Y’a-t-il un policier pour sauver la Police ?

La police française : un sujet qui revient régulièrement dans les discussions et les débats de tous les jours. Cette police se plaint d’être malmenée par l’opinion publique et en particulier par les jeunes. Est-ce à juste titre ?

Bien sûr, on pourrait passer des jours à visionner des vidéos qui montrent les débordements des forces de l’ordre en manifestation. On ne compte plus les appels à manifester lancés par des collectifs pour dénoncer ces violences policières. Tout comme les victimes atteintes physiquement et moralement par des policiers… Les policiers ? Parle-t-on bien de tous les policiers ?

Dans nombre de commentaires sur Facebook et Twitter, les insultes fusent contre la police. Les gens sont exaspérés face aux injustices. Et dans presque 100 % des cas, un commentateur s’improvise « sauveur » et rétorque qu’il ne faut pas confondre l’institution « Police » et le « Policier ». J’étais moi-même l’un des premiers à tenter de mettre en avant les hommes derrière leurs matraques.

Puis finalement, je me suis interrogé avec les Nuitdeboutistes « modérés » et des citoyens. L’affaire « Théo » nous a tous particulièrement touchés, or dans ce cas précis, on peut se demander où est la police ?

Parce que je veux bien défendre un minimum les « humains » qui sont policiers, mais plus le temps passe, moins je comprends. Les médias ont relayé les soutiens des politiques aux forces de l’ordre. Ils ont donné la parole aux syndicats de Police. Tous ont avoué que la situation était compliquée, que les citoyens devaient comprendre la difficulté d’exercer leur travail au quotidien.

Je veux bien admettre que ce travail est effectivement très compliqué, surtout quand vous n’avez pas le soutien majoritaire de la population. Mais il y a quand même des protagonistes que nous n’avons pas entendus. Ou qu’on n’a pas voulu nous faire entendre.

Ce sont les policiers qui ne cautionnent pas toutes ces dérives : excès de zèle en manifestations, abus de pouvoir, détournement. Où sont ceux qui pourraient nous redonner un minimum confiance envers ce métier, en nous expliquant qu’ils ne sont pas devenus policiers pour ça ? Où sont ceux qui ont juré de protéger les citoyens et qui auraient dû être les premiers à prendre le micro pour dire que ces actes salissent leur honneur et sont à l’opposé du serment qu’ils ont porté ?

Ces policiers-là, nous aurions dû les entendre dès le commencement. Ils auraient dû tous parler clairement pour faire valoir leur position, ce qui nous aurait permis de voir l’humain avant l’institution, et de ne pas généraliser notre haine anti-flic. Comme partout, il existe des abrutis qui déraillent, même dans la Police. L’humain est faillible.

Pourquoi ne les avons-nous pas entendus ? Trois possibilités s’offrent à nous :

  • Les médias et un cercle réduit de politiciens ont orchestré le silence de ces policiers. En disant ça on tombe dans le complotisme de base…
  • Les policiers « normaux » n’ont pas osé parler. La peur des collègues, des sanctions de la hiérarchie, de la perte de leur travail.
  • Il n’y a plus qu’une toute petite tribu de « bons » flics, qui est totalement dominée par les policiers véreux.

Je penche pour le second choix. Car je vous assure que les policiers « normaux » existent : je les ai rencontrés. La question est : comment faire pour qu’ils soient entendus ? Malheureusement, la réponse est quasi unique. Il faut un martyre, un policier qui commence le bal en espérant que d’autres suivront. Il faut qu’ils lancent une sorte de « Nuit Debout » au sein de leurs unités pour « conscientiser » leurs collègues, se réveiller comme nous l’avons fait pour beaucoup sur les places en 2016.

Dans un récent article, un Nuideboutiste expliquait que s’il était policier, il démissionnerait. Je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Je pense que si j’étais flic, je me battrais contre mes collègues qui abusent pour pouvoir remplir ma mission : être garant de la vie en communauté et travailler au service du peuple. Bien évidemment, j’ai le beau rôle derrière mon clavier, mais je n’ai pas choisi d’être policier.

Chers policiers, vous n’avez pas 10 000 façons de ne plus entendre ces slogans « tout le monde déteste la police », ou encore « la police déteste tout le monde », vous devez prendre la parole volée par des extrémistes qui se sont laissés lâchement embarqués dans une crise d’ego et de pouvoir.

Dites-nous tous que vous ne cautionnez pas ces actes. Faites le ménage dans vos rangs. Votre fierté n’en sera que meilleure. Pour pouvoir changer notre monde, je prends position et je pense que nous aurons besoin de la Police, mais pas celle que je vois depuis des années abuser de son pouvoir en oubliant l’essence de leur métier. Nous aurons besoin d’une police qui portera peut-être un autre nom, mais qui aura toujours la même mission : protéger et servir.

La Hulotte Prod, correspondant à Strasbourg pour Gazette Debout

Crédits photos:

  • Police: Aniramsky
  • Manif 14 juin: Raphaël Depret – DR

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