Livre : Nuit Debout et culture assoupie

« Les assis d’aujourd’hui trônent sur l’immobilisme culturel ». Voici ce que dénonce Jean-Marc Adolphe dans son livre Nuit debout et culture assoupie, un véritable pamphlet contre les artistes « plus ou moins renommés et les directrices et directeurs d’institutions culturelles » qui se sont tenus à distance du mouvement né sur les places publiques en mars dernier.

L’auteur est d’autant plus virulent que, même s’il n’a suivi le mouvement qu’à distance, il y a perçu une libération de la parole, un élan de création collective, la réinvention de la démocratie, une poétique de la relation, entre autres. « Parce que nous n’avons plus rien à perdre », précise-t-il.

Le livre commence par l’éloge de Nuit Debout puis s’en prend violemment à Olivier Py, le directeur du festival d’Avignon. Il livre ensuite une analyse fine de la marchandisation et de la privatisation de la culture ainsi que des évolutions du monde du travail, rapports de l’OCDE à l’appui. Jean-Marc Adolphe fait le lien entre la réforme du régime de l’intermittence voulue en 2003, les attaques du patronat contre ce dernier et la loi El Khomri dans un chapitre fort documenté. Il y cite au passage des extraits de Textes Debout « dans le monde El Khomri, les salariés vivent dans la peur (…) le salariat est un rapport social de chantage qui ne laisse le choix que de plier ou de se mettre en danger ».

Mais pourquoi une telle charge contre Olivier Py au démarrage ? Parce que « le Festival d’Avignon ayant été depuis ses débuts un lieu de cristallisation de débats entre art, culture et politique. Dans l’éditorial d’Olivier Py pour l’édition 2016 du festival, que j’ai lu au moment où commençait Nuit Debout, une phrase m’a fait bondir : « Quand la révolution est impossible, il reste le théâtre ». D’où cette question : quand la révolution EST possible, que fait le théâtre ? », répond Jean-Marc Adolphe. Il aurait souhaité que les théâtres ouvrent grand leurs portes à Nuit Debout. Le livre s’achève toutefois sur une note d’espoir et d’optimisme, puisqu’il rend hommage à Orchestre Debout, qui a réussi à démocratiser la musique classique.

Nuit Debout et culture assoupie, par Jean-Marc Adolphe, aux éditions de l’Entretemps, 241p, 15.50 euros. Jean-Marc Adolphe est un journaliste, essayiste et directeur de projets artistiques et culturels. Il est le fondateur de la revue Mouvement.

Magalie. 

 


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