Ce qu’Olivier Besancenot pense de Nuit Debout

La revue Ballast a publié un entretien fleuve avec Olivier Besancenot (NPA), où il prend le temps de détailler sa pensée, loin des débats dictés par l’actualité médiatique. Un échange très intéressant, où il est souvent question de Nuit Debout, dont l’homme politique a fréquenté les AG. Morceaux choisis.

« Prendre le pouvoir sans se faire prendre par le pouvoir, voilà l’hypothèse stratégique sur laquelle il faut plancher. Ne serait-ce qu’à Nuit Debout, à une moindre échelle, ce type de problématique s’est posé — et vous le savez bien. L’Assemblée générale doit-elle décider de tout, évitant ainsi les récupérations ? Mais si la démocratie meurt au sortir de l’AG et que tu t’interdis toute forme de délégation, même contrôlée, le vide politique créé est occupé par d’autres : en l’absence d’un système pensé et assumé qui permet de désigner des mandataires contrôlables et révocables, des représentants autoproclamés se chargeront de parler au nom d’un mouvement muet. Il faudrait décider à la base le maximum de choses possibles, tout ce qui peut l’être, en acceptant de déléguer à une échelle supérieure uniquement ce qui doit l’être. Et en s’assurant que cette délégation soit contrôlable et révocable par la base à tout instant. Nuit Debout n’est pas parvenu à résoudre ce genre d’équation ».

Olivier Besancenot se dit également ravi que les drapeaux, NPA compris, aient été écartés de la place de la République pendant le mouvement. « Les militants des partis étaient les bienvenus. Sauf à y aller drapeau déployé, ou pour faire son marché, ce qui n’est pas très élégant et en dit déjà beaucoup sur ton projet de société ! »

Il évoque le mouvement Global Debout qui s’est développé spontanément dans les villes du monde entier et plaide pour la convergence des luttes : « il aurait fallu, durant Nuit Debout, interdire de parler d’autre chose que de la loi Travail ? Et la Palestine ? Le droit des femmes ? L’économie politique ? L’écologie ? La cause animale ? Il aurait fallu ne garder qu’une seule commission place de la République ? » Dès lors qu’on parle d’une maison des causes communes, chacun vient avec sa pierre à l’édifice et entend faire partager son combat. Quoi de plus logique ! La question devient donc celle de la convergence, qui n’est pas l’uniformisation qui arrondit les angles ».

Bien entendu, Nuit Debout n’est pas l’élément central de cet entretien. Olivier Besancenot parle aussi de la définition de la République, de son refus de boycotter la présidentielle, de la violence, des rapports de domination sur les plateaux TV. Il évoque la philosophie (surtout Jacques Rancière), ainsi que les raisons pour lesquelles il faut résister à la tentation du repli minoritaire. Bref, un article long mais très complet, qui permet de mieux cerner le personnage.

À lire dans Ballast.

Crédits photos:

  • Olivier Besancenot pour Ballast par Cyrille Choupas: Cyrille Choupas.

Une réaction sur cet article

  • 20 novembre 2016 at 10 h 01 min
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    Pas d’accord avec besancenot. C’est l’inverse il faut depasser la convergence des luttes pour un mouvement revolutionnaire citoyen qui impose le democratie reelle a tous les niveau : politique, economique, ecologique. La rethorique npa ne fait pas masse, meme si dans le fond elle est juste. il changer d’angle…

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