Nuit Debout dans la Revue des Temps Modernes

La très sérieuse Revue des Temps Modernes consacre son dernier numéro à Nuit Debout. On y parle de la naissance du cortège de tête, de l’occupation des places, de la critique de la démocratie radicale, de la commission féministe, des revendications syndicales, de la parole et de la poésie. Bref un ouvrage qui tente une esquisse ethnographique et convoque les grands penseurs, dans un esprit de transversalité.

Pas de vérités sur Nuit Debout, seulement une pluralité de regards.

Les textes réunis ici proviennent d’un appel à contributions passé sur les réseaux sociaux. Les auteurs ont tous participé au mouvement, et pas seulement à Paris comme c’est souvent le cas dans les productions qui touchent au « mars français ». Ceux qui prennent la plume sont philosophes, écrivains, architectes, historiens, vidéastes, sociologues ou poètes. Certains nous font le récit de leur Nuit Debout, d’autres analysent ses rapports à la démocratie ou l’inscrivent dans la pensée de Deleuze, Butler, Rancière, Honneth ou Badiou.

Les voix que l’on retrouve dans ce numéro sont autant de façon d’appréhender Nuit Debout et notre monde. Pour ceux qui y ont participé, y plonger c’est retrouver les sensations de ce printemps sur les places, et pour les autres, c’est mieux comprendre ce que pouvaient bien faire ces gens assis en rond des soirées entières. Si quelques passages sont parfois assez denses, on se laisse facilement emporter par la qualité et le style de ces textes qui, tous, débordent d’informations et de contenus.

Nuit Debout, et après ?

Certains auteurs parlent de la « gueule de bois » qui a suivi la fin de la mobilisation, mais tous soulignent les débouchés, les espoirs et les chemins que Nuit Debout a ouvert. Des réflexions sur de nouvelles façons de lutter, sur des pratiques de la démocratie inédites dans notre pays, sur les liens qui se sont tissés entre des personnes qui ne se connaissaient pas, jalonnent ce 691e numéro des Temps Modernes. On peut pêcher dans ces 14 textes au gré de son envie, échappant ainsi à la lourdeur parfois rencontrée à la lecture d’ouvrages d’une telle qualité.

A la fin de la revue, on trouve quelques reproductions en noir et blanc des graffitis qui ont fleuri sur les murs au printemps dernier. Si on peut regretter la médiocre qualité du grain de l’image, on se réjouit de voir que ces formes d’expression populaire, « cette sagesse des murs », trouve sa place dans l’une des plus anciennes revues intellectuelles françaises.

Ouvrir ce livre, c’est partir à la rencontre des Nuitdeboutistes, revoir leurs sourires et leurs regards tournés vers l’avenir. C’est retracer ce mois de mars infini, ses origines, les coups de tonnerre qu’il a fait retentir dans le ciel gris de la politique. C’est regarder pousser toutes les graines d’espoir que Nuit Debout a semé.

La revue est en vente au prix de 22 euros.

Selyne. 

Crédits photos:

  • Revue Temps Modernes n° 691: Revue Temps Modernes

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