Comment dépolluer son air

Ces derniers temps, on nous a beaucoup parlé – disons plutôt matraqué – avec les problèmes de pollution sur Paris. Il est vrai, hélas, que nous venons de connaître un pic exceptionnel, tant par sa durée que par son intensité. Pour lutter contre ce problème, il a été envisagé l’application de la circulation alternée sur Paris et certaines villes de banlieue. Avec une série d’exceptions, pour ne pas contrarier le bon déroulement de la sacro sainte activité économique. En somme, l’euro avant la santé de la population. Les résultats semble-t-il, ont été très mitigés. Si réduire les émissions de polluants dans l’atmosphère apparaît être une nécessité, il ressort également que c’est insuffisant. Notre atmosphère est déjà saturée en formaldéhydes, dioxyde de carbone, dioxyde d’azote, phénols… la liste est longue et fastidieuse. Alors que pourrions-nous faire pour que notre air soit un peu plus respirable ? Acheter des purificateurs pour la maison ? Parier sur les progrès des nouvelles technologies ? Passer à la voiture électrique ? Passer à la phytoremédiation ? Tiens qu’est-ce donc que la phytoremédiation ?

Il s’agit de la dépollution des sols et de l’eau, de l’épuration ou de l’assainissement de l’air par l’utilisation de plantes, d’algues ou de champignons et par extension des écosystèmes qui supportent ces végétaux. Ainsi, on peut éliminer ou contrôler des contaminations.

Concentrons-nous sur l’habitation. C’est un premier pas individuel assez facile à mettre en œuvre. En général, l’introduction de quelques variétés de plantes plutôt qu’une seule améliore l’efficacité du processus. Plus il y aura d’exemplaires de chacune plus la purification sera optimale. Même l’introduction d’une ou deux plantes contribuera à réduire un peu la pollution de l’air ambiant.

Certaines plantes, telles que les chlorophytums, ont de grandes capacités à absorber les polluants de l’air. Parmi elles : Chlorophytum Comosum peut nettoyer l’air du monoxyde de carbone, du dioxyde d’azote, des méthanals et des xylènes. Des études de la NASA le classe même parmi les plus efficaces dans ce rôle. C’est une plante commune à la croissance rapide, qui s’entretient facilement et se multiplier aisément. La NASA a aussi mis en valeur les capacités du dragonnier de Madagascar (Dracaena marginata) qui absorbe les benzènes, les formaldéhydes et le trichloréthylène. Le dragonnier est assez rustique et aisé à entretenir, il est commun comme plante d’appartement.

A l’autre bout du monde, à New Delhi (Inde), des expérimentations ont montré l’efficacité d’une association de  trois plantes :

  • Le pothos (Epipremnum aureum), capable de dépolluer l’air du monoxyde de carbone, des benzènes, des formaldéhydes et du toluène. Le programme français PHYT’AIR a confirmé son efficacité.
  • La langue de belle mère (Sansevieria trifasciata), capable d’absorber les benzènes et de produire de l’oxygène la nuit. Cette plante peut s’accommoder d’un manque de luminosité et supporte les oublis d’arrosage.
  • Le palmiste multipliant (Dypsis lutescens) qui absorbe le toluène et les xylènes. C’est également un bon humidificateur d’air. Son efficacité en phytoremédiation a aussi été mise en valeur par la NASA.

Ce ne sont que quelques exemples, sélectionnés pour leur commodité d’entretien et la facilité à s’en procurer (achat, bouturage, multiplication végétative…) Il existe bien d’autres plantes adaptées à l’intérieur. D’autres encore sont plus adaptées pour l’extérieur, du jardin au bord des routes. Il y en a même qui peuvent prospérer en ville, comme le lierre grimpant (Hedera helix), un dépollueur des benzènes formaldéhydes et trichloréthylène. Il y a aussi les mousses et les lichens. Si certaines espèces sont très sensibles à la pollution, d’autres sont très résistantes et jouent un rôle majeur dans l’épuration de l’air en filtrant les particules en suspension dans l’air et les eaux de pluies. En la matière leur efficacité est très supérieure à celle des plantes vertes. Ainsi la Sagine couchée (Sagina procumbens) est une mousse typique des rues pavées et des cours d’immeubles. Elle est même capable de se maintenir dans les rues les plus fréquentées de Paris. De son côté, la parmélie des murailles (Xanthoria parietina)  est un lichen cosmopolite que l’on retrouve à peu près partout, aussi bien sur des troncs d’arbres ou des rochers, que sur des surfaces artificielles comme la brique, le béton ou la tuile. La parmélie des murailles est une grande consommatrice des poussières et nitrates.

L’un des efforts permanent pour nettoyer nos villes modernes, le ravalement de façades, est un obstacle au nettoyage de l’air de ces mêmes villes. En effet il élimine systématiquement les mousses et lichens, sans compter le volume important de poussières et micro particules qui est dégagé dans l’air lors de ces travaux. Au contraire, il faudrait repeindre les murs avec ces mêmes mousses et lichens, pratique artistique astucieuse mais hélas bien souvent considérée comme du vandalisme par les autorités, pas de distinguo entre un tag à la bombe et une fresque en mousse.

Concernant le dioxyde de carbone, la meilleure solution, pour ne pas dire la seule, est de multiplier la densité de la végétation urbaine et rurale, en particulier les arbres qui sont de grands consommateurs de CO2. En sélectionnant les espèces, on peut même accroître le potentiel de phytoremédiation. Ainsi le pin noir (Pinus nigra), qui a une grande résistance à la sécheresse, au sel, et à l’ozone, est bien adapté à l’environnement urbain. Il est capable entre autre d’absorber le trichloréthylène et certains dérivés hydrocarbures. L’érable rouge (Acer rubrum), un bel arbre d’ornement au feuillage rouge spectaculaire en automne, a la faculté de bio-accumulateur des radionucléides tels que le césium 137, le strontium 90, le plutonium 238 et donc d’assainir les sols où il pousse. D’autres arbres tels que l’if, les saules, les peupliers et d’autre arbres et plantes peuvent être aussi utilisés pour embellir la ville tout en la protégeant. C’est gagnant/gagnant à tous les niveaux.

Retrouvez quelques-unes de ces plantes et leurs propriétés dans ce catalogue : catalogue-plantes-depolluantes

Bruno, logistique

Crédits photos:

  • ecologie-debout_4: Ecologie Debout – DR

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