Tribune : Stop aux régimes de terreur

TRIBUNE – Les impostures de l’horreur font continuellement émerger des nouvelles façons de forcer les sociétés à se plier aux exigences de quelques fous : ce sont les logiques de terreur. On menace pour déformer les discours, on tue pour affaiblir les savoirs, on torture pour faire taire les vérités. De nouveaux principes prennent un peu plus racine dans ce monde que nous connaissons : faire peur. Comment pourrions-nous avoir un débat lucide après toutes ces horreurs ? Le dialogue citoyen pourrait-il disparaître suite aux agressions continues ?

Bientôt nous aurons peur de nous engager, peur de porter la démocratie, peur de manifester, peur d’espérer autre chose. Faut-il se cacher lorsqu’on est homosexuel-le, féministe, jui-ve-f, humaniste ou musulman-e ? Faut-il effacer sa particularité, son propre héritage ? Est-ce seulement possible ?

Faut-il tuer les utopies pour faire mieux régner la peur ? Allons-nous subir de telles infamies ?

Nous espérons pouvoir prendre les devants en défendant notre modèle, celui d’une société ouverte et tolérante. Il n’y a aucune autre revendication. Notre volonté ne peut être méprisée au profit d’une attitude tyrannique et terrifiante. Aucun désir ne doit jamais être satisfait au moyen de l’oppression, ça n’a pas lieu d’être. Ce ne sont pas les répressions, les assassinats, les sentences en tout genre qui feront tomber notre lucidité. Pensez-vous vraiment qu’il soit nécessaire de participer à la terreur ? Nous ne construirons pas le modèle de demain sur les diktats de l’angoisse !

Certains d’entre nous ont pris peur, ils n’osent plus dire ce qu’ils pensent de la situation, des menaces, des événements qu’ils observent. On a fait taire de nombreux citoyens en les plongeant dans l’inquiétude. Arrêtons de menacer, arrêtons de terrifier, arrêtons de réprimer.

Il n’y a pas de raison d’ajouter de la peur à la peur, l’intolérance est inacceptable. Ceux qui ont déclaré la guerre à la démocratie et aux droits de tous seront combattus. Ce n’est pas la confusion alimentée par les atrocités et les illusions qui empêcheront les esprits libres d’agir. Les minorités et la diversité n’ont pas à être prises pour cibles par l’intolérance. Toutes ces mises en scène macabres et belliqueuses favorisent l’incertitude. La panique, c’est la graine des prises de décision irresponsables. Ce ne sont pas les paroles menaçantes qui répareront les affronts commis. Les régimes de la peur n’ont pas leur place dans ce monde, qu’ils viennent des bougres tyranniques ou des affabulateurs armés qui tuent sans condition. Nous proposons un nouveau regard sur la démocratie, et nous ne comptons pas l’abandonner au profit du plus fort. Que ceux qui ne s’identifient pas à notre regard sur la démocratie soient libres d’appliquer le leur sans aspirer à nous faire peur.

Empêchons ces épouvantails de s’installer, ils ne font que détruire l’héritage humaniste.

Il est temps de réclamer la quiétude, celle-ci n’a pas à être confisquée. Retrouver la confiance, c’est agir. Nous avons l’obstination de sortir de ce climat de terreur, car les régimes de la peur ne doivent jamais s’enraciner ici et ailleurs.

Alan.