"Ma prochaine manif aura un petit goût de responsabilité sociale"

Des femmes, des enfants, des hommes, une foule souriante et guillerette. Un dimanche champêtre au soleil. Sous nos pieds, pas d’herbe mais le bitume de la chaussée révélant par endroit les pavés découverts par l’usure. Face à nous, un mur de plexiglas. Derrière dans des armures de plastique d’autres hommes, dégageant une hostilité que leurs ordres leur ont distillé dans les veines. Des masques froids contemplent les sourires. S’il y a des blessés, on sait qui perdra. S’il y a affrontement, lacrymos et canons à eaux, on sait qui gagnera.

Les ultralibéraux pourront s’enorgueillir d’une nouvelle victoire : qu’une voiture de police brûle ou qu’un manifestant soit éborgné, les indices boursiers ne frémiront pas, les dividendes seront bien versés. Nos luttes sont intestines : nous nous battons entre nous, nous nous affaiblissons sans voir que le véritable ennemi n’avance ni cagoulé en baskets, ni masqué en rangers, mais à visage découvert en costume cravate. Faussement offusqué au JT du soir, il annoncera des réformes encore plus draconiennes. Qui jetteront encore plus de monde dans les rues. Et en face plus de policiers. C’est un cercle vicieux qui s’auto-alimente.

Ou plutôt non, que nous alimentons. J’entends déjà les cris d’orfraies des militant.e.s de la première heure. « Je me mobilisais déjà contre ces salopards que t’étais pas né.e. Arrête de donner des leçons et manifeste ». OK je manifeste car c’est important de montrer notre désaccord même quand le trajet de manif est décidé par la Préfecture, même quand il se réduit à trois petits tours de manège, ça reste important.

Vous avez réussi à endiguer les flots avec cette méthode. Mais là, le niveau des eaux boueuses monte rapidement. Certains espèrent encore profiter du système en bardant leurs enfants de diplômes, en les gavant de savoirs théoriques mais sans leur apprendre à réfléchir. D’autres pratiquent la politique de l’autruche, espérant que s’ils ne voient pas le danger, c’est qu’il n’y en a pas, et donc ils continuent comme avant, ce qui entretient l’incendie de la Maison Terre.

Ils sont peu à réfléchir à la conséquence de leurs actions individuelles. Le café que je bois permet ou non de faire vivre décemment une famille éthiopienne. Mais l’Ethiopie c’est loin ! Donc on s’en fiche ! Mais quand le fils ainé, seul rescapé de cette famille, arrive en Europe, on le laisse mourir. Mon café a petit goût de responsabilité sociale et environnementale. Mais mon café n’est pas seul responsable de ce drame humain.

Les entreprises qui ne rémunèrent pas les ressources – travail ou matières premières – à leur juste valeur dégagent des profits qui ne vont jamais en intégralité aux masses laborieuses. D’où la colère populaire. Tant du point de vue des manifestants que des policiers. Fut un temps où la peur était de voir un Etat trop fort. Ce temps est passé ; les multinationales et leurs dirigeants veulent fomenter le conflit de tou.te.s contre tou.te.s. Nos choix d’acheter leurs produits leur donnent un certains pouvoir, tu ne peux pas manifester contre Europacity si tu fais tes courses chez Simply. Et si des gens vont encore chez Simply, il faut donc les informer en disant que le choix final leur revient.

Ma prochaine manif aura un petit goût de responsabilité sociale et environnementale.

Scapin.

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Crédits photos:

  • Manif 14 juin 2016, CRS: Darius

Alan Tréard

Auteur, reporter pour la Gazette debout.


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