Projet EuropaCity : les partenaires d’Auchan pris dans la tourmente

Alors qu’Auchan doit présenter avant le 13 décembre une nouvelle version du centre commercial récréatif EuropaCity, un projet prévu pour être construit – avec le soutien des pouvoirs publics – sur des terres fertiles à 10 kilomètres au nord de Paris, rien ne semble plus vraiment opérer.

Début décembre, le ministère du Logement a rendu public le rapport du CGEDD sur « l’aménagement de la zone du Grand Bourget ». Après plusieurs rapports déjà très critiques sur l’impact du projet EuropaCity du point de vue de l’environnement et du développement durable, voilà que le premier rapport d’expertise commandé par l’État pour évaluer son opportunité au point de vue économique et social se révèle lui aussi très sévère. Il conclut « que même si le projet EuropaCity revenait à une dimension plus modeste, l’ensemble des problèmes soulevés, notamment lors du débat public, resterait identique. »

En outre, le principal partenaire d’Auchan, le conglomérat chinois Wanda, et l’agence d’architecture lauréate BIG, sont impliqués aillaeurs dans des projets qui sont loin de faire l’unanimité.

Un poison nommé Wanda

Tenue secrète par le groupe Auchan tout au long du débat public, la part du géant de l’immobilier commercial et de loisirs chinois Wanda dans le capital de la société qui porte EuropaCity est de 49,9 %. La société Wanda, dirigée par le multimilliardaire chinois Wang Jianlin, est donc un partenaire presque égal avec le maître d’ouvrage Immochan.

Wang Jianlin déclare vouloir « réaffirmer la force d’influence des Chinois dans le domaine culturel ». Un objectif qui se traduit par des achats de réseaux de salles de cinéma, de sociétés de production, et des investissements massifs dans l’immobilier commercial et de luxe. Immochan vante d’ailleurs l’« expertise et le savoir-faire » de Wanda « en termes de loisirs, d’hôtellerie et de divertissement ».

Pourtant, la réalité est tout autre en Chine même, avec le parc d’attractions de Nanchang, au sud-est du pays, montré du doigt pour sa mauvaise gestion. Quant à son complexe de loisirs dédié au cinéma à Wuhan, au centre de la Chine, il a dû fermer en août dernier après seulement 19 mois d’exploitation en raison de sa faible fréquentation, liée à des installations jugées de mauvaise qualité.

BIG, l’architecte star au service de mauvais projets

Si le groupe Auchan cherche à rester discret sur la participation financière de son principal partenaire, il met en revanche en avant l’architecte danois Bjarke Ingels, fondateur de l’agence BIG.

Présent lors d’une des réunions du débat public à Saint-Denis en mai 2016, Bjarke Ingels a longuement présenté ses autres réalisations, notamment un incinérateur géants pour déchets à Copenhague, qui sera doté sur son toit d’une piste de ski – qui rappelle celle prévue à EuropaCity. Pourtant, selon une enquête diffusée le 21 novembre 2016 sur la chaîne Arte, Bjarke Ingels n’a pas vraiment de quoi pavoiser : cet incinérateur est devenu selon de nombreux observateurs « le plus gros scandale de ces dernières années » au Danemark. Surdimensionné dès sa conception, il obligera les Danois à importer des ordures de l’étranger pour amortir son énorme coût de construction : 560 millions d’euros.

Un éléphant blanc auquel l’architecte star n’a pas hésité à apporter sa contribution, tout comme il revendique de construire EuropaCity, qui dépend d’un milliard d’euros d’argent public pour créer une desserte de transports en commun pour un projet à vocation commerciale.

Le collectif pour le triangle de Gonesse. 

Pour signer la pétition contre Europa City, c’est par ici. 

Pour comprendre pourquoi le projet est un non sens économique, relisez notre précédent article : Pourquoi le Grand Paris n’a pas besoin d’Europa City. 

Crédits photos:

  • Europacity Yann Guillotin: Yann Guillotin

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