Pourquoi je voterai quand même pour un·e candidat·e

À quelques jours de l’élection présidentielle, nous publions ici la tribune d’un contributeur de Gazette Debout, qui nous explique les raisons qui le pousseront à glisser son bulletin de vote dans l’urne.

Je voterai pour un·e candidat·e et son programme à la présidentielle :

. Parce que tous les moyens sont utiles à la lutte, d’une part pour militer contre ce qui nous accable au quotidien, d’autre part pour construire demain. Le vote à la présidentielle est au mieux anecdotique, mais pourquoi ne pas optimiser la lutte en parallèle de toutes nos actions ? Optimiser c’est par exemple s’imposer Hollande plutôt que Sarkozy et gagner le mariage pour les couples de personnes de même sexe ;

. Parce que le vote blanc et l’abstention ne peuvent toujours pas invalider le résultat de l’élection. Lutter pour leur reconnaissance est une nécessité. Lutter pour un système démocratique voire autonome où l’élection présidentielle serait profondément remaniée voire supprimée, où le président de la République aurait moins de pouvoir et le peuple davantage, est également une nécessité. Et que ces questions soient débattues pendant la campagne présidentielle est nécessaire et opportun afin que toutes réponses favorables puissent être intégrées par les candidat·e·s dans leur programme.
Cependant, leur mise en application ne sera que future. Pour l’échéance à venir, voter blanc ou s’abstenir sera symbolique, et symbolique uniquement pour nous qui y croyons. Mais le symbole pourra me suffire, simplement ne pas participer à la mascarade qui se trame, ne pas faire le jeu de ce système, préserver un peu de ma conscience déjà si mise à mal. Pour autant, il ne s’agira pas de vouloir garder bonne conscience à tout prix, brandir l’honneur d’être fidèle à mes idées, au risque de m’installer dans un confort moral qui sera parfois un frein à la lutte, lutte qui demande dévouement et humilité.
Dans un monde qui irait mieux que le nôtre, dans un cas où vote blanc et abstention seraient massifs, le·la candidat·e élu·e se poserait la question de sa légitimité. Seulement voilà : l’heureux élu s’en moque ! Le président élu en 2002 avait vu près de 85 % des Français majeurs ne pas voter pour lui au premier tour, 40 % au second ; en 2007, 75 % au 1er tour, 60 % au 2nd ; en 2012, 80 % au 1er tour, 60 % au 2nd. Si lors de cette présidentielle on surpassait ces chiffres, peut-on vraiment imaginer le·la nouvel·le élu·e déclarer qu’il·elle renonce ? Peut-on compter sur les médias populaires, à la botte des partis capitalistes, pour pousser l’élu·e à renoncer ? Et quand bien même le peuple s’élèverait-il contre cette illégitimité, serait-il entendu ? Cf. loi travail.

Je voterai pour un·e candidat·e et son programme :

. Non pas pour suivre l’injonction « il faut voter », celle qui succède à « il faut s’inscrire sur les listes ». Sous prétexte de défendre ce « droit fondamental », on encourage des personnes à voter sans pour autant leur confier de repères politiques, des personnes qui devront s’en remettre aux médias populaires et feront le jeu des partis habituels ;

. Non pas pour suivre l’injonction au « vote utile » : hors de question de verser dans le « tout sauf FN » ;

. Non pas parce qu’un·e candidat·e a des idées en accord absolu avec les miennes. Car c’est tout le problème de la présidence de la République. Il ne peut s’agir que d’un « vote par défaut » : à défaut d’être nous-mêmes candidat·e·s, on devra accepter certaines idées qu’on ne partage pas.

Je voterai Arthaud, Mélenchon ou Poutou :

. Parce que je refuse l’expression « tous les mêmes ». Cette expression résulte du jugement de trois partis, tous attirés par leur droite, assez similaires à chaque époque, médiocres, qui se sont succédé depuis De Gaulle : le parti majoritaire de droite (aux appellations multiples), le centre droit (UDF, Macron aujourd’hui), et le PS, aux idées diluées par les cohabitations et sa droitisation progressive.
« Tous les mêmes » va de pair avec « ils ne tiennent pas leurs promesses », où « ils » ne fait référence qu’à ces trois partis (même si malheureusement les promesses de droite sont bien souvent tenues). Le « changement » qu’espèrent les Français à chaque élection n’a jamais lieu puisque l’élu appartient systématiquement à ces trois partis ;

. Parce que je ne comprends pas la phrase du moment : « On ne sait plus pour qui voter ». On ne sait plus pour qui voter, vraiment ? Si on est un·e électeur·trice Les Républicains peut-être, mais sinon ? Se demande-t-on vraiment si l’on est plutôt du côté des violeurs, ou des voleurs, ou alors des fachos, ou des VRP en pesticides, en nucléaire ou en actifs toxiques ? En outre, « On ne sait plus pour qui voter » fait appel à quelque chose qui ressemble à une certaine fierté, celle de ne pas vouloir voter pour un·e futur·e perdant·e ; et en l’occurrence, avec un PS mort-vivant, la « gauche » ne voit pas de partis à même de gagner. Enfin, hormis la disparition des Verts (dont le programme est très proche de ceux de Hamon et Mélenchon), l’éventail de choix n’est pas plus étroit que celui des élections précédentes ;

. Parce que Hamon, dont le programme compte dans l’absolu des points intéressants, ne peut qu’être mis hors-jeu de par son étiquette PS, après 5 ans de trahison et de droitisation ;

. Parce que France Insoumise, Lutte Ouvrière et NPA mènent une lutte plus ou moins intense et efficace contre le capitalisme et son monde. Et qu’on trouve dans leurs programmes des points croustillants tels que : suppression de la présidence de la République et du Sénat, référendum et lois d’initiative citoyenne, écologie en fil rouge, sortie du nucléaire, expropriation d’entreprises, abrogation de la loi travail, rapport de 1 à 20 entre les salaires dans une même entreprise, répartition du travail, désarmement partiel de la police, démantèlement des BAC ;

. Parce que France Insoumise, Lutte Ouvrière et NPA sont les seuls partis présents à nos côtés lors des mouvements sociaux, que leur survie est un atout, car nos victoires naitront des mouvements sociaux.

U. M.

Crédits photos:

  • Vote utile ça sert à rien: Francis Azevedo

2 réactions sur cet article

  • 10 avril 2017 at 16 h 59 min
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    Je souscris à ce point de vue, évidemment. Il ne faut bouder aucun moyen pour pousser la société dans la direction qui nous convient.

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  • 17 avril 2017 at 10 h 27 min
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    Pour le changement du système, votez pour la VIe République de JLM. Pour une fois notre vote peut être utile !

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