçait à l’Assemblée nationale : les députés de droite et du centre avaient déposé une motion de censure et espéraient bien que les frondeurs du PS les rejoindraient. Ce mercredi 11 mai, ces derniers ont décidé d’entreprendre une démarche identique pour sanctionner la loi travail. Malgré les appels de Cécile Duflot ou encore d’Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux, les députés frondeurs n’ont pas réussi à obtenir les 58 signatures nécessaires. Face à l’absence d’une motion de censure de gauche, les députés du Front de gauche comptent voter celle déposée par la droite. Interrogé par France info, André Chassaigne, président du groupe parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine explique : « Il ne nous reste qu’un seul outil pour nous opposer à cette loi, la motion de la droite ».
Cette motion de censure sera examinée ce jeudi 12 mai; pour être adoptée, elle doit réunir la majorité absolue des suffrages des députés, soit 288 voix sur 577. Sans cette mesure, le texte de la loi travail sera adoptée sans vote.
Rappel historique : Depuis 1962, sur plus de 100 motions de censure déposées à l’Assemblée nationale, une seule a été adoptée. Pour la retrouver, il faut remonter aux 4 et 5 octobre 1962 : le centre, les socialistes et la droite non gaulliste unissent alors leurs voix. Les députés s’opposent à l’élection du président de la République au suffrage universel, ce qui entraîne la chute du gouvernement Pompidou. Le 6 octobre, Georges Pompidou décide donc de remettre la démission de son gouvernement au général De Gaulle. Le « oui » à l’élection présidentielle au suffrage universel l’emportera largement lors du référendum du 28 octobre.
Quand le monde entier rit de notre gouvernement
Les Français ne sont pas les seuls à suivre avec attention les faits et gestes du gouvernement, surtout quand il s’agit d’utiliser l’article 49.3. Outre-Atlantique, ce passage en force n’est pas passé inaperçu et Franck Underwood, personnage incontournable de la série Netflix House Of Cards a décidé de s’adresser directement au premier ministre Manuel Valls. Dans un tweet, le community manager de la série (non, ce n’était pas réellement Francky) déclare avec humour : « La démocratie, c’est tellement surfait ». Quelques minutes plus tard Manuel Valls a tenu à répondre à ce tweet en s’illustrant par une photo de Churchill, « Cher Frank, la démocratie est la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes les autres. N’oubliez jamais ».
Pour conclure : Découvrez ici la tête de Manuel Valls face à l’intervention de Bernard Perrut, député-maire de Villefranche-sur-Saône, à propos de la loi travail…
GAZETTE DEBOUT.
Crédits photos:
- Revue 12 mai: DR
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