Debout à Vélo #1: de Montauban à Toulouse

Faire le tour des Nuits Debout de France à vélo. Voici le projet de plusieurs Deboutistes parisiens qui sont partis cet été à la rencontre de leurs homologues du sud de France. Comment fonctionnent les Nuits Debout en région ? Quelles sont les thématiques leurs sont chères ? Quelles sont leurs mobilisations, leurs actions passées et futures ? Comment mieux se coordonner avec elles ? Leur redistribuer la visibilité médiatique ? Quels sont les outils pour rester en contact et tisser de nouveaux liens ? Autant de questions qui ont guidé les route et les discussions des Deboutistes à vélo. Aujourd’hui, voici le récit de leur passage à Montauban et Toulouse. Bonne expédition !

Vélo Debout à Montauban.
Vélo Debout à Montauban.

MONTAUBAN – 14/08 

Nous sommes le 14 août, c’est enfin le top départ de ce périple à travers le sud de la France. 7h du matin, nous nous préparons doucement à quitter le camp climat avec Manon et Mehdi, où nous avons passé des journées riches en rencontres, en apprentissage. Un bonheur pur et simple.

Notre train est à 11h, Manon part à vélo une heure à l’avance mais, perdue entre la gare de Monsempron-Libos et Espère, cette avance ne lui suffira pas. Nous ratons le train et l’attendons.

18h, après cinq longues heures de trajet en train et de changements en folie, un “ouf, on est arrivés” m’échappe. A ce moment là,  nous n’avons qu’une seule envie : nous asseoir pour boire un verre !

Nous partons donc à la rencontre des Deboutistes montalbanais.es et nous asseyons en  compagnie d’Anne-Marie, Serge, Brice et Audrey pour boire un thé à la menthe sur la Place nationale. A cette occasion nous rejoignent Thomas, Pavel, Valentin et Camille participant.e.s aux cafés citoyens albigeois et toulousains.

La discussion commence sur un retour d’expérience de la part des Deboutistes montalbanais.es. Audrey nous confie qu’à ses débuts, nuit debout Montauban réunissait jusqu’à 150 personnes, mais aujourd’hui, l’effectif s’est réduit à un noyau dur d’une dizaine de personnes. Pour autant, ce groupe a confiance en sa capacité à re-mobiliser sur des enjeux locaux dans un premier temps, et pourquoi pas plus tard penser à une coordination nationale. A l’échelle locale, Anne-Marie nous explique en détails le combat contre la privatisation des maisons de retraites de la ville. Elle pense que cela sera l’une des action cruciale de leur rentrée. Autres sujets non moins importants qui déchaînent les passions : la lutte des classes et les conditions de travail. Ce petit groupe, rempli d’énergie et fervent partisan de la convergence des luttes, montre une sensibilité sincère concernant ces deux sujets. Ils sont particulièrement convaincus qu’un monde meilleur n’apparaîtra que lorsque la classe opprimée prendra conscience qu’elle existe en tant que groupe et qu’elle dispose d’une capacité d’action en commun allant à l’encontre des intérêts de ceux qui l’opprime.

Nous nous quittons difficilement un peu avant minuit, contents de s’être rencontrés et d’avoir discuté. Sur le chemin du retour, je discute avec Manon et nous comprenons rapidement que les aurevoirs quotidiens vont être compliqués.

Vélo Debout à Toulouse.
Vélo Debout à Toulouse.

TOULOUSE – 15/08 

Après 80km le long du verdoyant et apaisant Canal du Midi, nous arrivons à Toulouse. Le lieu historique d’assemblée de Nuit Debout se trouve sur la célèbre place du Capitole. Mais, quand les participants ont envie de discuter tout en admirant un beau coucher de soleil à l’abri de la chaleur, ils se rendent place de la Daurade. Près de 400 personnes se rassemblent régulièrement autour de sujets divers : la démocratie, la parité homme/femme, la santé, l’action, le temps long. Les mardis thématiques sont notamment l’occasion de traiter plus en profondeur de certains sujets. Fort de sa régularité, Nuit Debout Toulouse a développé des modes de fonctionnement particulièrement intéressants. Ainsi, chaque soir débute par une assemblée de parole libre, qui se divise ensuite en petits groupes d’ateliers ou commissions thématiques. Pendant une ou deux heures, ces groupes creusent un sujet, puis reviennent en assemblée de restitution. Les assemblées de paroles libres sont un moment privilégié « pour prendre conscience des problématiques de la région, et des personnes », nous raconte un Deboutiste toulousain. Toulouse a également mis en place un cadre d’assemblée visant à faciliter la parité dans les prises de parole. Lorsque trois prises de paroles masculines se sont suivies sans qu’aucune femme ne se soit manifestée, une intervention du modérateur le signale à l’assemblée et l’interrompt temporairement pour inviter une femme à s’exprimer, dans le but d’aplanir progressivement les schémas de domination. Un signe pour la résolution de conflits – les deux mains entrelacées – invite les gens visiblement en désaccord et ayant besoin d’un temps de discussion plus poussé à résoudre leur conflit ensemble, hors de l’assemblée.

Ce soir, nous sommes presque une quarantaine, dont Leïla, Clélia, Simon, Siham, Pavel, Bernard, Tom, Tristan et Florian. Nous apprenons au fil de la discussion que ND Toulouse a également mis en place un journal. Un processus de vote, « une structure de fond nécessaire » pour Simon, a par ailleurs été développée. Comme à Paris, ce travail a mené à certaines observations telles que l’absence de nécessité de voter pour tout. Pour l’un des participants, l’un des enjeux majeurs de ND est de rendre lisibles nos modes de fonctionnements autant que nos outils.

Vélo Debout à Toulouse
Vélo Debout à Toulouse

Pour certains Toulousains Debout, ND a vu de nombreuses personnes venir reprendre un nouveau souffle, se connecter, reprendre et se réapproprier l’espace public, développer leur esprit critique. Mais également agir au local, changer les pratiques et se coordonner. Pour d’autres, le dénominateur commun entre tous serait la volonté de « pouvoir au peuple », de s’unir dans l’agir au local. La soirée avançant, nous nous séparons avec une question en suspens : comment créer les points d’impossible – points où on dit que l’on ne peut pas continuer comme ça – pour une mobilisation de celles et ceux qui ne se lèvent pas encore ?

Nuit Debout Toulouse a initié, rejoint et s’est mobilisée lors de nombreuses dates et actions. Parmi elle, une intervention pour le blocage d’un festival privatisé financé par la banque Populaire, la rédaction d’un manifeste, les manifestations contre la loi travail, ou encore l’accueil de Manuel Valls.

Nuit Debout Toulouse a fait sa rentrée le 6 septembre sur la place du Capitole, motivée et pleine d’idée, elle n’attend que vous.

Juliette et Manon Debout pour Vélo Debout.

Retrouvez les autres villes traversées par l’équipe de Vélo Debout dans Gazette Debout.

Crédits photos:

  • velo-debout-toulouse: Vélo Debout - DR

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