Un système politique citoyen, un objectif possible à Nuit Debout !

Cela fait quatre mois que nous sommes sur la place de la République. Tout le monde commence à se poser la question de ce qu’on fait après. Le mouvement doit-il se structurer ou non ? Vers quel but doit-on aller ? Doit-on continuer chacun nos luttes : commissions thématiques, Nuits Debout de province, actions individuelles ou collectives ? Est-ce qu’on s’épuise ou se renforce ? Doit-on s’allier ou rester autonomes ? Doit-on faire des propositions politiques ou non ? Est-ce qu’on décide de disparaître ou reste-t-on présents sur la place de la République pour porter une voix citoyenne ?

Nous avons lancé un groupe de travail pour valoriser les propositions des commissions Nuit Debout Paris. Cela semblait être une première étape pour savoir de quoi nous parlions. Actuellement personne ne sait vraiment ce qui est proposé à Nuit Debout dans les commissions. C’est plutôt quelque chose de diffus, de non exploitable en l’état.

Concernant l’orientation politique de Nuit Debout, le débat a été soulevé à la dernière réunion alors que ce n’était pas forcément à l’ordre du jour. Mais tous voulaient avancer sur ce sujet.

Certains veulent faire un mouvement politique pour constituer une force citoyenne en 2017. Mais comment éviter les écueils des partis classiques : professionnalisation, personnalisation, leaders… ?

De même, doit-on rester un mouvement de lutte sans but précis si ce n’est de se révolter à chaque injustice, à chaque loi liberticide ou à chaque déni de démocratie, sans structuration politique ? Un grand mouvement du Non, un Non global ? C’est possible, car la lutte est légitime, mais dans ce cas, où est la proposition ? Ne risque-t-on pas de faire monter les extrêmes ? Est-ce que les actions ne nous enferment pas dans une minorité agissante, un entre-soi de professionnels de l’action qui, à la fin, n’arrivent pas à mobiliser la majorité citoyenne, alors que nos luttes sont légitimes et concernent 90% de la population ?

Enfin, doit-on disparaître comme les Indignés en Espagne ? Nous renonçons à l’occupation de la place car nous n’arrivons pas à nous structurer, à donner du sens et de la force au mouvement. Par peur de nous-mêmes, de devenir comme les autres ; de ne pas être des hommes et des femmes nouveaux(-elles) ; dans une forme d’anarchie complète, totalement horizontale. Ce serait dommage d’en rester là.

Ce sont des questions collectives et individuelles. Chacun est libre de suivre sa voie. Pour notre part, nous avons engagé une réflexion sur la (les) proposition(s) de Nuit Debout. C’est le début d’une réflexion avec un groupe de travail qui ne demande qu’à être élargi.

 

Nuit Debout - marque ?
Nuit Debout / DR

 

Plutôt que de travailler sur chacune des propositions détaillées souvent mises en avant par les commissions, nous avons essayé de définir notre objectif commun, ce qui nous relie sur cette place, que l’on vienne de la lutte syndicale ou associative, de nos révoltes de citoyens, ou juste par cette envie que l’on a tous de reprendre en main notre destin face à une oligarchie politique et économique qui n’écoute plus le peuple.

Le constat : LE REFUS

Il semble que ce qui nous rassemble, c’est le refus.

Le refus du système politique actuel : déni de démocratie, muselage médiatique, répression des revendications plutôt que discussion, mépris des décisions populaires, conservation des privilèges politiques (cumul des mandats, élus condamnés qui se représentent, etc.)…

Le refus du système économique : application de lois néolibérales sans consultation citoyenne, absence de débat sur l’acceptation ou non de la financiarisation de l’économie, sur le rôle des banques, sur la monnaie, absence de débat sur cette Europe non démocratique qui impose une politique économique non citoyenne, absence de vrais débats sur l’écologie…

Bien sûr, la liste issue de ce qui émane des commissions n’est pas exhaustive, et demandera à être étendue lors du travail sur les propositions.

La cause : L’OLIGARCHIE

Pourquoi sommes-nous sur la place ? Parce que ces refus ne sont pas pris en compte par le monde politique.

La gauche comme la droite, une fois en place, n’écoutent plus le peuple. Un an avant les élections, elles font leur show pour dire qu’elles ont tout compris et font des promesses qu’elles ne tiendront pas. Le problème vient de cette forme d’oligarchie qui décide pour le citoyen sans le citoyen. Le divorce se fait là. L’oligarchie issue d’une « élite de l’élite » (ENA, grandes écoles, sciences po) se considère comme experte et ne veut pas travailler avec les citoyens. Pire, il y a une méfiance à l’égard du peuple.

À aucun moment les politiques nationales ne sont faites avec des citoyens issus de tous les milieux. Il y a parfois un semblant de démocratie participative mais c’est toujours un leurre et les expériences récentes le montrent. Par exemple, la consultation République Numérique menée par le gouvernement a été totalement rejetée par les associations – Quadrature du Net… – qui n’y ont retrouvé aucune de leurs propositions. Il en va de même pour le pauvre Alexandre Jardin (Bleu Blanc Zèbre, mouvement citoyen plutôt centriste) qui était allé voir Macron à son meeting en pensant que son mouvement citoyen allait influencer l’énarque. Que nenni. Il est revenu tout penaud en voyant bien qu’il avait été utilisé et que rien de ce qu’il avait demandé ne serait intégré au programme de Macron.

L’homme (la femme) politique n’écoute pas la consultation citoyenne. Le système les change et c’est ainsi aujourd’hui.

Le programme : LA CONSTITUTION CITOYENNE

La revendication issue du groupe de travail est de mettre en avant une nouvelle constitution citoyenne, faite par les citoyens pour les citoyens.

C’est le seul moyen pour contrôler la politique et faire entrer de manière permanente les citoyens dans les décisions politiques.
La forme précise de la constituante est à définir. C’est du travail, mais on sait que c’est possible. Les Islandais l’ont fait. Pourquoi pas nous ?
C’est une revendication simple, qui fait la synthèse de nos luttes et qui ouvre ainsi sur une vraie politique citoyenne.
Bien sûr, les propositions des commissions thématiques devront exister par ailleurs. Mais pour faire changer la politique, il faudra d’abord changer le système politique.

L’objectif final : LA POLITIQUE CITOYENNE

L’objectif final est de mettre en place une nouvelle politique citoyenne, faite par des citoyens de tous les milieux. Des outils existent (consultation populaire, jurys citoyens, référendum). Nuit Debout est un de ces outils dans sa forme assemblée populaire. Il faudra les mettre en œuvre dans une nouvelle constitution et sans doute en construire d’autres.

Ce doit être un processus permanent, qui ne se limite pas à chaque élection.

Il faut également déprofessionnaliser le politique. L’homme ou la femme politique ne doit plus être un homme ou une femme providentiel/le mais un animateur citoyen, une sorte de gestionnaire de la vie publique. Dans certaines villes, la respiration démocratique existe (utilisation de jurys citoyens). Il faut maintenant le faire au niveau national.

La mise en œuvre du non-cumul et d’un nombre de mandats limités dans le temps permettrait également de renouveler la représentation politique et de l’ouvrir à des citoyens de tous les milieux.
Aujourd’hui; le système est tellement vérolé que n’importe quel citoyen se présentant aux législatives serait plus représentatif que n’importe quel député actuel.

 

Proposition de constitution citoyenne Nuit Debout. Nuit Debout/DR
Proposition de constitution citoyenne Nuit Debout. Nuit Debout/DR

 

Il faudra bien sûr travailler aussi à une vision partagée de notre monde de demain.

En conclusion, nous invitons les membres de Nuit Debout de toutes les villes et les membres de toutes démarches ayant le même objectif, à participer à cette réflexion et à nous rejoindre pour porter cette proposition simple qui pourrait fédérer l’ensemble de la population française.

Continuons à nous rassembler tous pour la démocratie et on pourra enfin dire : « Le système c’est nous ! »

 

Groupe de travail Valorisation des propositions
Fred M., Fred P., Antoine, Gilbert, Christophe, Catherine, Philippe
Contact : commission.jurycitoyen@gmail.com – Antoine : 0 689 955 277

Crédits photos:

  • Nuit Debout – marque ?: Nuit Debout / DR
  • constitution-citoyenne-nd: Nuit Debout / DR
  • Blocage de l’Assemblée (3): Vincent Blanqui

4 réactions sur cet article

  • 2 août 2016 at 23 h 56 min
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    Bonjour, pléthore de diagnostics, « on n’aurait pas de chefs ??? » c’est la force du mouvement, une blague. Une fuite de prendre ses responsabilités, d’infantilisme pour bon nombre de deboutistes. La question qui reste poser et que un bon nombre fuit. On serait contre un système ??? Je n’ai pas vu un proposition qui permet de le remplacer. Certains jouent la montre, le système qui triche et bastonne tombera de lui-même, en tout cas pas demain et pas à cause des ND. On ne peut même pas se compter et connaître le poids qu’on pèse pour participer à ce changement.

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  • 24 août 2016 at 0 h 53 min
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    Oué, le chef perd ses plumes, le grand esprit ce lève.!

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  • 29 août 2016 at 10 h 16 min
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    salut, simple citoyen, jusqu’à ces dernières années, laissant la politique aux soi-disants professionnels j’ai adhéré au collectif Roosevelt puis rapidement à une de ses expressions politiques qu’était Nouvelle Donne; j’ai fait la campagne des Européennes puis des régionales où j’ai même fait partie de la liste dans la région PACA. Au cours des trois ans d’existence du mouvement j’ai pû voir son évolution et la difficulté a mettre en place une vraie démocratie; nos buts sont à peu de choses prés les mêmes que ceux des participants aux Nuits Debout et nombre d’entre nous y ont participé; tout récemment notre co-président et fondateur (P Larouturou) a été exclu du mouvement car manifestement plus enclin à sa privilégier sa propre carrière politique qu’a appliquer les règles démocratiques du mouvement; preuve est donc faite que ce mouvement n’est pas prêt à faire des concessions quelles qu’elles soient; pourquoi ne pas unir nos efforts car nous avons élaboré (dans la douleur) une structure politique et surtout un programme fruit de plusieurs commissions thématiques sur différents sujets (Cf Site de ND); toutes ces commissions ont pour base fondamentale le charte de ND.
    Bien amicalement,
    JL Grauer

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