« Ce matin, à Paris, j’ai assisté à ma première rafle »

Paris, le 10 Octobre 2016 – Ce matin, à Paris, j’ai assisté à ma première rafle.

Il semblerait que les services de la préfecture de police organisent dans les rues de Paris de très médiatiques « mises à l’abri humanitaires » des personnes exilées d’un coté, et de l’autre, de plus discrètes rafles silencieuses, loin des journalistes.

Ce matin avenue de Flandre, à quelques mètres de la sortie du métro Stalingrad, des policiers en uniforme ont encerclé plusieurs dizaines de personnes, leur demandant de se rassembler sur un côté de l’avenue, annonçant qu’ils allaient être emmenés en « centre d’accueil ». Une fois ces personnes « nassées » sur le trottoir, deux bus sont arrivés, et des policiers en civil ont procédé à un tri, orientant vers ces bus tous ceux qui ne pouvaient pas présenter de « papiers ».

Tout cela s’est passé dans le calme. Sans aucune violence physique. Il s’agissait d’une banale opération de police. Beaucoup trop banale. Les bus sont partis, les services de la propreté de la ville de Paris ont rasé le campement d’infortune où de très nombreuses personnes survivent jour après jour, nuit après nuit, et qui quelques heures plus tard était déjà reconstitué.

Où ces personnes ont-elles été emmenées ? Au commissariat, dans un « centre d’accueil », ou dans un « centre de rétention administrative » ? Ont-elles eu l’occasion de déposer une demande d’asile, ou se sont-elles vu notifier une obligation de quitter le territoire français ? Seront-elles libérées ou feront-elles l’objet d’une mesure administrative d’éloignement ? J’aimerais obtenir expressément une réponse à toutes ces questions.

À tous ceux qui s’opposent à une « régularisation » générale de tous les sans-papiers présents sur le territoire français, je pose la question suivante : l’État compte-t-il un jour se donner les moyens de traiter chaque situation « au cas par cas » (et serait-il alors plus juste d’expulser les personnes qui risquent de mourir de faim ou celles qui risquent de mourir persécutées), ou laissera-t-il ad mortem aeternam l’arbitraire l’emporter sur le droit (de chacun à vivre libre) ?

In memoriam Elanchelvan Rajendram et tous nos frères humains (r)envoyés à la mort au nom de la nation française

Alexandre CHARLET, acteur.

Crédits photos:

  • Un exilé dort dans un lit d’enfant dans la jungle de Stalingrad.: Nicolas - DR

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