Action devant l’Assemblée nationale le 20 juillet

Le 20 juillet a eu lieu devant l’Assemblée nationale une action conjointe entre le syndicat Sud intérieur et les Nuitdeboutistes de la commission Action. Le principe de l’action était d’organiser une manifestation non-déclarée afin de parvenir devant l’Assemblée avec des banderoles et des slogans, pour contourner l’interdiction probable d’une telle démarche si elle avait été déclarée au préalable.

Un jour auparavant, j’ai retrouvé la petite équipe dans des locaux gardés secrets pour ne pas ébruiter le plan d’action. Au début du rendez-vous, Carole* m’explique : « Loïc* souhaitait que l’on propose un slogan positif : ‘Nos rêves sont plus forts que votre loi !’ moi, je souhaitais proposer : ‘État d’urgence – loi travail – 49.3 – répression sociale’. » Le principe est simple : écrire des slogans sur les banderoles, et utiliser des ballons avec de l’hélium pour permettre à la banderole de planer à une hauteur convenable. « Y’a des questions techniques avec les ballons. »

Tout au long de la journée du 19 juillet, l’atelier d’une quinzaine de personnes prépare la stratégie et sa mise en oeuvre logistique. Le maître mot est alors la discrétion. « Premièrement, s’il nous faut une banderole, il nous faut un tissu léger. Pour deux banderoles, environ quarante ballons. » Les plans d’action sont toujours organisés selon des tactiques élaborées consciencieusement, et le plus sérieusement possible. Tout est réfléchi méticuleusement en vue de préparer la journée du lendemain.

Le 20 juillet, dès le matin, j’apprends que l’information a fuité dans le journal Challenges, avec une description très précise des plans. Il ne manque que la date et l’heure prévue pour cette action. La surprise est totale ! Dès cet instant, toute l’action est mise en péril à cause d’un manque de discrétion.

Lorsqu’on souhaite se mobiliser, on ne peut pas échapper à la règle fondamentale : il faut savoir garder un secret.

Je retrouve alors une partie de l’équipe sur la passerelle de Solférino, près de l’Assemblée Nationale, et leur apprends la nouvelle, la surprise est énorme. « Le problème, quand on organise une action, c’est que les copains la diffusent sur Facebook, alors qu’on aurait besoin d’une forme de discrétion, » m’explique Anne-Marie*. Mais alors qui avait révélé l’information ? « Francis* a appelé une journaliste de l’AFP hier, et l’AFP, ils sont spécialisés dans la vente d’informations.» Tout s’explique.

La décision est prise malgré cela de tenter le tout pour le tout.

Aux alentours de 14 heures, le camion des manifestants s’arrête près de l’Assemblée nationale, et les banderoles sont déployées avant que la police ne réagisse. Tout se déroule comme prévu, la manœuvre se fait sans accroche. Heureusement, il semble que l’article qui révélait l’information n’ait pas alerté la police. Les manifestants se joignent à l’action, pour crier leur mécontentement contre la loi travail. C’est donc une action réussie.

Très rapidement, les policiers se mettent en colère car ils détestent être piégés : « Cette manifestation n’a pas été déclarée, c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas vous laisser devant l’Assemblée. Les ordres sont clairs, on vous bouge de là. » Les manifestants se consultent alors : « Soit on bouge, on reprend le chemin bien calmement, soit on reste et on peut avoir des soucis. »

La douzaine de policiers présents devant l’Assemblée hésite à appeler des renforts, ils se rappellent des précédentes manifestations contre le 49.3, et ne souhaitent pas vraiment recommencer l’expérience : « Si on les laisse là, y’en a d’autres qui vont arriver, et on va plus pouvoir les gérer, » explique le chef.

Finalement, il sera négocié que les manifestants quittent les lieux à 15 heures, ce qui aura permis de prendre des photographies et de montrer à tout le monde que l’on n’a pas fini de se mobiliser.

Alan pour Gazette debout

* Les noms ont été changés à la demande des participants aux actions.