Construire une grève sociale transnationale

La plateforme « Transnational Social Strike Platform » est un processus politique impliquant des groupes, des travailleurs et des syndicats à travers l’Europe et au-delà vers un objectif commun. Ses membres organisent une réunion les 21, 22 et 23 octobre à Paris, pour discuter de la façon de faire revivre à plus grande échelle la lutte contre la loi travail et son monde. Les commissions Economie Politique et Grève Générale de Nuit Debout participent à l’évènement.

L’approbation de la loi travail et l’autoritarisme du gouvernement n’arrêtent pas le mouvement français. Ce mouvement vise haut : non seulement lutter contre la législation nationale, mais aussi contre son «monde», c’est à dire la précarisation de la vie et du travail et l’impuissance qu’il impose sur l’avenir des pauvres, des migrants, des travailleurs et des étudiants. Le défi est maintenant de continuer à pousser en avant la lutte contre ce monde.

Il faut faire en sorte de ne pas perdre le potentiel de révolte qui s’exprime dans les rues, les lieux de travail, les écoles et les lieux de culture. Nous devons apporter une continuité à ce mouvement qui a fait que les grèves dans les lieux du travail puissent tendre vers la direction de grèves sociales de masse, avec les mobilisations, les occupations, le rejet généralisé de l’insécurité sociale là où elle se produit. Nous devons continuer d’établir des connexions entre les figures du travail désormais fragmentées afin que cette connexion et ce refus s’étendent.

Nous croyons que cette reprise doit également être effectuée au-delà des frontières françaises, en construisant des connexions transnationales. Suite à cette loi travail qui a été imposée de force, on peut constater que désormais aussi, les conditions matérielles d’exploitation et de précarité tendent à nous rapprocher des conditions d’exploitation de l’ouvrier polonais, l’ouvrier espagnol, du migrant qui vient de traverser les Balkans, des précaires allemands, britanniques, et italiens. Nous devons contrer la logique de précarisation, de division et de compétition qu’ils souhaitent nous imposer. Il est temps de créer les conditions de contrer cette précarisation, de faire que cette “égalité de traitement” des populations et des travailleurs en Europe devienne une force capable d’attaquer ceux qui  précarisent toujours plus. Nous faisons le constat qu’une lutte nationale ne peut suffire, afin de  maintenir ce que la loi travail détruit. Loi El Khomri en France, lois Hartz en Allemagne, Job Act en Italie, loi Peeters en Belgique, les offensives contre le droit des travailleurs, des chômeurs et des intermittents se déploient dans toute l’Europe.  Nous devons inverser le mécanisme selon lequel une conquête pour quelques uns devient une perte pour beaucoup d’autres.

Ce qui se passe en France est sans précédent. Le rejet de la subordination aux salaires et aux employeurs ont été les points  autour desquels se sont  concentrées les luttes. Pour une démocratie matérielle et directe ; contre la répression policière qui a fortement affecté les cortèges, qu’ils soient de tête ou syndicaux,  contre le caractère répressif de l’état d’urgence. Des connexions inédites ont été possibles car il a été clair pour beaucoup qu’une lutte pour une meilleure démocratie doit se confronter à la fausse alternative entre précarité et chômage et l’idée même qu’il s’agit de la seule possible. Autour de la grève qui fut aussi un rejet de la “disponibilité” à tout prix au travail dans le but de “mieux exploiter”,  des connexions entre migrants, travailleurs précaires, étudiants et chômeurs ont été expérimentées afin de chercher à surmonter les divisions existantes. La lutte a été aussi en mesure de s’attaquer aux chaînes de valeur et de profit, de bloquer des usines dans de nombreux endroits et ainsi, de perturber l’activité sociale quotidienne. Pour lutter contre la loi travail et son monde la grève doit être en même temps sociale, logistique et métropolitaine.

Le défi auquel nous devons faire face aujourd’hui est de relancer le pouvoir politique de la grève et des convergences des luttes au niveau transnational. La Plate-forme TSS, réseau transnational de travailleurs, de militants et de syndicalistes qui s’organisent pour construire l’opposition transnationale à la constitution européenne néolibérale, est un espace dans lequel doit pouvoir s’amplifier et s’étendre la convergence des expériences des pratiques de luttes de ces derniers mois en France. La Plate-forme TSS doit devenir un espace d’organisation où les différentes conditions de précarité pourront aider à construire un discours commun capable de s’affirmer en tant que référence pour des millions de femmes et d’hommes qui luttent quotidiennement contre la précarité. La Plate-forme TSS c’est l’espace où pouvoir partager l’expérience de lutte de ces derniers mois en France avec toute l’Europe et au delà de l’Europe. C’est viser une mobilisation transnationale à l’intérieur et à l’extérieur des lieux du travail, pour avancer ensemble vers un soulèvement transnational du travail vivant. C’est notre  seule chance de faire que le signal de révolte des villes françaises qui a touché tous les précaires, les migrants et les travailleurs en Europe et au-delà de l’Europe, se traduise en pouvoir réel. La grève sociale française peut et doit devenir une grève sociale transnationale.

Pour ces raison, après la grosse mobilisation du 15 septembre qui à réuni tout le monde pour une nouvelle saison de luttes, nous pensons que la réunion du 21, 22, 23 octobre à Paris, organisée par la Plate-forme TSS, sera l’occasion de discuter de la façon de faire revivre à plus grande échelle la lutte contre la loi travail et son monde.

Assemblée TSS France

Pour signer l’appel (individuellement ou en tant que groupe) envoyer un mail à l’adresse : tssfrance@autistici.org

Pour plus d’informations à propos du meeting du TSS sur le site internet  ou par mail : info.transnationalstrike@autistici.org

Crédits photos:

  • Manif 5 juillet – barrage: Alan Tréard / DR

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