Chroniques de Stalingrad : les dangers de la jungle

Depuis trois semaines, Mickaël, un Nuitdeboutiste engagé auprès des réfugiés, campe avec eux à Stalingrad, le « Calais » parisien. Il est au premier plan pour rendre compte des arrestations arbitraires, des violences et des humiliations quotidiennes subies par ces hommes et ces femmes qui fuient leur pays. Il nous livre ici ses chroniques quotidiennes.

Ce sont quatre enfants afghans. Deux filles et deux garçons. Ils ont entre 4 et 8 ans, et sont arrivés il y a trois semaines dans la « jungle » de Stalingrad avec leurs parents. La famille a eu la « chance » de trouver une place dans un hôtel proche, dans le Xe arrondissement. Et pourtant, elle revient de temps en temps ici, histoire de rompre la solitude et peut-être de retrouver d’autres Afghans avec qui elle était en contact.

Mardi 6 septembre, aux alentours de 19h, Hugo, un jeune bénévole qui aide les exilés depuis plusieurs semaines est venu m’alerter : « Les enfants afghans ont été abordés par un homme qui leur a demandé de venir chez lui, dans son appartement ».

Je pars avec Hugo voir les parents, afin de les avertir des mauvaises intentions de cet inconnu. Je leur conseille ne plus revenir sur la place avec leurs enfants, de rester dans leur nouveau foyer.

L’homme en question n’inspire pas confiance : un pack de bières à la main, il exsude de forts relents d’alcool.

-« Pourquoi avoir proposé aux enfants de venir avec vous ? », lui ai-je demandé ?

« Parce que je voulais les aider avec leur famille, leur rendre service », me répond-t-il, de mauvaise foi.

Ce n’est pas la première fois que des personnes mal intentionnées tentent de convaincre les enfants d’exilés de les suivre. La semaine passée, deux hommes ont fait le tour des tentes pour demander à des enfants de « se prostituer ». Ce sont les exilés eux-mêmes qui sont venus m’en parler le lendemain. Ont-il réussi à entraîner des enfants ? Nul ne le sait. D’autant qu’il est assez difficile de maintenir le contact avec les familles, surtout lorsqu’elles sont relogées, parfois dans des banlieues assez lointaines. La solitude est l’une des dramatiques conséquences de l’exil.

 Mickaël. 

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Crédits photos:

  • Les enfants afghans à Stalingrad.: Mickaël - DR

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