Le Best Of de Radio Debout

Radio Debout a compilé 33 extraits de ses meilleures émissions sur Nuit Debout, à retrouver en ligne ici. 

Gazette Debout a choisi de vous en présenter quatre, à réécouter sans modération.

Edgar Morin 

Philosophe, sociologue et témoin éclairé de l’émulation lancée par Nuit Debout, Edgar Morin était de passage place de la République, à Paris, au mois de mars dernier. Regard affûté et langue déliée, il livre au micro de Radio Debout son analyse d’un mouvement qu’il n’hésite pas à comparer au forum romain ou à l’agora grecque. Heureux de constater que « les citoyens reprennent la parole », il appelle à une coordination entre les événements qui s’organisent à Paris et ailleurs en France, en Europe et dans le monde. Evoquant Podémos ou Occupy Wall Street, il estime que Nuit Debout « est peut-être la forme la plus intéressante, car elle a pris un territoire éminemment symbolique et a réussi à y rester, à féconder d’autres mouvement en province, en banlieue ». Il rappelle d’ailleurs que « la vraie mondialisation, ce n’est pas d’imposer le modèle occidental sous le nom de développement, mais de faire la synthèse de ce qu’il y a de meilleur dans les différentes civilisations ». Environnement, éducation, mondialisation, Palestine… l’analyse d’Edgar Morin se frotte à chacun des thèmes évoqués par les participants de Nuit Debout. A écouter et réécouter ici.

Léna, gardienne de la Paix

C’est un fait : Nuit Debout rassemble et dépasse les habituelles oppositions de styles. Certains policiers rallieraient même la place de la République après le service, à titre personnel, attirés par cette émulation d’un genre nouveau. La convergence des luttes mobilise donc jusque dans les rangs des forces de l’ordre, comme en témoigne Léna au micro de Radio Debout. Cette gardienne de la Paix sort de son devoir de réserve pour rappeler que les policiers sont, avant tout « des travailleurs comme les autres », soumis à la pression du chiffre et à une logique comptable qui leur impose « une pression inhumaine dans les commissariats et a fortiori dans les centres de rétention administratifs ». Interrogée sur de possibles débordements causés par des policiers en civil, Léna appelle à circonstancier les faits pour identifier les coupables. Elle invite aussi les manifestants à humaniser les débats, en préférant les présentations aux insultes. « Quand la population est coupée de sa police, de la police qui lui appartient et qui est censée la protéger, c‘est vraiment terrible » souligne-t-elle. Un témoignage aussi rare que sincère, à écouter ici. 

– Alain Krivine –

Aussi tentant soit-il, le rapprochement entre Mai 68 et Nuit Debout s’avère souvent complexe, voire risqué. Alain Krivine, figure emblématique du mouvement étudiant majeur sur lequel se construisirent nombre d’avancées sociales, rejette d’ailleurs rapidement ce périlleux parallèle. Interrogé par Radio Debout, le fondateur de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire distingue d’emblée les deux mouvements et leurs contextes. Qu’il s’agisse des relations entre mondes ouvrier et estudiantin, de la conscience de classe, de la répression policière – une « répression plus violente, calculée, organisée, structurée, qui n’existait pas en 68 » – difficile selon lui de comparer les deux mobilisations. A. Krivine identifie pourtant un dénominateur commun : « Le ras le bol est identique, sauf qu’à l’époque il s’agissait d’un gouvernement de droite. Aujourd’hui, il paraît que c’est un gouvernement de gauche… ». S’il se refuse à tout pronostic, il appelle à utiliser l’écho médiatique des élections présidentielles pour développer une campagne anti-électoraliste de soutien aux mouvements de masse, comme celui de Nuit Debout. Une analyse à écouter ici.

 – Jean-Pierre Simeon –

« Ce qui me retient depuis toujours dans la poésie, c’est sa force insurrectionnelle » : le poète Jean-Pierre Simeon évoque pour Radio Debout sa conception de l’art et son rapport au militantisme. Le verbe est vif, choisi, et sert une analyse à la fois lucide et poétique. Siméon, qui définissait déjà quelques mois plus tôt la poésie comme « la parole debout », se refuse ainsi à opposer l’art à l’engagement militant. L’auteur de La poésie sauvera le monde ne manque d’ailleurs pas de rappeler la place cruciale du poète au sein des mouvements révolutionnaires espagnols, chiliens ou grecs pour protéger la langue du cliché, pour éloigner la parole de la langue de bois. A écouter ici.

Merci à Florian pour la compilation.

 

Crédits photos:

  • Radio Debout (2): Gazette Debout

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