Bilan des commissions de Nuit Debout #11 : le Média Center

Près d’une centaine de commissions ont vu le jour à Nuit Debout. Certaines plus éphémères que d’autres. Après quatre mois de luttes et d’occupation de la place de la République, Gazette Debout a demandé aux plus actives de dresser un premier bilan de leur action et d’envisager la saison 2. Aujourd’hui : le Média Center

Media Center, au rapport !

Le Media Center est un espace investi de manière temporaire par toutes celles* qui utilisent des outils numériques de communication pour travailler, se coordonner et former le plus grand nombre à leurs usages.

Des photographes aux graphistes, des vidéastes aux rédactrices de contenus, nous facilitons la présence de Nuit Debout sur le net en interaction avec les différentes communautés en ligne et sur les places. Nos principaux terrains de jeux s’appellent Twitter, Facebook, Instagram, Tumblr, Youtube,  Scoop.it, Snapchat…

Depuis le 20 mars 2016, le Media Center de Nuit Debout Paris s’est constitué autour d’une dizaine de personnes d’horizons et d’avis divers qui ont cherché à accueillir toutes les bonnes volontés grâce à un fonctionnement facilitant à la fois l’autonomie et l’intelligence collective. Au fil des semaines, le noyau dur a pu compter sur une trentaine d’actives en lien avec plusieurs centaines de relais au sein des Nuit Debout d’autres villes.

Notre pari, en assurant une présence de Nuit Debout sur les réseaux sociaux 10 jours avant le 31 mars et en couvrant les manifestations contre la Loi Travail partout en France, c’était de faire venir du monde sur les places le soir de la première Nuit Debout, et les jours suivants si ça prenait.

Et ça a pris ! Les comptes Nuit Debout ont été tellement suivis que le 32 mars les médias traditionnels n’ont pas eu le choix, l’information, il fallait venir la chercher directement à la source. Presque 2 millions de personnes avaient vu nos 474 tweets ! Même si cela n’a pas duré, pour la première fois à l’échelle de notre génération, les médias ont raconté l’histoire à travers les yeux des participantes et non des leurs. Et les gens ne s’y sont pas trompés. Ils sont venus, revenus, se sont impliqués dans la vie de la place et ont pu suivre à distance tout ce qui se passait, en toute transparence.

Comme beaucoup de commissions, les conditions logistiques précaires nous ont obligées à faire preuve de flexibilité et de créativité. En effet, nous avions besoin d’électricité et surtout de connexion Wifi pour travailler, et ça n’est pas souvent arrivé d’avoir l’un et l’autre sur la place. Les premiers jours, nous sommes devenus le cauchemar des bars et cafés autour de la place. « Bonjour, vous avez des prises et du wifi ? » était notre refrain préféré. Et les cafés pas chers notre luxe.

Pendant que certaines restaient scotchées à leur ordinateur, d’autres étaient en continu sur la place pour partager du contenu en direct et former le plus grand nombre aux bases de la communication et à une application de messagerie sécurisée alors quasi-inconnue : Telegram.

Ah, Telegram ! L’outil phare du Média Center. En pleine effervescence, impossible de lire les dizaines de mails quotidiens, où chacune veut refaire le monde ou commenter le menu de la cantine. Et plus besoin de trouver celle qui a passé le plus de temps sur la place pour avoir une info fiable. En quelques jours, ça a pris comme une trainée de poudre, presque toutes les commissions se sont emparées de l’outil, à commencer par la commission coordination qui venait d’être lancée.

Dans beaucoup de milieux militants les réseaux sociaux ont souvent une image négative : intrusion dans la vie privée, divertissement, idiocratie, slacktivism ou click activisme. Jusqu’à Nuit Debout, les Français et les Françaises ne s’étaient pas emparés de ces outils pour faire entendre leur voix, leur engagement, leur lutte. On a tout de suite vu le potentiel de l’idée d’être debout. Inspiré d’une citation de La Boétie, cet adverbe allait devenir un mème, c’est-à-dire un élément culturel reconnaissable répliqué et transmis par toutes, dépassant de loin l’évènement fondateur.

Ainsi dès le premier soir, #NuitDebout a fait naitre des dizaines de comptes sur les réseaux sociaux ainsi que de nombreuses créations originales. L’horizontalité que le mouvement a mis au coeur de son fonctionnement se réalise sur les réseaux, en s’inspirant de la philosophie Hacker. Entre les comptes et pages de chaque Nuit Debout partout dans le monde, des différentes commissions thématiques, jusqu’aux comptes personnels, Nuit Debout est aujourd’hui partout !

Parmi les anecdotes, notre travail à permis de mieux faire comprendre ce qu’est un # (se dit hashtag). Sur les réseaux sociaux, en particulier Twitter, le hashtag sert à centraliser les messages autour d’un mot-clé pour que les utilisateurs puissent commenter ou suivre une conversation. Pour le 31 mars, c’était tout trouvé, #NuitDebout est rapidement devenu Trending Topic, c’est à dire le # le plus partagé en France, mais aussi en Espagne grâce à une communauté structurée et d’une efficacité redoutable. On n’en revenait pas !

Mais sur Twitter, un hashtag ne reste pas Trending Topic très longtemps, alors il a fallu en trouver un autre pour continuer à pouvoir partager avec le plus grand nombre ce qui se passait sur les places. Après un brainstorming intense et plusieurs litres de café et de maté, l’idée est venue à 4 heures du matin de décréter le premier #32Mars de l’Histoire. Ce n’était pas un poisson d’avril et tant qu’il y aurait des places occupées il y aurait une journée de mars et un nouveau # pour le relayer.

Les jours et les Nuits Debout se sont succédés, de nouvelles sources d’informations sont apparues : TV Debout, Radio Debout, Gazette Debout, Reporters Debout… Après les bistrots nous avons eu pendant quelques temps la chance de dénicher un espace suffisamment proche de la place de la République pour y accéder en quelques enjambées et continuer ainsi à relayer quasiment jour et nuit les petits et grands rendez-vous : Global Debout, Orchestre Debout, le weekend #OuEstLaViolence et tant d’autres.

En plein été d’urgence, Nuit Debout est par monts et par vaux. Dans la forêt de Bure et sur les péages des vacances, elle voyage à pieds ou en vélo, elle chante les hymnes de Chanson Debout et s’indigne des violences policières.

Et tant que la Nuit Debout ne se couche pas, nous serons également place de la République, aux côtés des autres commissions.

Pour nous retrouver, nos outils sont : @NuitDebout sur Facebook et Twitter, gérés avec d’autres personnes participant à des Nuit Debout en France. Et pour Nuit Debout Paris-République c’est @NuitDeboutParisOff sur Facebook et @nuitdeboutparis sur Twitter

Et sur le wiki une page pour s’initier au fonctionnement des réseaux sociaux. 

* pour faciliter la lecture nous avons renoncé à « genrer » cette article, il a donc entièrement été écrit au féminin. Nous remercions nos lectrices pour leur compréhension.

 

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Crédits photos:

  • Demain commence ici: Selyne-DR

2 réactions sur cet article

  • 2 août 2016 at 1 h 30 min
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    C’est drôle de voir comme vous enjolivez et refusez d’admettre vos erreurs. vous oubliez un peu vite que vous avez exclu arbitrairement plusieurs personnes très actives et militantes, que vous avez monopolisé la façon de communiquer sans transparence contrairement à ce que vous affirmez. et que dire du boycott du reseau Paris Debout créé avant le votre tout début avril, que vous censuré et volontairement ignoré! des actions et commissions que vous avez passées sous silence… les liens d’autopromo avec we sign it… votre hypocrisie est sans limite et vous avez contribué à faire s’éteindre le mouvement aussi vite qu’il avait commencé. malgré vos sérénades, les militants de la place savent eux la vérité. loin de votre manipulation de communication.

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  • 29 août 2016 at 14 h 46 min
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    Plutôt que ce filet d’eau tiède auto-satisfait, mieux vaut relire « Leur combine, nos luttes ».

    http://tendanceclaire.org/contenu/autre/Leur%20combine,%20nos%20luttes.pdf

    Extrait d’une déclaration lue en assemblée à ND Paris République le 14 mai dernier : « Nous nous exprimons solennellement, pour évoquer publiquement la nécessité de clarifier la gestion de la communication en ligne. Ce problème récurrent pèse visiblement sur la pérennité de Nuit debout. Pire, le relatif dépeuplement de la place depuis quelques jours peut être imputé en partie à la diffusion de messages apolitiques, inoffensifs, et pour tout dire démobilisateurs. La révolution des like n’aura jamais lieu. »

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