La BNP coupable de crime climatique

« Oh, vous faites un mannequin challenge, je peux participer ? ». Il est à peine 9 h du matin à la lisière du parc des Buttes Chaumont, dans le XIXe arrondissement de Paris. Une vingtaine de Faucheurs de Chaises tournent en effet une vidéo « mannequin challenge », pour retracer les étapes de leur lutte contre l’évasion fiscale. En face, une agence BNP dans laquelle ils pénètrent quelques minutes, le temps de déployer silencieusement leurs banderoles. Un personnage représentant le directeur général de BNP-Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, est symboliquement mis sur le banc des accusés (retrouvez la vidéo de l’action ici).

Les Faucheurs de Chaises, Amis de la Terre et ANV-COP21, reprennent ainsi du service après le procès de Jon Palais à Dax en janvier dernier (retrouvez tous les articles de Gazette Debout à ce sujet). S’ils continuent à dénoncer l’évasion fiscale, ils veulent cette fois mettre l’accent sur les crimes climatiques ainsi que sur la violation des droits humains.

Les Faucheurs Chaises

Ils rappellent que la BNP est la banque française qui finance le plus les énergies fossiles. Le groupe est notamment engagé dans le projet de construction d’un terminal d’exportation de gaz de schiste, Texas LNG, situé dans la vallée du Rio Grande, aux États-Unis. Selon le rapport publié par les Amis de la Terre, ce chantier aurait des conséquences désastreuses non seulement sur l’environnement mais aussi sur la santé des habitants de la région. S’ajoute à cela une atteinte aux droits des peuples autochtones, totalement maintenus à l’écart du projet. Une situation qui rappelle celle du Dakota Access Pipeline, également soutenu par la BNP ainsi que par le Crédit Agricole, la Société Générale et Natixis.

La BNP est encore bien loin des engagements pris lors de la Cop21 : elle avait promis d’arrêter de financer les mines et centrales à charbon. Mais il s’agit d’un double langage pour Lucie Pinson, chargée de campagne des Amis de la Terre France. « La BNP continue de financer des filiales ou entreprises qui elles, sont encore dans le charbon. » Les Faucheurs de Chaises comptent bien poursuivre leurs actions et monter en puissance jusqu’au 11 avril, date du procès de Florent Compain, président des Amis de la Terre, poursuivi par BNP Paribas pour avoir participé à une réquisition citoyenne de chaises à Nancy en novembre 2015. Et si la BNP a décidé de ne pas se porter partie civile, cela n’annule pas le procès et n’entame nullement la détermination des militants. Les collectifs organisent d’ailleurs un rassemblement à Paris, devant le siège de la BNP, pour protester contre l’évasion fiscale. « Depuis le procès de Dax, nous avons crevé un plafond médiatique. Autrefois, nous touchions les gens déjà sensibilisés. Nous sommes passés à une autre échelle, celle du grand public », poursuit Lucie Pinson.

Si les Faucheurs de Chaises intéressent les citoyens, ce n’est pas vraiment le cas des hommes politiques, rares à prendre position sur le sujet, l’évasion fiscale, la transition écologique et sociale n’étant malheureusement pas des axes prioritaires de la campagne électorale. Pourtant, il est urgent d’agir. « Chaque année, ce sont 60 à 80 milliards d’euros qui sont perdus pour les finances publiques à cause de l’évasion et de la fraude fiscales. Il est temps qu’une volonté politique mette un terme à ces pratiques qui nous pénalisent tous, et que l’argent soit investi dans la transition sociale et écologique. Plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées dans des actions de désobéissance civile non violentes avec les Faucheurs de Chaises, et notre détermination ne s’arrêtera pas là », conclut Alma Dufour, d’ANV-COP21.

L.A

Crédits photos:

  • Les Faucheurs Chaises: Les Faucheurs Chaises
  • Les Faucheurs Chaises: Gazette Debout

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