Le 8 octobre, carnavalons contre leur monde !

Le 8 octobre, des personnes venues de toute la France se retrouveront à Notre-Dame-des-Landes y planter leurs bâtons. Le 8 octobre, partout en France, des personnes ne pourront pas faire le déplacement, et se languiront. Qu’à cela ne tienne, ne restons pas inactifs ! Parce que le projet d’aéroport et tout ce qu’il véhicule concerne tous le pays, partout nous devons montrer notre soutien. Plutôt qu’une énième manifestation, nous vous proposons un carnaval (karnaj’val pour les intimes) festif et revendicatif.

Pourquoi un carnaval ? Parce que ce qui se joue à Notre-Dame-des-Landes, c’est avant tout la lutte de tout ce qui vit face à la pulsion de mort des industriels. Parce que vivre, c’est bien sûr lutter pour affirmer sa forme-de-vie, mais c’est aussi faire la fête ! « Carnavaler », c’est montrer ce pour quoi nous nous battons : la possibilité de vivre nos vies comme nous l’entendons, y compris dans un espace public qui se militarise (vidéo-surveillance, police, escouades vigipirates). Nous ne laisserons pas la rue au gouvernement, nous ne laisserons plus la rue à l’invasion marchande. La rue est à nous, nous y faisons ce que nous voulons. Et si nous avons envie de mettre le « z’beul » toute la soirée en défilant déguisé-es et en criant notre haine du système politico-économique, les chiens de garde de Manuel ne sauraient nous en empêcher.

Le carnaval est le souci de l’esthétique dans la lutte. Nous avons tou-tes expérimenté-es la joie débordante d’attaquer les symboles publics de la domination marchande. Pubs, banques, assurances, agences immobilières, sont entre autre nos cibles et ont subi les impacts de notre colère depuis 6 mois. Mais nous sommes nombreux-ses à être tiraillés entre l’extase d’abattre ces symboles qui marquent au fer l’espace public, et la peur qu’instille chez nos concitoyen-nes la vue de groupes cagoulés, tout de noir vêtus, brisant à coup de masses les vitrines de leurs quartiers. Le carnaval permet de conserver un haut degré de radicalité au sein d’un environnement haut en couleur, attirant, merveilleux. Le carnaval est aussi un moyen de combattre notre « essentialisation » rampante, en montrant que nos identités et nos modes d’action sont fluides et divers, en montrant que notre combat est celui pour une société plus libre, plus folle, plus vivante.

Le 15 septembre, j’étais interpellé à Montpellier et accusé, entre autres, de « dissimulation du visage sans motif légitime ». « Un motif légitime, me dit l’officier de PJ, c’est par exemple un carnaval. » Mon garçon, nous te prenons au mot. Le carnaval, c’est la tentative d’anonymat qui prend à contre-pied la stratégie habituelle. Tou-tes déguisé-es et barriolé-es, nos traits deviennent méconnaissables, et nous sommes autant dilués dans la foule des couleurs que lorsque nous sommes tou-tes en noir. L’esthétique rajoute alors un petit quelque chose. Il est assez facile de montrer des images de flics tabassant des encagoulé-es en noir : la majorité de la population prendra ces encagoulé-es pour des hooligans, des « casseurs », et jugeront l’intervention policière justifiée. Mais imaginez un peu la gueule des vidéos si les flics attaquent un carnaval ! Un pandore matraquant Bob l’éponge en talon haut, ça ne fait quand même pas le même effet. Ce décalage immédiatement risible entre des bandes paramilitaires caparaçonnées d’un côté, et une foule exubérante de l’autre, ne peut que frapper le citoyen, et l’inciter à réfléchir sur la militarisation de la réponse à la contestation sociale.

Le carnaval a l’effet qu’une manifestation n’aura jamais : il a la capacité d’entraîner à sa suite des personnes qui n’étaient pas au courant, qui ne sont pas politisé-es, et qui ont seulement croisé le cortège. En ce sens, il est un outil de propagande, à destination de toutes celles et ceux qui ne luttent pas (encore). Mais c’est aussi un formidable outil pour nous-mêmes, à destination des copains et des copines. Le carnaval permet de retrouver, au moins pour quelques heures, l’excitation, l’exubérance, la joie folle qui nous ont accompagné ce printemps. Pétards, fumigènes, feu d’artifice, confettis : tout est bon pour renverser les codes de l’espace public, et s’émerveiller de ce qu’on peut faire ensemble. Pour vous en donner un avant-goût, je vous conseille fortement le visionnage de cette vidéo :

A Montpellier, le 8 octobre, nous rassemblerons plusieurs centaines de personnes sur la Comédie, et nous partirons pour plusieurs heures de déambulation festive et offensive. Nous invitons toutes les villes de France à faire de même, à se déguiser, à sortir et à prendre la rue, contre la Loi Travail que nous n’avons pas oublié, contre l’État d’Urgence que nous subissons toujours, et bien sûr en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Profitons de ce que le gouvernement a le regard fixé sur Nantes pour réaffirmer sauvagement notre présence dans l’espace public. Si nous nous y mettons tou-tes, ils n’auront certainement pas assez de lacrymo pour tout le monde !

Fred

Cet article est une proposition de Art Debout, dont vous pouvez retrouver toutes les publications sur leur site internet. 

Crédits photos:

  • 100jours_2_07: Nuit Debout / DR

NG

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