« L’Assemblée » : le documentaire de Mariana Otero sur Nuit Debout

Chaque jour, au printemps 2016, la réalisatrice Mariana Otero est venue poser sa caméra sur la place de la République à Paris pour suivre la naissance et la vie de Nuit Debout. Après trois mois de tournage et quatre mois de montage, son documentaire, baptisé « L’Assemblée », est en passe d’être achevé. Et pour pouvoir le terminer, elle vient de lancer un crowdfunding.

« L’Assemblée » n’est pas un reportage, comme celui de Sylvain et Aude sur France 5, mais un véritable documentaire. Mariana et son équipe ont pris le temps de capter les moments joyeux, les moments de doute ; les débats à l’assemblée tout comme les altercations avec les forces de l’ordre, mais aussi la joie et l’espoir en un monde meilleur. « Très vite, j’ai pensé que pour raconter Nuit Debout, il fallait laisser du temps au temps et venir tous les jours sur la place. Forcément, il n’y aurait pas de projet écrit au préalable, pas de temps de préparation et donc pas de possibilité d’être financé en amont. Il faudrait tout improviser sur une durée indéterminée. Pour moi, habituée à repérer, écrire et préparer, c’était un plongeon dans l’inconnu. Mais j’ai décidé de le tenter et de laisser de côté toutes mes activités pour me consacrer à ce récit. C’était ma façon de participer et de m’engager. Il faut dire aussi que je retrouvais à Nuit Debout une problématique qui m’obsède comme citoyenne et qui fait le cœur de mon cinéma depuis 25 ans : comment construire quelque chose ensemble tout en considérant chacun dans sa singularité ? Comment réinventer le collectif ? Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ? »

Sous la forme apparente d’une chronique, en alternant scènes d’assemblées et scènes de commissions, moments de vie, de déclamation, d’échange et de réflexion, le documentaire raconte comment cette incroyable assemblée de Nuit Debout a pris forme, comment elle a permis à des citoyen-n-es de reprendre la parole, et combien son organisation et son fonctionnement ont posé de questions. Au passage, on y découvre les problématiques essentielles qui ont traversé le mouvement. Tout cela au milieu des éléments hostiles qui ont fait son quotidien : irruptions récurrentes et souvent violentes de la police, difficultés logistiques, météo particulièrement peu clémente… Le film est construit sans interviews, sans voix off, de manière à laisser une place au specta-teur-trice et à lui permettre de s’interroger et de penser cette réinvention d’une assemblée démocratique que fut, est et sera Nuit Debout.

« Je ne savais pas ce qui était en train de se passer sur cette place de la République, mais je comprenais que c’était extraordinaire et que cela méritait d’être raconté, autrement et indépendamment des médias qui n’en retenaient souvent que le plus spectaculaire. »

Après un tournage effectué sans aucun financement, Mariana Otero s’est rapprochée d’un producteur, Pascal Deux (Buddy Movies) pour entreprendre, dans un premier temps, le montage du film. Mais aujourd’hui, un apport financier extérieur est indispensable pour le terminer : montage son, musique, mixage, étalonnage, sortie du DCP (support du film en salles), etc. Ce qui représente, en comptant au plus juste, un minimum de 25 000 euros.

« Parce qu’il ne faut pas laisser aux seuls médias le récit de l’actualité, parce qu’il est important que les cinéastes puissent réaliser des films sur notre histoire en train de se faire, nous faisons appel à un financement citoyen, seul capable de rendre possible ce type de films réalisés dans l’urgence. »

Pour participer au financement de ce documentaire qui fera date, rendez-vous sur la page de Kisskissbankbank.

Mariana Otero prévoit également de diffuser quelques courts extraits de son documentaire lors de l’anniversaire de Nuit Debout, qui aura lieu dimanche 2 avril sur la place de la République. On vous en reparle très vite !

Crédits photos:

  • AG République: Francis Azevedo / DR

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