Face à l’islamisme radical : rester debout

L’Institut d’Ethique contemporaine a invité en décembre dernier la journaliste, essayiste et militante contre le fondamentalisme religieux Djemila Benhabib. Elle s’est fait connaître en 2009 avec son premier essai Ma vie à contre-Coran. Elle parcours l’Europe et le Québec pour appeler à un sursaut laïc face à la progression de l’Islam politique. Gazette Debout a posé trois questions à Gérard Vignaux, le président de l’Institut d’Ethique contemporaine, qui a organisé cette conférence.

Gazette Debout : En quoi Djemila Benhabib est-elle une femme debout ?

Gérard Vignaux : Djemila Benhabib est une femme courageuse qui dénonce avec une grande liberté de parole la soumission des femmes par l’islamisme radical. Elle ose parler tout haut malgré les nombreux dangers. J’en veux pour preuve les nombreux procès qu’elle a essuyé au Québec, notamment ceux intentés par un établissement scolaire privé portant le nom d’Écoles musulmanes de Montréal, alors qu’elle dénonçait le voilage des petites filles. Le dernier procès en date lui a coûté près de 100 000 euros car au Québec, où elle réside, les frais d’avocats sont très élevés, mais elle a gagné en première instance. Ses livres, comme Ma vie à contre-Coran, et ses conférences dans l’Europe entière montrent qu’elle ne se contente pas d’une petite vie paisible, malgré les menaces qu’elle subit. Elle dénonce le fait que les femmes n’ont pas de liberté de parole, pas de liberté d’action, pas de liberté sexuelle. Elle dénonce également la progression de cet islamisme radical qu’elle a constaté dans plusieurs pays et maintenant en France où il est encore sous-estimé. Elle dénonce enfin les risques du communautarisme qui tend à appliquer la charia dans les communautés islamistes, menaçant ainsi les lois de la République.

Gazette Debout : Ce mois de janvier marque l’anniversaire des manifestations des 10 et 11 janvier 2015, également appelées « marches républicaines », en réaction aux attentats djihadistes. En quoi étaient-ils le symbole d’une France debout ?

Gérard Vignaux : Il s’agit de manifestations spontanées qui ont eu lieu après les attentats contre Charlie Hebdo. Après ce carnage, on a compté 1,5 millions de manifestants à Paris et 4 à 5 millions dans toute la France. Ils ont défilé dans le plus grand calme et dans le silence absolu, ce qui était impressionnant. Cette fraternisation est un symbole et un rempart important contre le nihilisme et l’absence de repères conduisant à l’islamisme radical. Il n’y a pas tant de moments de fraternisation tels que celui-ci dans la vie. De même, il faut rester debout en continuant à défendre nos valeurs de vie culturelle intense qui ont été attaquées lors des attentats de novembre 2015. Il faut continuer à vivre comme avant, à sortir, aller aux concerts ou en terrasse même s’il faut rester conscient des dangers.

Gazette Debout : En quoi la laïcité permet-elle de rester debout ?

Gérard Vignaux : La laïcité est initialement une valeur très française issue de la Révolution puis de 1905. Elle est un rempart contre les guerres de religions, contre le prosélytisme des intégristes et ne laisse pas de place au communautarisme en véhiculant des valeurs qui doivent s’étendre. Elle permet l’émancipation, l’évolution des mœurs que combattent les religions, elle protège l’espace public et la liberté de conscience. La laïcité signifie que l’État ne peut pas imposer une religion, pas plus qu’il ne peut l’interdire. Une République laïque doit « préserver la sphère publique de tous les communautarismes », comme l’explique l’universitaire spécialiste de laïcité Henri Peña-Ruiz. Il ajoute que « l’espace public ne saurait être une mosaïque de communautés mais un monde de référence des individus citoyens libres de choisir leurs appartenances, ou leurs non-appartenances ». En d’autres termes, elle empêche la tentation d’un retour au tribalisme.

Il est à noter, alors que certains parlent d’un retour du religieux, que nous sommes à un tournant de l’histoire puisque dans de nombreux pays européens la part du religieux dans la société décroît. C’est une première dans l’histoire.

Magalie. 

Crédits photos:

  • 100jours_2_13: Nuit Debout / DR

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