Debout Education Populaire : spécificité du dispositif place de la République

Deuxième article tiré du texte que Debout Education Populaire a présenté le 27 janvier 2017 au colloque du GIS « Les expérimentations démocratiques aujourd’hui ». Il est ici question de la spécificité du dispositif mis en place par la commission à République et les nombreuses interventions qu’il a accueillies.

Concernant les interventions de Debout Education Populaire, elles consistent en un cadre spatial et matériel favorisant la participation de tous ; un espace ouvert sur la place de la République, délimité seulement par des cordes tirées entre des arbres sur lesquelles sont accrochées des affiches faites à la main par l’équipe et/ou par des participants adultes ou enfants lors d’ateliers, présentant notre charte, notre état d’esprit (ex : « Réfléchir c’est déjà désobéir »), des dessins. La place publique a l’intérêt pour nous d’offrir à la fois une grande ouverture et une grande liberté spatio-temporelle. Sur le plan physique, la place de la République est très accessible, et traversée par de nombreux passants. Des personnes déjà sur les lieux participent souvent à notre chantier éphémère en aidant à l’installation (installation des cordes, des affiches, de la bâche par temps de pluie…). Les cordes sont comme des frontières symboliques qui rendent visible aux yeux de tous ce qui s’y fait, permettant ainsi à tout le monde d’assister aux débats et d’y prendre part. Les participants, qu’ils écoutent ou interviennent, peuvent s’asseoir sur la place, ou rester debout, certains sont à vélo, apportent un petit tabouret. Sur le plan temporel, peu de contraintes et la possibilité de déborder sur les horaires si on le souhaite.

Concernant les différents outils mis en place par Debout Education Populaire, je vais vous présenter maintenant le format initial des interventions, qui a perduré jusqu’à l’automne 2016 et reprendra au printemps 2017 (une interruption liée à l’arrivée du froid et au fait de ne pas avoir trouvé de salle pour nous accueillir gratuitement). Il s’agit pour ce format d’interventions de personnes ayant envie de partager un savoir, quel qu’il soit, avec les autres sur la place et d’en discuter. Il suffit pour cela de simplement s’inscrire, soit auprès des membres d’Educ’Pop Debout sur la place, soit sur le site, en proposant un thème de discussion portant sur un savoir-faire, une expérience, une passion, un projet, une idée, une pensée… Nous ne présentons les intervenant/e/s qu’avec leur prénom et pas au nom d’un statut, d’une profession ou d’une compétence particulière. Les intervenant/e/s sont libres de proposer le thème qu’ils/elles souhaitent aborder sans aucune restriction thématique.

Les interventions proposées sont limitées à une heure avec une présentation d’environ vingt minutes par l’intervenant, suivie d’un débat d’une quarantaine de minutes avec les personnes présentes sur l’espace dédié. Ce dispositif permet à la parole de tout un chacun d’être écoutée et de circuler, et d’éviter un schéma trop vertical où l’intervenant laisse peu de place à la parole des auditeurs. L’ensemble des principes qui régissent notre activité a été défini dans une charte, adoptée le 39 mars (8 avril). « Notre fonction est avant tout organisationnelle mais chacun/e de nous reste libre de s’exprimer lors des débats ; le sujet est choisi par l’intervenant/e ; ses propos n’engagent que lui/elle et pas Debout Éducation Populaire. »

Debout Education populaire fonctionne par conséquent et avant tout comme un dispositif ouvert mis à disposition des individus pour s’exprimer, échanger, apprendre (et souvent contester), proposant ainsi plus une forme qu’un contenu contestataire au sein de l’espace public. Une volonté d’être un dispositif démocratique mis à disposition des citoyens qui est clairement mise en avant dans la charte.

Pendant les premiers mois de présence sur la place, les intervenants, participants et membres de la commission étaient très nombreux, permettant une occupation 5 jours sur 7. Au fil des mois, les interventions et volontaires étant moins nombreux, notre mouvement va s’alléger en termes de dispositif et passer à une occupation trois jours par semaine, puis à des interventions limitées au week-end. Les participants sont composés généralement d’habitués, souvent les premiers présents et les plus impliqués dans les débats, d’informés ou de passants sur la place.

Les autres commissions de Nuit Debout viennent aussi y intervenir et témoigner. Le 55 mars (24 avril), le site EducPopDebout.org a été lancé dans le but de rendre accessible au plus grand nombre les interventions enregistrées sur la place et postées sur le site Mixcloud. A ce jour, il référence plus de 250 articles comprenant l’enregistrement de chaque intervention, et les informations qui lui sont liées. Nous avons également recours à Facebook, Twitter et Youtube, à Démosphère, et au Périscope des Reporters Debout pour relayer notre activité et interagir avec le public hors de la place.

En vrac, grâce aussi bien aux intervenant/e/s qu’aux participant/e/s, Debout Education Populaire a ouvert un nouvel espace à la critique du capitalisme, du travail et exploré les alternatives disponibles au système actuel (écologie-décroissance-communs-DIY). On a parlé de figures politiques et intellectuelles, échangé sur des sujets aussi divers que les piratesses, l’art, la psychiatrie, la monnaie, le racisme et l’humour. Sur les questions internationales, on a eu des interventions sur les traités de libre-échange, la domination du dollar, les lobbies pharmaceutiques, l’ONU, la politique dans le Caucase, les crises politiques au Brésil, au Gabon, le conflit israélo-palestinien et un témoignage sur le Kurdistan Syrien. De nombreuses interventions sur les communs, le mouvement des places, les pratiques de la démocratie, les situations révolutionnaires, les modes de vie alternatifs (ZAD, AMAP, LAP) et la Nuit Debout ont également pris une part conséquente au sein de notre programmation.  On a rencontré [provoqué ?] des débats enflammés autour de questions telles que la prostitution, la laïcité ou l’éducation. Nous avons parlé de l’histoire des luttes féministes, du droit à l’avortement et de la question de la violence faite aux femmes. Des questions plus techniques telles que le transhumanisme, le dihydrogène, la géo-ingénierie, la sociocratie, les perturbateurs endocriniens, la blockchain ou le nucléaire ont également été abordés. On a pratiqué la boxe, la philosophie, la pensée complexe, le théâtre, le graphisme… Et bien d’autres choses encore !

 

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