À partir d’aujourd’hui, les femmes ne sont plus payées

À partir de ce lundi 7 novembre à 16h34, c’est comme si les femmes n’étaient plus payées, à poste égal aux hommes.

Le 3 novembre, les Glorieuses, une newsletter féministe, a lancé un appel pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes sur le modèle de celui qui avait largement mobilisé les Islandaises le 24 octobre dernier. 

Cet appel a eu un large écho dans la presse et sur les réseaux sociaux. Mais aucun rassemblement n’étant lancé, les Effronté-e-s, le Collectif national des droits des femmes et les féministes de Nuit Debout Paris République, ont décidé d’organiser celui de Paris. Rapidement, d’autres rendez-vous dans de nombreuses villes en France se sont agrégés, avec comme mot d’ordre : si vous ne trouvez pas de rassemblement près de chez vous, organisez-le ! Comme dans les premiers jours de Nuit Debout, l’engouement a vite pris.
Rassemblements en France. / Carte Anaïs Bourdet
Rassemblements en France. / Carte Selyne-Antoine
Pour autant, ce n’est pas une grève, mais avant tout une action symbolique, tout comme l’horaire du rendez-vous, 16h34. Les rassemblements dureront au-delà afin de permettre aux femmes souhaitant se réunir de rejoindre les places et d’échanger.
Si la grève dans les services publics est soumise à déclaration préalable, la situation peut être différente dans le privé. Selon Eva Touboul Cohen, avocate en droit du travail interrogée par Le Figaro Madame, quelques précautions sont à prendre si vous souhaitez cesser le travail aujourd’hui à 16h34. Quitter son poste sans prévenir vous expose en effet à une « absence injustifiée », voire à un « abandon de poste ». En revanche, explique l’avocate, si vous prévenez votre employeur pour signifier votre absence et sa raison, votre geste peut s’associer au droit de grève garantit par la Constitution. D’autant que l’appel du collectif Les Glorieuses y serait éligible, d’après elle. « C’est une cessation collective et concertée du travail portant sur une revendication professionnelle commune, ici les discriminations salariales hommes-femmes », rapporte Eva Touboul Cohen. À Paris, un contact a été pris avec des avocats qui pourront aider si besoin et pourquoi pas lancer une caisse pour soutenir celles-ceux qui auraient des problèmes. 
Vous ne pouvez pas venir ? Montrez votre soutien en ligne ! Pour celles et ceux qui ne pourront pas quitter leur poste, des opérations en ligne pour faire du bruit et soutenir cette revendication seront tout aussi efficaces ! Le rendez-vous place de la République à Paris sera retransmis en direct sur la page Facebook de Nuit Debout Paris et via Periscope, à retrouver sur le compte Twitter de Nuit Debout Paris
Par ailleurs, nous incitons toutes et tous les volontaires à tweeter, poster et relayer les informations de ces rendez-vous, avec #7Novembre16h34.
À 16h34, sans quitter son travail, il sera donc possible de faire une pause symbolique (une pause café pour discuter de l’égalité avec vos collègues par exemple), de se prendre en photo avec un slogan sur un papier pour le diffuser sur les réseaux sociaux. Il est aussi possible de placarder les visuels de l’action dans les espaces d’affichage de l’entreprise ou les espaces communs. Soyez créatif-ve-s !
Et Messieurs, si ce rassemblement est avant tout féminin, votre présence en soutien est importante. Vous pourriez par exemple apporter des thermos de café sur les lieux de rassemblement, ou vous occuper des enfants qui seraient là pour permettre à leur mère de participer. 
La Une de Libération du 7 novembre 2016.
La Une de Libération du 7 novembre 2016.
La partie émergée de l’iceberg.
Pour rappel, cette inégalité salariale injustifiée à poste égal entre hommes et femmes n’est que la partie émergée d’un iceberg de difficultés rencontrées par les femmes. Bien d’autres situations précèdent cette injustice et révèlent les obstacles rencontrés par les femmes dans leur quotidien et tout au long de leur vie professionnelle. Si les chiffres sont innombrables et changeants selon les barèmes des organismes, voici quelques éléments pour nourrir votre argumentation. 
Bien que le plus grand nombre des diplômés soient en réalité des diplômées, on rencontre moins fréquemment des femmes installées aux sommets des hiérarchies. Elles sont au contraire plus nombreuses à occuper les postes les moins protégés, en termes de droits et, souvent, de conditions matérielles. Après avoir travaillé dans des conditions plus difficiles, souvent de façon discontinue, elles toucheront une retraite moins élevée.
A tout moment de leur parcours professionnel, et souvent bien avant leur entrée sur le marché du travail, les femmes se voient rappeler qu’une « carrière de femme »  ne saurait être une carrière salariée normale.
La responsabilité des enfants et du foyer est encore essentiellement assumée par les femmes.  Les congés maternités bien que totalement protégés par la loi restent mal perçus voire sanctionnés de fait. 
Si l’on ajoute que seules 10 % des mères peuvent avoir accès à une place en crèche, on comprend qu’elles sont poussées à « choisir » le temps partiel comme seul compromis possible, si tant est qu’elles ne cessent pas purement et simplement leur activité, le salaire du conjoint s’avérant le plus élevé, le mieux assuré et le plus dur à sacrifier.  Ainsi en 2015, le « choix » du temps partiel s’élevait à 30,4 % des femmes contre 8 % des hommes, selon l’Insee.
Par ailleurs, le travail non rémunéré que représentent les tâches domestiques reste surtout assuré par les femmes. Elles passent en moyenne trois heures et demi par jour à gérer les travaux domestiques contre deux heures pour les hommes, toujours selon l’Insee en 2005.
Tout au long de ces parcours en dents de scie, les femmes se verront « remises » à leur place mal assurée par toute une série de comportements, à commencer par l’ignorance pure et simple, mais aussi les harcèlements, les propos déplacés et les jugements dépréciateurs de leurs compétences et de leur travail.
Les femmes touchent une pension de retraite inférieure de 42 % à celle des hommes en moyenne. L’Observatoire des inégalités avance deux explications : elles sont en moyenne moins bien payées que les hommes et beaucoup ont des carrières « incomplètes », notamment à cause de la maternité.
Pour dénoncer ces injustices, rejoignez les cortèges un peu partout en France et suivez les comptes Facebook de Nuit Debout Paris et  Twitter de Nuit Debout Paris avec le hashtag #7Novembre16h34.
La commission féministe de Nuit Debout Paris.

Crédits photos:

  • La Une de Libération du 7 novembre 2016.: Libération
  • Femmes – salaires: Crédit Anaïs Bourdet

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