Récit des rencontres nationales Nuit Debout

Vendredi 11 novembre, nous étions quelques-uns à partir de Paris pour les rencontres nationales Nuit Debout à Challain-la-Potherie (Maine et Loire), près d’Angers. Il y avait dans ma voiture Gilbert, Daniel et Caroline tandis que François, Alan et Mehdi s’y rendaient en covoiturage.

(Re)prise de contact

Départ de Paris prévu à 9 h, mais Gilbert est en retard d’une heure et demie. Il a confondu Marcadet-Poissonniers et Poissonnière. Puis forte engueulade entre Gilbert et Daniel. Je menace Gilbert de le laisser à Paris. Il se calme. Après pas mal de péripéties (verbales et autres) nous sommes arrivés en fin d’après-midi sur le site, une sorte de ferme avec des bâtiments du XVe siècle tenue par Geneviève, qui vit là avec son stagiaire éducateur social. Elle fait des rencontres et du travail associatif.

On rencontre les autres groupes présents : Nuitdeboutistes de Nantes, Rennes, Niort, Angers, Les Sables, Poitiers, Cholet, Tulle, Brive, Saint-Nazaire. Petite AG le vendredi avant le dîner. On relit l’appel de la Guette avec les enjeux de Nuit Debout. Beau texte. Changer le système ? Redevenir visible ? On critique Paris qui fait ‘chier’ à tout vouloir centraliser/organiser. « On n’a pas besoin de vous, on s’en fout », dit Karel avec son joli sourire. Petite douche rafraîchissante. On fait un tour de chaque ville. Tout le monde se présente, raconte ce qu’il fait. Ce sont des petits collectifs très soudés qui continuent les actions : 10-15-20 personnes dans chaque ville. Plutôt de la bonne humeur, pas d’envie de centralisation ou de choses compliquées. Karel modère tranquillement.

Le soir : soupe dans la grange, reprise de contact. Ceux qui se connaissent de Paimpont se mettent ensemble. Les ND des villes de l’Ouest se connaissent un peu. Il fait froid. On se met dans la pièce de vie de Geneviève. Beaucoup d’ordinateurs sortis. François montre ses pads. On boit des verres. C’est sympa. C’est plutôt sobre. Je suis fatigué. Je finis par m’endormir dans le canapé. Mais comme je ronfle, on me dit d’aller me coucher. Le dortoir est grand, pas chauffé mais plutôt confortable.

Le lendemain, je me réveille tôt. Gilbert lui est debout depuis 4 h du matin. Il m’explique qu’il ne dort pas la nuit. C’est à ce moment qu’il réfléchit. La plupart des autres dorment. Ils ont veillé jusqu’à 4-5 h du mat. Je ne reverrai Daniel que vers 15 h avec de très petits yeux.

On part avec Christophe et Gilbert au village pour aller acheter des clopes. En fait, je veux aussi me prendre un café au chaud et accessoirement utiliser des toilettes normales. Sur place, il n’y a que des toilettes sèches et je n’y suis pas trop habitué.

Lieu la réunion inter Nuits Debout - Challain
Le lieu de la réunion inter Nuits Debout

Au café, Christophe nous raconte son histoire. Il a l’air sympathique. Il est venu directement de son travail le vendredi avec des copains de Nantes. Il est en costard avec des pompes de ville. On lui donne 25 ans. Il en a en fait 40. Il nous raconte qu’il y a 10 ans, il gagnait beaucoup d’argent. Il faisait des choses sur internet avec une histoire de monnaie ou d’échange virtuel, je n’ai pas bien compris. Il voyageait beaucoup avec sa copine car il pouvait travailler partout. Puis il en a eu marre de l’argent (c’est du moins ce qu’il dit). Il trouvait que ça pervertissait tout, les amis, le rapport aux choses, au temps. Alors il a tout plaqué pour vivre de rien. Peut-être qu’il a eu un passage à vide sans le dire. Il s’est mis au RSA et a réduit au maximum ses besoins. Il a vécu longtemps ainsi, peut-être 10 ans. À un moment, il a été emmerdé par l’administration et a perdu son logement. Il s’est retrouvé à Répu avec les sans-logis, puis est reparti sur Nantes. Il y a eu une histoire avec une nana qui l’a quitté, des amis qui l’ont trahi. Il a renoncé. Il est reparti sur Nantes où il a vécu dans des logements type Sonacotra avec des migrants. Il a fini par retrouver du boulot. On a beaucoup parlé logement. Il disait qu’on pouvait faire l’accession à la propriété avec les APL, que c’était con de faire des crédits d’impôts pour que des cadres se paient des appartements secondaires. Je trouvais ça pas intéressant. On le prenait pour un fou, en fait il était vachement intelligent.

Retour au lieu. Atelier collectif de cassage de noix et d’épluchage de potiron pour faire le pâté de noix. Ça a pris des plombes mais c’était sympa. Menu du déjeuner : tartine et soupe.

Ateliers

L’après-midi, on travaille sur plusieurs ateliers : Démocratie/Élections 2017, Coordination/Communication, Alternatives, Réfugiés.

Pour ma part, je suis dans l’atelier Démocratie. Pas mal de monde. On fait le tour de table. Rennes et Nantes ont pas mal avancé sur le sujet. De mon côté, je parle de Jury Citoyen et des 100 propositions. On est tous d’accord pour avancer sur le sujet de la démocratie directe. Au sujet des élections 2017, les avis divergent : vote blanc ou pas, soutien de partis citoyens ou pas. Mehdi parle aussi du projet Campagne Miroir qui est en cours à Paris avec les ND qui ne viennent plus sur la place de la République. Projet intéressant. On définit 4 axes :

1- Fusion des propositions Démocratie Rennes/Paris. Mise en avant des Jurys Citoyens comme proposition phare. Préparation d’un séminaire sur la démocratie fin février à Rennes avec les experts, film (si on peut), présentation des propositions le 31 mars 2017 pour l’anniversaire de ND.

2- Lancement d’un texte fondateur de la démocratie directe écrit par 300 à 1 500 personnes selon un processus défini par Nantes (voir le compte rendu)

3- Faire des présentations (articles) des alternatives aux élections 2017 sans pousser l‘une ou l’autre, dans un esprit d’éducation populaire : Vote blanc, Ma voix, La belle démocratie, Le parti pirate, laprimaire.org…

4- Faire le projet Campagne Miroir : analyser les propositions des candidats et élaborer à la place des alternatives concrètes possibles. C’est Mehdi de Paris qui maîtrise.

À 18 h, restitution. Tout le monde est content. Ça a été productif. Ça redonne des objectifs, une vision à moyen terme à tous les Nuits Debout. Certains trouvent ça un peu mou. Avec Yann de Poitiers, on planifie un atelier « Comment déclencher la révolution, la 2e vague » pour le lendemain. Ça remet un peu d’ambiance. Le soir, re-soupe, pâté de noix et gros pain, vin, bière et autres. Tentative de Mumble dehors avec Mehdi. Un seul mec de Rennes répond. Il n’y a pas foule. Discussion autour du brasero.

Soirée. Caroline est cette fois totalement partie : elle rit avec Karel sans s’arrêter pendant une heure. Discussions. Je vais me coucher tôt…

 

Lendemain, réveil tôt. Certains sont déjà debout. Il fait beau. Soleil. Je fais le café. Discussions. C’est sympa. On n’est plus traités de Parisiens. Moi, on me traite juste de saumon fumé, parce que mon pull est couleur saumon et que le brasero m’envoie plein de fumée dans le visage. Mais c’est quand même sympa.

La réunion inter Nuits Debout
La réunion inter Nuits Debout

Vers 11h, Mehdi nous fait un atelier Sociocratie. On est une dizaine. Il fait ça dans sa boîte. Au début, on se tait pendant 30 secondes et on fixe quelque chose. Ça fait un peu secte mais c’est vrai que ça calme tout le monde. Après, Mehdi explique un peu la méthode. On va définir un mot qui est représentatif de nos tensions, la différence entre ce qui est et ce qui devrait être. Il y a ‘impasse’, ‘injustice’, ‘impatience’ et d’autres. Pour chaque mot, la personne explique son mot (ses maux ?). Puis on fait un tour de clarification sans répondre au problème posé. Enfin, on apporte des réponses sous forme de propositions. À la fin, la personne dit si sa tension est levée ou pas.

L’expérience est très zen. Il n’y a pas de clash. Ça génère une véritable attention des uns envers les autres (résoudre la tension, la tristesse de quelqu’un). On n’a pas résolu le problème global, mais tout le monde se sentait bien.

Déjeuner. Restes de soupe et de pâté de noix. Un peu de vin. Il fait toujours beau. C’est sympa. Je finis par aller aux toilettes sèches. Pas si terrible que ça. Pas d’odeur. On est dans la cheminée derrière une bâche. C’est marrant. Je serai bientôt un vrai militant Nuit Debout.

L’après-midi, Atelier « Comment faire la 2e vague ». On parle de mobilisation citoyenne, de convergence des luttes. Les avis sont partagés. Pour les mobilisations, certains sont dans l’approche ludique, créative, d’autres plus dans le militantisme classique. Et aussi l’éternel débat entre Daniel et Gilbert : lutte ou mobilisation citoyenne ? On finit par convenir que les deux approches sont complémentaires et que chacun va là où il se sent le mieux (voir le compte rendu).

Puis préparation du départ. Petite émotion quand même. On a passé de bons moments. On a créé des liens selon les affinités. On a échangé les numéros de téléphone, les adresses mail. Bien sûr, on attend une liste des participants qui n’arrivera sans doute jamais. On se promet de se rappeler et de faire des projets communs.

Retour à Paris dans la voiture avec Gilbert et Alan. Gilbert conduit et parle beaucoup. Heureusement, Daniel a pris une autre voiture…

Compte rendu officiel du week-end

A.JC

Crédits photos:

  • La ferme où a eu lieu la réunion inter Nuits Debout: Nuit Debout
  • La réunion inter Nuits Debout: Nuit Debout
  • Rencontres inter Nuit Debout: Nuit Debout

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