Au jardin d’Eole, les migrants menacés par la gale et la tuberculose

REPORTAGE – Nikita nous décrit les conditions abominables dans lesquelles croupissent les migrants du jardin d’Eole, au nord de Paris. Près de 900 personnes s’entassent ici, dans le froid et sous la pluie, menacés par la gale et la tuberculose. Le tout sous le regard quasi indifférent des autorités.

Éole petit matin gris…
La gardienne du 34/34 bis rue d’Aubervillier sort de son immeuble. Les éboueurs viennent de passer. Elle jette un regard contrit sur ce village de tentes qui grossit de jour en jour sur le trottoir d’en face. Son soliloque est rageur…

Près de 400 tentes se « partagent » maintenant la terrasse au-dessus du jardin aux grilles cadenassées. Et « cela » remonte irrémédiablement vers la rue Riquet… Parmi les tentes, des réfugiés levés tôt se brossent les dents, se disputent les rares espaces laissés vacants aux nuées de pigeons qui, s’étant passé le mot, picorent parmi les tas de déchets.

L’abattement se lit dans le regard de certains qui, pour n’avoir pu trouver le sommeil faute de tente ou de couchage, déambulent, hagards, le longs du couloir à vélos, une couverture sur les épaules. Trois toilettes chimiques et une pissotière se sont rajoutés aux trois toilettes et à la pissotière déjà sur place. Le tout est déjà bouché par les excréments et les bouteilles en plastique. L’odeur est pestilentielle.

Cela fait quelques jours déjà qu’une rumeur de tuberculose circule. Trois réfugiés seraient déjà en observation à l’hôpital Lariboisière. Je ne pouvais m’empêcher d’y penser ce matin en me frayant un passage entre les toiles et les tendeurs.

Voilà une « complication » qui risque de se rajouter à la complication… Mais ce n’est pas du Terry Gilliam… juste du Hidalgo, not’merd’Paris.

Les tentes du jardin d’Eole
Les tentes du jardin d’Eole. DR Reporters Debout

L’annonce de la création d’un camp « d’ici un mois et demi » au vu de la situation actuelle est le plus bel exemple du double discours de la municipalité, avec son battage médiatique autour de sa conception de Paris ville « monde », « refuge », « d’accueil » ou je ne sais quoi d’autre.

Pendant tout ce temps perdu en conjectures stériles, la situation ne fait que s’aggraver. Au point d’avoir laissé non seulement la gale s’éparpiller dans tous les centres, hôtels et autres « places » d’hébergements de la région de par le « vrac » des « évacuations ». Aujourd’hui peut-être en sera-t-il de même avec de la tuberculose ? Chapeau les « responsables » !

La « politique » serait l’art de tracer un destin bâti sur l’intelligence humaine de l’anticipation. Mais cette anticipation se limite désormais aux échéances électorales de nos édiles bouffis d’ambition et de bas « calculs » machiavéliques. Après eux le déluge et en attendant, ils se nourrissent sur la bête. Voilà qui sont ces gouvernants dont la dignité ne s’exprime que pour couper quelques rubans ou commémorer les victimes des guerres livrées par leurs prédécesseurs.

Les poulets passent au ralenti, suivis de peu par une de ces Toyota hybrides, noires, qui sont à disposition des élus. Personne ne s’arrête. La brigade de la Sécu Mairie de Paris vient faire son comptage à la louche. Violette déballe le petit déj’. Les réfugiés se mettent en ligne. Une nouvelle journée commence sur ce carré de trottoir de Paris.
Il n’y a que le ballon qui tourne rond dans ce pays.

Nikita sur place

Crédits photos:

  • Les tentes du jardin d’Eole: Reporters Debout / DR
  • Les tentes du jardin d’Eole: Reporters Debout / DR

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