Comment organiser la convergence des médias indépendants ?

Parce que l’union fait la force, six médias indépendants se sont retrouvés à la Fête de l’Humanité le 9 septembre dernier, lors d’une conférence organisée par Nuit Debout.

Sylvain Laporte de Fakir, Caroline Constant de l’Humanité, Stéphane Lambert d’Osons Causer, Tatiana Jarzabek du Fil d’Actu, Judith Bernard de Hors Série, et Laury-Anne de Gazette Debout ont échangé sur les moyens de mutualiser leurs efforts pour devenir un véritable contre-pouvoir.

Beaucoup qualifient ces médias papiers ou en ligne de presse alternative. Un terme remis en question par Tatiana Jarzabek, l’un des visages du Fil d’actu, un JT engagé qui veut redonner du sens à l’information.

« Se définir comme alternatifs revient à nous considérer comme des marginaux. Or, nous ne sommes pas un média alternatif. Nous somme un média tout court ». Le fil d’Actu, qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles, ne cherche pas à s’adresser à des internautes convaincus mais veut au contraire toucher le plus large public possible.

Sylvain Laporte de Fakir estime qu’on pourrait utiliser le terme de presse indépendante, histoire d’insister sur l’autonomie face aux grands groupes financiers qui contrôlent aujourd’hui la plupart des médias français. 

« Nous sommes un archipel, nous sommes divisés comme toute la gauche radicale. Nous devons travailler ensemble tout en conservant notre singularité, sans réduire nos différences politiques précieuses », estime Judith Bernard de Hors-Série. Ce média en ligne est dédié aux entretiens filmés avec des personnalités artistiques ou intellectuelles. Il compte déjà 4000 abonnés.

Il a été l’un des premiers à travailler pour la convergence en participant au portail La Presse Libre qui propose un bouquet d’abonnements à plusieurs journaux en ligne. (Next Impact, Les Jours, Arrêt sur Images, Gamekult et Nolife)

Une plateforme qui permet de rassembler ses forces afin d’offrir au lecteur une proposition éditoriale puissante et variée. « Il faut chercher à converger sur le plan éditorial sans pour autant s’appauvrir sur le plan politique », renchérit Judith Bernard.

La Presse Libre est ouvert à tous, mais le plus célèbre des médias indépendants, Mediapart, n’a pas souhaité participer au projet. Forts de ses 120 000 abonnés, il n’a plus vraiment besoin d’alliés.

Mais si Mediapart gagne de l’argent, c’est encore loin d’être le cas pour la plupart des autres médias indépendants et engagés, ceci malgré les aides et subventions diverses.

Caroline Constant, journaliste à l’Humanité, tient d’ailleurs à remettre les pendules à l’heure.

« On dit que nous sommes le journal le plus aidé au numéro. Mais nous touchons au total 3,5 millions d’euros d’aides par an, contre 15 millions d’euros pour le Monde et 18 millions d’euros pour le Figaro. On-t-il réellement besoin de cet argent ? ».

Sylvain Laporte rappelle l’Amendement Charb adopté en février dernier par le Sénat. Il prévoit des réductions d’impôts de 30% à 50% pour les particuliers qui veulent souscrire au capital d’une entreprise de presse.

Le journal de Merci Patron vient d’ailleurs de toucher ses premières subventions grâce à cet amendement. L’amélioration de sa situation financière lui permet d’envisager de soutenir certains confrères attaqués judiciairement, à la suite d’enquêtes dérangeantes sur les édiles locales.

Sylvain Laporte rappelle le cas de La Brique, un journal local de critique sociale  attaqué par la mairie de Lille pour avoir vendu ses numéros à la criée sur les marchés.

Autre exemple, le journal grenoblois Le Postillon attaqué en diffamation par Christophe Ferrari, le président de la métropole, suite à la publication d’un article en décembre 2015 qui dénonçait le « système de défiance et de surveillance généralisée » que l’élu aurait mis en place.

Mais au-delà du financement, ce qui importe avant tout c’est de se soutenir, de se serrer les coudes, d’échanger des informations, de faire des revues de presse les uns des autres, ou encore de se réunir au sein d’un réseau social comme celui que vient de créer l’Humanité. (Cerise) 

Pour favoriser les liens, Stéphane Lambert d’Osons Causer, la chaîne Youtube qui décrypte l’actualité politique et sociale, propose d’organiser des évènements pour « se croiser dans le réel et favoriser les échanges d’informations ». Il plaide aussi pour la mise en place de campagnes coordonnées, à l’image de #onvautmieuxqueca, un hastag de protestation contre la loi travail lancé par plusieurs youtubeurs et devenu viral.

« Il faut mettre en place une stratégie pour partager le même contenu au même moment, histoire de déjouer les algorithmes des réseaux sociaux et de faire émerger le sujet », poursuit Stéphane Lambert .

Des idées pour favoriser la convergence des médias indépendants qui reste encore embryonnaire.

Retrouvez la vidéo de cette conférence sur Youtube.

Crédits photos:

  • Un débat sur les médias indépendants sur le stand de Nuit Debout à la Fête de l’Humanité: Nuit Debout -DR

2 réactions sur cet article

  • 12 octobre 2016 at 0 h 50 min
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    Tout cela me fait un peu penser à Rezo.net « le portail des copains » ; vous connaissez ?

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    • 12 octobre 2016 at 14 h 20 min
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      Bonjour Simon, je connais un peu ce site, mais si vous avez des contacts à me donner, je veux bien être mise en relation. Merci 🙂

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