Alep : « La pensée survit aux massacres, aux dictateurs »

Samedi 10 décembre, des centaines de personnes se sont retrouvées place de l’Hôtel de Ville à Paris pour manifester contre la guerre en Syrie à l’appel du Collectif pour une Syrie Libre et indépendante. Des militants de Nuit Debout ont filmé une partie des discours. Alors qu’Alep est aujourd’hui noyée sous les bombardements du régime et que des dizaines de milliers de civils sont pris au piège dans la ville, l’artiste Pierre Merejkowsky revient sur cette manifestation du 10 décembre. 

Peut être une centaine de personnes, ou deux cents, ou trois cents. Je ne sais pas.

Trois drapeaux du NPA, deux drapeaux d’Ensemble, des banderoles, des affiches peintes par deux femmes peintres et, face à la tribune, la banderole de l’association Mémorial.

Le représentant du Collectif pour une Syrie Libre et Indépendante demande une minute de silence pour les morts d’Alep. Silence. Des ballons blancs partent à l’assaut du couvercle de particules fines.

Le maire d’Alep Est (tel est mon souvenir), face à la banderole de l’association Mémorial, déclare : « Poutine et Bachar Al Assad n’ont pas gagné la bataille d’Alep. Hitler n’a pas gagné. Car la pensée est éternelle, la pensée ne pourra jamais être exterminée ».

Je répète : Hitler, Poutine, Bachar Assad et tous les dictateurs ne pourront jamais gagner car la pensée survit aux massacres, aux dictateurs.

X me dévisage. Je lui tends la main, bouleversé.

X a vu de ses propres yeux l’apparition dans son quotidien d’une colonne de tanks soviétiques.

Il sait. La pensée survit à la mort.

Raphaël Glucksmann attaque violemment le soutien de Fillon à l’intervention de Poutine en  Syrie.

Pas de huées.

Rage contenue.

A me dit :  Ici c’est l’ONU PS qui nous accueille. C’est-à-dire qu’on peut parler devant la conférence parce que la conférence de l’ONU PS nous a donné l’autorisation de parler. Mais la conférence, elle, est gardée par des gendarmes armés. Pour Rémi Fraisse, la conférence ONU PS devant la mairie de Paris nous ont envoyé des grenades lacrymogènes. »

Y, peut être un militant trotskiste, me demande : « On est combien ? » Puis ajoute : « La tribune, c’est le PS qui l’a installée devant sa mairie. Et naturellement elle suggère d’envoyer des lettres aux élus, de demander l’intervention du Vatican. Le Vatican… N’importe quoi. Faillite du mouvement révolutionnaire. Le courant révolutionnaire devrait exiger que la France accueille sans condition tous les révolutionnaires d’Alep. »

Moi : «Pourquoi le Club Politique Bastille ne publie-t-il pas un texte ? » J’ajoute sans attendre sa réponse : « Vous ne le faites pas parce que vous voulez être les encadrants du peuple révolté, les éducateurs, ceux qui organisent, qui structurent et en ce sens ce qui comptent pour vous c’est le nombre, l’efficacité, pas l’idée. »

X2 me sourit sans répondre.

J’ajoute : « Mémorial du Goulag est Mémorial de la Shoah aujourd’hui est le Mémorial d’Alep. Mémorial d’Alep aujourd’hui est le Mémorial de la Shoah est Mémorial du Goulag. Et tu viens me parler de nombre.  En quoi il est nécessaire d’avoir des messages clairs ? Non délirants ? Et Eric P. il est délirant lui aussi ? »

X2 me demande : « Pourquoi tu sautes toujours d’un sujet à l’autre ? »

A quelques pas du stand d’Amnesty International, lui-même à quelques pas de la tribune du Collectif pour une Syrie Libre et Indépendante. Deux gendarmes en treillis procèdent à l’interpellation de deux Africains.

Le journaliste de l’AFP, dans son micro, demande à un manifestant qu’il pense sans doute être syrien : « Est-ce que, pour vous, c’est important ce qui se passe ici à Paris ? »

Le journaliste de BFM dans son micro demande à un manifestant qu’il pense sans doute être syrien : « Et pour communiquer entre vous, vous faites comment ? Vous passez par internet ? »

Roger Nymo me dit : « Je te dis quand la caméra est prête à tourner. »

Je me tourne vers Jacques Boutault, Maire EELV du IIe arrondissement de Paris (voir la vidéo ici) :

« Raphaël Glucksmann a condamné le soutien de Fillon à Poutine. RSA Production et le GAJE (groupe anarchiste juif expérimental) voudraient savoir si vous condamnez également Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen, qui soutiennent eux aussi l’intervention de Poutine en Syrie. »

Réponse de Boutault : «  Je condamne fermement, comme Yannick Jadot, le soutien de l’intervention de Poutine en Syrie de Fillon, Mélenchon, et le Pen. »

Pierre Merejkowsky

Crédits photos:

  • Manifestation contre la guerre en Syrie: Voltuan-Redde

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