Bure : récit d’une reconquête et d’un week-end de guérilla

Le week-end des 16 et 17 juillet, les opposants à l’installation d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires reprenaient la forêt de Bure, dont ils avaient été expulsés quelques jours plus tôt. Ce bois de Lejuc est sous haute surveillance de la part de son propriétaire, l’ANDRA (Agence Nationale des Déchets Radioactifs) qui compte y enfouir dès 2025 des fûts radioactifs pour plus de cent mille ans (voir explications détaillées en fin d’article).

Comme Notre-Dame-des-Landes, dont nous parlions la semaine dernière, Bure est devenu une ZAD (Zone À Défendre) pour les militants écologistes et antinucléaires. Mais l’ANDRA dispose de sa propre milice privée, qui garde farouchement les lieux, et les occupants de la forêt ont été expulsés début juillet par la gendarmerie. Ce week-end, il s’agissait de revenir dans le bois. Récit d’une reconquête et d’un week-end de guérilla.

Conférence de presse avant réoccupation, suivie d’images de la marche vers la forêt.

Les anti-nucléaires à l’assaut du Bois Lejuc (Bure) – 16 juillet 2016 – Vidéo de Sylvie Chapron (JHM)

Samedi 12h : En marche vers le bois

Lorsqu’on se rend à Bure avec comme objectif la forêt menacée par le projet de site d’enfouissement, le premier point de passage, sorte de camp de base avant l’ascension, est la Maison de Résistance. En voici la présentation sur son blog : « En 2004, des antinucléaires de France et d’Allemagne créent l’association Bure Zone Libre (BZL). Ils achètent l’année suivante, sous la forme d’une société civile immobilière (SCI) avec le réseau Sortir du nucléaire, un vieux corps de ferme lorrain à rénover au cœur du petit village de Bure. Cette ferme en ruine deviendra la « Maison de résistance à la poubelle nucléaire ».

Cette grande bâtisse est mise au service des luttes : on y fait la cuisine pour trois cents personnes chaque jour. On y dort un peu partout ; elle est évidemment équipée de toilettes sèches, et l’atelier fabrique tout ce dont les militants pourraient avoir besoin. C’est aussi un espace ouvert à tous où l’on se rencontre, où on retrouve des camarades de lutte aperçus ailleurs (à Notre-Dame-des-Landes, par exemple, avec le week-end des 9-11 juillet le festival « Semailles de démocratie »), où l’on échange autour de propositions d’alternatives au nucléaire et à son monde. Susceptible d’accueillir une centaine de personnes, le lieu a pour ambition de « devenir l’épine dans le pied des nucléocrates ».

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La Maison de Résistance à Bure. Laetitia DR

Il suffit ensuite d’une vingtaine de minutes de marche à travers les champs de blé pour arriver à la Barricade Sud.

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Les forces de l’ordre positionnées au sud de la forêt à Bure le 16 juillet. Mathieu Brichard DR

Samedi 13h : promenons nous dans le bois

La réoccupation a été finalement bien plus rapide et facile que prévu : à 13 h, la traversée du champ s’effectue sans encombre. À un premier arrêt, à la lisière du bois, un groupe de personnes âgées s’est installé, une trentaine en tout. Ils observent de loin, calmement, les forces de l’ordre stationnées deux cents mètres plus loin au sud. À mesure que l’on pénètre dans la forêt, la moyenne d’âge change : de plus en plus de manifestants sont masqués : un militant en short et t-shirt blancs qui semble tout droit sorti des fêtes de Bayonne tient une raquette à la main (utilisée pour renvoyer aux forces de l’ordre les grenades lacrymogènes). Beaucoup transportent du matériel sur l’épaule ou dans une petite charrette : d’abord dans un sens puis dans l’autre, à mesure que les instructions changent quant au lieu d’installation de la cantine mobile. D’énormes fûts de nourriture et des jerrycans d’eau passent repassent dans la bonne humeur, et puis du bois, beaucoup de bois aussi, pour les barricades.

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Les premiers de l’occupation de la forêt de Bure. Mathieu Brichard DR

La forêt est en effet longée par une voie romaine : parallèlement à celle-ci, il existe à l’intérieur du bois un chemin carrossable, bordé d’un fossé.

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Une barricade sur le chemin de la forêt à Bure. Mathieu Brichard DR

C’est de l’autre côté de ce fossé, toujours parallèlement à la voie romaine, et en laissant une bande de forêt de manière à ce que l’abattage des arbres ne soit pas visible de l’extérieur, que les bulldozers de l’ANDRA ont dégagé une tranchée de dix mètres de large environ, entièrement déboisée. Elle sert de voie de circulation vers le cœur du bois et la plateforme. Celle- ci, un espace dégagé sur lequel sont entreposés les véhicules de chantier, est la tête de pont de l’ANDRA dans la forêt. Elle serait désormais entourée par un mur en cours de construction, qui, à terme, la transformerait en véritable forteresse. Nous en entendrons parler tout le week-end sans jamais parvenir à la voir. Elle est desservie par une route qui traverse et entoure la forêt, que les manifestants vont s’efforcer de bloquer.

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La barricade centre. Bure. Mathieu Brichard DR

L’ambiance est très bon enfant : on se réjouit d’avoir pu pénétrer dans la forêt. On clame comme en manifestation : « Et la forêt elle est à qui ? crie l’un. Elle est à nous ! » lui répondent cent cinquante voix. On retrouve parfois les slogans criés dans les mégaphones « Et c’est qui les casseurs ? C’est eux les casseurs ! Et c’est qui la racaille ? C’est eux la racaille ! » Puis le calme revient, chacun profite de son assiette. Il y a quelques familles avec des enfants, beaucoup de chiens. Le repas, végétarien, est à prix libre. Une petite tire-lire est posée en bout de chaîne. Tous ont l’intuition que ce sera le seul moment festif du week-end. Un vieux militant a perdu sa flûte et la cherche. Un peu plus loin, un type a trouvé une flûte et cherche son propriétaire. On essaie de lui décrire le flûtiste tant bien que mal. On les recroisera plus tard, réunis.

Une fois servi, on mange assis au bord du fossé. Les premiers nourris sont encouragés à laver rapidement leurs assiettes et à partir relever leurs camarades des Barricades Nord et de la Clairière. Moment de flottement : qui va où ? Combien y vont ? Une longue chaîne de militants portant des troncs d’arbres disparaît dans la forêt. Dans la mesure du possible, on récupère les rondins et les branches abattus par l’ANDRA, entassés sur les côtés de la tranchée, pour barrer la route aux engins de chantier qui reviendront lundi. On en abat d’autres quand c’est nécessaire. La barricade est extrêmement large, on creuse un peu aussi pour caler les plus grosses poutres. Un passage est laissé à gauche ou à droite, permettant aux militants de passer, uniquement en file indienne.

Samedi après-midi : à la Barricade Nord on casse des cailloux

La Barricade Nord est assez éloignée : à une vingtaine de minutes à pied du site de la cantine, trente de la barricade Sud. Il n’y a rien. On ne croise presque personne. On marche assez rapidement, en plein soleil au bord du champ, et non plus en sous-bois. Une fois sur place, la configuration est aussi très différente : la voie romaine a été prolongée par une route en dur qui bifurque et entre directement dans la forêt. Elle est utilisée par les engins de chantier.

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Derrière une première barricade de troncs et de branches, les militants ont déballé pelles et pioches pour entreprendre de creuser deux tranchées successives en travers de la route. Il faut qu’elles soient larges : les roues des véhicules mesurent un mètre de diamètre, il faut donc prévoir un mètre cinquante pour les bloquer, et surtout de la profondeur. En se relayant, alors que trois personnes seulement peuvent creuser en même temps sur une même tranchée, il faudra bien deux jours avant que le trou soit suffisamment large et profond. On reçoit par talkie-walkie une alerte venant du Sud. Une équipe reste creuser tandis qu’une petite troupe redescend la voie romaine.

Schéma tactique :

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Carte de Bure

Pour davantage de cartographies : c’est ici.

Que faire ?

Finalement, les gendarmes ont un peu avancé puis renoncé à charger. On en voit quelques-uns assis à l’ombre au pied d’un arbre à environ deux cents mètres dans la forêt. Ce sont en revanche les vigiles de l’ANDRA qui ont donné l’assaut, avec une grande violence, rapidement dénoncée par les équipes juridiques et médicales du collectif. Bilan : plusieurs blessés, cinq interpellations.

Un récit en images par France 3.

Comme tout le monde a finalement convergé vers la barricade Sud, on y tient une sorte d’Assemblée Générale tactique. Quelqu’un propose de donner la parole à ceux qui pensent occuper la forêt durablement, mais apparemment, peu de militants locaux sont présents. Deux propositions ressortent : soit fortifier, soit attaquer. Si tout le monde s’accorde à dire que l’ANDRA doit dégager, les objectifs et les moyens divergent, sans doute parce que les expériences militantes elles-mêmes sont différentes. Les Zadistes côtoient des Autonomes des cortèges de tête des manifestations, qui se portent volontaires pour chasser la police des lieux, la faire reculer hors de la forêt. Il y a aussi des Antifas. Le degré d’équipement montre bien le spectre des engagements : quand certains sont en jean et baskets, d’autres portent des protections aux épaules, tibias, chevilles, avant-bras, et en plus de leur casque, jusqu’à un bouclier dans lequel est aménagée une fenêtre en plexiglas, sur le modèle de ceux employés par les forces antiterroristes.

Entre attaquer et fortifier, il est finalement décidé que… l’un n’exclut pas l’autre. Priorité toutefois à la mise en place de la logistique, notamment à l’établissement d’un camp où passer la nuit, puisqu’environ quatre-vingts personnes ont prévu de dormir dans la forêt. Les vigiles de l’ANDRA, dont on dit qu’ils sont recrutés parmi des anciens de la Légion Étrangère et agissent comme une véritable milice privée sous le regard complaisant des forces de l’ordre, sont en effet susceptibles d’attaquer le campement pendant la nuit. Ils n’ont pas de matricules et ne font pas preuve de la même retenue que les Gendarmes Mobiles (GM), ni même que les CRS : ils sont armés de manches de pioche.

L’autre mauvaise nouvelle, c’est que d’après un militant local, l’ANDRA dispose de moyens qui rendent les efforts des militants assez dérisoires. Les barricades dont la construction a pris plusieurs heures sont régulièrement dégagées par un bulldozer en quelques minutes. Les tranchées creusées en plusieurs jours sont comblées d’un coup par un camion-benne de gravier. Alors que faire ? La réponse est à la fois technique et médiatique : si le gravier est peu coûteux, les machines en revanche, le sont. « Moi je suis bûcheron, affirme un homme d’une cinquantaine d’années, et je peux vous dire qu’une abatteuse comme celles d’ici, ça coûte un million. Si vous en cassez une, les types vont être démoralisés. Ils vont faire passer le mot dans la profession : « Chantier de merde », et plus personne voudra venir y travailler. » Saboter les machines, les empêcher d’accéder au chantier, ou simplement se mettre devant et bloquer leur fonctionnement, ce n’est pas nouveau. Les éco-warriors ont pu le faire ailleurs (Ende Gelände). Avec une certaine efficacité.

Cependant, alors que la Maison de Résistance existe depuis plus de dix ans, il faut bien voir que la contestation à Bure se heurte à de nombreux obstacles. Si le festival de Notre-Dame-des Landes a réuni vingt-cinq mille opposants au projet d’aéroport, Bure est encore mal connue, peu médiatisée. D’autre part – et l’un ne va pas sans l’autre, probablement -, les quatre cents occupants de ce week-end ne suffisent pas pour expulser durablement les forces de l’ordre et les vigiles de l’ANDRA, ou manquent de matériel pour un sabotage efficace. Devant la fragilité de la victoire présente, l’avenir est à méditer.

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Le bouclier d’un militant à Bure. Mathieu Brichard DR

Samedi 19h : allers et retours

Le camp principal s’établit à la clairière, un petit coin charmant où des militants allemands ont commencé à installer leurs hamacs dans les arbres, à une dizaine de mètres en hauteur. Plus tard, on y montera un barnum. L’Assemblée Générale du soir se tiendra autour du feu de camp.

Un groupe part chercher davantage de matériel à la Maison de Résistance après qu’une liste des besoins a circulé. À la dernière minute, on envoie d’autres militants à pied chercher un jerrycan d’essence. Pour des cocktails molotov ? Certains profitent de la fraîcheur de la maison pour prendre un peu de repos, recharger les téléphones portables, s’hydrater, se décrasser après les travaux de l’après-midi. Comme la situation est calme, le retour se fait peu avant vingt-deux heures, à la tombée de la nuit. La traversée du champ sous la lune est assez agréable… jusqu’au moment où un puissant éclairage apparaît à la lisière de la forêt. Personne ne connaît le morse, mais le signal est assez erratique. La tension monte quand des silhouettes se détachent du bois pour prendre le chemin du champ, dans la direction de l’équipe de ravitaillement. On se prépare à courir dans l’autre sens. On s’interpelle : « Ahou ! » comme pour faire reculer les CRS dans les manifestations. Soupir de soulagement. « C’est des copains !… Putain, la trouille ! » « Mais nous aussi, on a grave flippé quand on vous a vu arriver ». C’est une autre équipe de ravitaillement qui repart, avec ceux qui vont dormir à la Maison de Résistance. On se donne rendez-vous le lendemain. Une fois à la lisière du bois, on se rend compte que le signal lumineux n’était qu’un type en train de jouer avec sa lampe, peut-être pour appeler les extraterrestres…

Un point d’information se tient là, à la lisière, en attendant l’arrivée du fourgon de la cantine : les gendarmes ont avancé quelques minutes plus tôt. Il y a eu les deux sommations d’usage, suivies d’un gazage, mais ils n’ont finalement pas chargé et se sont repliés. Tout cela entre 20 h et 22 h. Dix camions sont partis ensuite, qu’on suppose être la relève. Le nombre de vigiles de l’ANDRA s’établit à vingt-trois, du moins pour ceux qui sont visibles. Les forces de l’ordre sont retournées sur leurs positions de l’après-midi, à deux cents mètres de la Barricade Sud. Après le repas, tout le monde se dirige vers la clairière pour l’Assemblée Générale nocturne autour du feu de camp.

Les propos de l’après-midi se répètent, sans grandes avancées. Chacun prend peu à peu conscience que le rapport de force n’est, malgré le nombre conséquent de militants, pas en notre faveur, notamment parce que tout le monde n’est pas prêt à attaquer les vigiles ou les gendarmes. Ce rapport de force sera encore plus défavorable lundi matin. La preuve irréfutable des limites de ce jeu du chat et de la souris : personne n’est capable de décrire la fameuse plateforme de chantier que l’ANDRA est en train d’entourer d’un mur en béton armé. Si les militants sont là aujourd’hui, c’est parce qu’il y a quelques semaines, trois amis partis en balade sans autre intention sont tombés sur la zone déboisée et ont donné l’alerte sur l’avancée des travaux, notamment la construction de cette enceinte fortifiée – que les journalistes des chaînes nationales eux-mêmes n’ont pas pu filmer. On craint aussi une attaque de la gendarmerie au petit matin, vers 6 h, pour prendre le camp par surprise. Il est donc décidé de se réveiller à 5 h et de tenir l’Assemblée générale du matin à 5 h 30. À minuit, l’hélicoptère (vraisemblablement celui du chef de la sécurité de l’ANDRA, qu’on pense équipé de caméras thermiques) qui tournait depuis des heures au-dessus de la forêt, s’éloigne enfin.

Dimanche 5 h : matin difficile

Après une certaine confusion, tous n’ayant pas bien compris où était le lieu de rendez-vous pour l’Assemblée Générale, la discussion commence vers 6 h à la Barricade Sud. La nuit a été calme, mais brève, surtout pour ceux qui ont monté la garde sur les différents sites. Le groupe de la Barricade Sud par exemple, n’a pas dormi du tout. Etant donné la stabilisation de la situation, il est décidé qu’il faut mettre à profit ce répit pour construire du matériel et remplacer celui qui a été détruit pendant le bref assaut de la veille. On fabrique des banderoles renforcées, sortes de bâches en plastique épais sur lesquelles on attache des poignées pour trois personnes de front, garnies de mousse afin de mieux encaisser les impacts. Souples, elles sont susceptibles d’amortir des tirs tendus de lacrymogènes ou des explosions de grenades de désencerclement, dont on sait que dans les deux cas ils ont coûté un œil à plusieurs manifestants depuis le début du mouvement contre la Loi Travail.

Le désarroi est un peu le même que la veille au soir : la détermination des militants est intacte, leur conviction inébranlée, mais on se rend compte que beaucoup s’étaient préparés à reprendre la forêt et pensaient que la lutte du week-end aurait pour enjeu principal cette reconquête. Personne ne s’attendait à ce qu’elle soit aussi rapide et facile. Aucun n’est vraiment préparé à l’occupation et à la défense du site. L’idée la plus répandue était que la forêt ne serait occupée qu’une fois la police expulsée. Le choix des forces de l’ordre de demeurer en retrait sans évacuer a surpris tout le monde. De fait, les militants sont sous la menace constante d’incursions ou de charges, et peinent à songer sereinement à l’avenir.

On en est là lorsqu’un groupe de trois éclaireurs revient en expliquant qu’ils ont pu voir la plateforme. Il affirment qu’elle est prenable et potentiellement défendable. Alors que tout le monde avait en tête le mur en béton armé, c’est une excellente nouvelle, une aubaine inespérée, et une réponse tactique à toutes les interrogations stratégiques sur le long terme : prendre et occuper la plateforme signifie l’arrêt des travaux. Les militants, debout depuis bientôt trois heures, s’impatientaient déjà : le mouvement est immédiat. On temporise. On négocie. Combien partent, combien restent ? Un groupe de cinquante se met finalement en route, sans attendre de Street Medics, sans attendre la Legal Team pourtant en route. Cela signifie qu’il n’y aura pas de soins sur place en cas d’affrontement, aucun soutien juridique en cas d’arrestation. On laisse derrière soi le matériel lourd. Certains emportent tout de même des boucliers, dont un en forme de signe « Danger : radiations », et un autre fabriqué avec un couvercle de container à ordures. D’autres encore emportent des extincteurs, ou du Maalox, qui diminue l’effet des grenades lacrymogènes.

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Un sac de pierre près d’une barricade dans la forêt de Bure. Mathieu Brichard DR

Dimanche 8 h : en avant !

La marche est silencieuse, à peine un « Merde ! » étouffé quand on s’enfonce dans une ornière pleine d’eau. Des pauses régulières pour écouter et observer : on sait que les gendarmes mobiles sont postés un peu partout. Étrangement, aucun des éclaireurs n’accompagne l’expédition, et le chemin emprunté n’est pas celui qu’ils ont indiqué. Le groupe s’apprête à faire un détour encore plus grand pour arriver à la plateforme par son côté est et non ouest, celui tourné vers le campement. On retrouve la route à travers bois où plusieurs petites barricades ont été installées. Sur ce passage à découvert, les forces de l’ordre maintenaient une surveillance la veille : elles n’ont pas bougé, et il y aurait même un chien, brièvement aperçu par plusieurs personnes. Elles nous attendaient certainement, puisque leurs collègues nous ont vus partir de la Barricade Sud un quart d’heure plus tôt. Une première scission s’opère dans le groupe lorsque certains, pourtant entièrement vêtus de noir et motivés quelques minutes plus tôt, rebroussent chemin devant l’incertitude totale de la situation tactique et les nombreuses inconnues de la mission : la discussion s’enflamme et une moitié retourne au campement.

Réduits à vingt-cinq, certains montent un groupe de défense sur la route, derrière la banderole renforcée. Le mouvement des policiers en face suggère qu’ils pourraient charger, y compris en véhicule. La décision est prise de reculer, en rangs serrés derrière la banderole, face aux forces de l’ordre, jusqu’à une autre intersection, déjà en partie barricadée. Le projet d’aller jusqu’à la plateforme est provisoirement mis en pause au profit d’une fortification qui pourrait servir plus tard. Les travaux commencent, et en quelques minutes une tonne – au bas mot – de troncs d’arbres et de branches sont pris sur un tas laissé par l’ANDRA et déposés en travers de la route. Cette tâche accomplie, les vingt-cinq militants restants se séparent à nouveau. Un groupe de dix poursuit son incursion en remontant d’abord vers le nord pour se soustraire à la surveillance policière : en s’éloignant, les militants peuvent constater à quel point la position prise par les forces de l’ordre est tactiquement avantageuse. Alors que le bois est assez vallonné, la butte au sommet de laquelle elles se sont installées offre une visibilité sur plusieurs kilomètres de route. Une fois hors de vue, le groupe restreint prend la direction de l’est, s’éloignant de plus en plus des positions tenues par les camarades. À dix, il est désormais clair qu’il ne s’agit plus d’aller prendre d’assaut la plateforme, mais de la voir, en somme de répéter l’exploit des trois éclaireurs du matin, et de revenir avec peut-être plus d’informations. Les deux heures suivantes s’apparentent à une randonnée ordinaire, vers l’est, puis le sud, sous le regard des énormes limaces oranges qui se détachent sur la verdure du bois. On se raconte la journée de la veille, vécue différemment en fonction du lieu : une femme aurait été prise à la gorge par un vigile de l’ANDRA le samedi après-midi, la scène aurait été filmée par France 3 Lorraine et diffusée au journal du soir (édition du 16/07/2016).

Dimanche 11 h : le bonheur est dans le pré

Le groupe coupe à travers champs, profitant de ce que l’hélicoptère de l’ANDRA est occupé ailleurs. On franchitplusieurs lignes de barbelés pour traverser les parcelles d’agriculteurs qui entourent encore le site. Il n’y a plus de chemin, on avance en s’aidant de la carte de la zone, sans certitudes, en prenant soin de ne pas marcher sur des branches mortes dont les craquements s’entendent de très loin. Finalement, après plus de trois heures de marche et un immense contournement pour arriver par l’est, on trouve ce qu’on cherchait : des zones déboisées sur la gauche. On avance courbé derrière les tas de rondins. La plateforme, ce doit être cela, mais point d’engins de chantier de ce côté-ci, et pas de mur. Personne ne le verra… Un vigile de l’ANDRA posté derrière un arbre aperçoit le groupe dès qu’il s’avance à découvert et lance un appel aux renforts. Le groupe était attendu ! C’est le début d’une course-poursuite dans la forêt qui dure une bonne demi-heure, avec l’hélicoptère revenu en soutien. Le groupe reste à l’écart des chemins et des tranchées, s’enfonçant volontairement dans les zones touffues, vers le nord, sans voir de poursuivants, mais sans envie de les laisser approcher tant les récits des violences des vigiles ont frappé les esprits. Cette fois, il n’y aura pas de gendarmes mobiles pour s’interposer comme dans le journal TV, pas de caméra non plus pour filmer la scène. Ça pourrait très mal finir. En franchissant une barricade, une inscription à la peinture rose sur un tronc : « Bisous »… Le retour se fait en ordre dispersé, le groupe à nouveau en désaccord sur la direction à prendre pour être le plus en sécurité. De la course, on passe à la marche forcée, puis, une fois qu’on a regagné la partie ouest du bois, plus familière, à un pas plus tranquille. Soulagement quand apparaissent, quatre heures après le départ, les gigantesques barricades de la Clairière : si difficiles à franchir qu’elles en sont immédiatement rassurantes.

Le répit sera de courte durée puisque, quelques heures plus tard, après le repas de midi, les gendarmes s’emparent de la barricade sud et détruisent une grande partie du matériel que les militants n’étaient pas assez nombreux pour défendre. Les jerrycans sont systématiquement percés, les boucliers emportés, etc. Une force les fait reculer, et les combats se déroulent à quelques dizaines de mètres de la tranchée principale, dans les chemins de traverse où sont déployés sept groupes de dix gendarmes. L’AG (Assemblée Générale) se poursuit sur fond des « Ahous Ahous » des militants invisibles. Peu de temps après, les affrontements se rapprochent à nouveau de l’AG, mais on ne bouge toujours pas. Les camarades au contact avec les CRS ne semblent pas avoir besoin de renforts, et des militants moins enclins à l’affrontement ne feraient que les gêner, ont-ils fait savoir par talkie. Peut-être que, comme Obélix avec les légionnaires romains, ils veulent se garder les gendarmes pour eux tout seuls.

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Les militants face aux Gendarmes Mobiles. Bure. Mathieu DR

Finalement, les gendarmes reviennent en force dans la tranchée; plus question de poursuivre la discussion, tout le monde se lève, sort son masque, son foulard, ses lunettes, et se prépare au gazage, qui ne se fait pas attendre. Les militants reculent face aux lacrymogènes. Nous ne verrons pas la fin de la bataille. La dernière image emportée avant de quitter la zone sera celle des fumigènes lancés par les gendarmes dans les champs, qui commencent à brûler.

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Pluie de fumigènes sur les champs et les manifestants. Bure. Mathieu DR

C’était dimanche soir. Le combat s’est poursuivi le lundi, il continue aujourd’hui, il continuera demain. Jusqu’à la victoire. Mais sans une mobilisation plus forte, le cynisme de l’ANDRA finira par l’emporter.

David contre Goliath ou cheval de Troie : l’implantation de l’ANDRA et de son laboratoire souterrain.

En 2000, L’ANDRA, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs s’est installée à Bure, petit village situé aux frontières de la Meuse, de la Haute-Marne et des Vosges, pour y implanter un « laboratoire de recherche souterrain ». Objectif officiel de ce laboratoire : définir les conditions d’un site d’enfouissement des déchets nucléaires de haute et moyenne activité à vie longue, à plusieurs centaines de mètres de profondeur. La densité de population dans cette zone agricole est extrêmement faible (6 habitants/km2), et l’ANDRA n’a pas hésité à distribuer des dizaines de millions d’euros aux collectivités locales, aux entreprises et aux particuliers afin de s’assurer que rien ni personne ne viendrait s’opposer à l’implantation de son « Laboratoire ». Si dans d’autres villages pressentis ailleurs en France, populations et élus se sont fermement opposés et ont réussi à empêcher l’installation, à Bure l’ANDRA a réussi sa campagne de désinformation : la semaine dernière à Notre-Dame-des-Landes, un paysan expliquait comment l’Agence avait mené sa politique d’achat de terres via un double discours permanent, entre tractations secrètes et déclarations publiques, quitte à lancer des rumeurs infondées sur l’achat de telle ou telle parcelle pour diviser les paysans. D’autres approches sont mises en œuvre par l’ANDRA pour construire l’acceptabilité sociale de l’inacceptable. Mais elle pouvait aussi compter sur un allié naturel de taille : EDF.

Convergence des stratégies d’appropriation

Coïncidence troublante, à moins de dix kilomètres de là EDF a en effet implanté en 2011 son nouveau centre d’archivage, présenté ainsi par ses architectes, le cabinet Franck Boutte : « Dans les paysages de la Meuse, et dans le cadre du support économique de la Haute Marne, EDF a décidé d’installer les archives des supports de production en Ingénierie. Jusqu’à présent, ces copies papiers étaient stockées dans des unités de productions nucléaires, hydrauliques, et thermiques ainsi que dans les unités de génie civil et des services connexes. En plus d’être réparties sur différents sites, elles étaient aussi conservées de manière plus ou moins équivalente. Il était donc devenu nécessaire de les regrouper afin de rationaliser et optimiser les fonctions d’archivage : tri, indexation. »

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Le site d’archives de l’EDF à Bure. Photo Julien Lanoo. Source : site internet de l’architecte

Selon un militant local, cette implantation d’EDF permettrait d’accroître la dépendance économique du territoire; en maîtrisant les emplois, EDF – dont il est difficile de croire qu’elle ne s’est pas concertée avec l’ANDRA – peut exercer une pression : comment, en effet, militer sans risque contre l’ANDRA lorsqu’on est employé d’EDF à quelques kilomètres de là ? « Dans le cadre du support économique de la Haute-Marne » dit l’architecte lui-même. À nous de lire entre les lignes. Tout le secteur lié directement ou indirectement à l’énergétique nucléaire concentre ici ses efforts. Il est développé conjointement par l’ANDRA et par les producteurs de déchets (EdF, Areva, CEA), et le Cigéo (Centre industriel géologique), nom trompeur pour une poubelle nucléaire bien réelle, occuperait 70 hectares d’installations nucléaires en surface et des galeries souterraines à 500 mètres de profondeur sur 15 km². L’ANDRA a acheté de son côté 1 200 hectares de terres, et les aménagements du territoire (voie ferrée, route, terrassement, lignes électriques…) sont prévus avant 2020. En somme, tout est presque déjà en place. Tout a sans doute toujours été prévu ainsi depuis les premiers temps du projet.

Du laboratoire au site d’enfouissement

Il apparaît clairement qu’il n’a jamais été dans l’intention de l’ANDRA que Bure demeure simplement un site de test. C’est d’ailleurs sans vergogne que l’Agence se vante de son calendrier de recherche extrêmement rapide :

« Le laboratoire souterrain : un outil scientifique unique. : creusé à partir de l’an 2000, le Laboratoire souterrain constitue un atout scientifique exceptionnel pour l’Andra. Il permet l’observation et la mesure in situ des propriétés des argiles du Callovo-Oxfordien âgées de 160 millions d’années et la mise au point de techniques d’ingénierie (creusement – soutènement). Le site du Laboratoire souterrain se compose d’installations en surface (locaux administratifs, ateliers, laboratoires et bâtiments d’accueil du public), sur une superficie d’environ 17 hectares, de deux puits d’accès de 4 et 5 mètres de diamètre, de plus de 1400 mètres de galeries souterraines exploitées à 445 et 490 mètres de profondeur, implantées directement dans la couche argileuse du Callovo-oxfordien. Jusqu’en 2006, le but du laboratoire souterrain était de déterminer la faisabilité d’un stockage géologique. Les expérimentations scientifiques et techniques ont permis de qualifier, vis-à-vis de la sûreté à long terme, la couche argileuse pour le confinement de la radioactivité ; de vérifier que les perturbations qu’engendrerait un stockage sur le milieu rocheux ne modifient pas les capacités de confinement de la roche. Après 2006, l’Andra entre dans la préparation de la phase industrielle de conception et d’implantation de Cigéo. » (Source : le site de l’ANDRA.)

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Le « laboratoire ». Infographie issue du site de l’ANDRA

Cigéo, c’est le site d’enfouissement : six ans seulement après le début de l’implantation du laboratoire, le verdict est rendu. Comme le résume le site Bure Zone Libre : « Après 15 ans d’études sur un site unique et sans contre-expertise, 25 ans d’arrosage financier des départements, sans jamais aucune consultation nationale quant à l’avenir du nucléaire et de ses déchets, l’Andra choisit par un total hasard le sous-sol de Bure où enfouir, pour l’éternité, des déchets qui seront radioactifs pendant des centaines de milliers d’années. »

L’ampleur des investissements et la logique de rationalisation financière laissent peu de doutes sur l’intention initiale de l’ANDRA : installer à Bure son site d’enfouissement; comment aurait-elle pu, en effet, ne pas chercher à rentabiliser son laboratoire ? Mieux, comment aurait-elle pu en justifier l’existence a posteriori si elle avait déterminé à l’issue des recherches que le site n’était pas approprié ? À la fois juge et partie, L’ANDRA n’a pu que s’efforcer de justifier son hypothèse de départ, comme en témoigne le processus mené à l’Assemblée Nationale et au Sénat. On atteint des sommets de collusion et de conflits d’intérêts. Cependant le problème ne vient pas seulement de la mauvaise foi de l’ANDRA ou de ses manipulations, mais de l’absence totale de concertation politique, de consultation citoyenne – de démocratie en somme. On sait bien pourquoi : l’enfouissement des déchets, on n’en veut pas, le nucléaire, on n’en veut pas. Quand on sait par avance que les intéressés et le peuple vont refuser, on ne les consulte pas. Ou alors comme à Notre-Dame-des Landes, on s’arrange pour faire voter ceux qui ne se sentent pas directement concernés par les nuisances, afin de noyer dans leur masse l’opposition radicale de ceux qui les vivront au quotidien.

Dès lors, il ne faut pas s’étonner que la contestation se radicalise, et que naissent les Zones À Défendre, venues contrebalancer l’absence de processus démocratique et le passage en force des projets. Quant à l’ANDRA, elle avait bien senti souffler le vent de la révolte, et affichait fermé pour le week-end :

« Les espaces publics du Centre de Meuse/Haute Marne de l’Andra seront exceptionnellement fermés ce week-end, samedi 16 et dimanche 17 juillet 2016. Merci à nos visiteurs de reporter leur venue. » 

Une manière aussi sans doute de dire : « No comment ».

À nous de ne pas nous taire, et de ne pas laisser faire, dans l’indifférence molle du consensus ignorant ou pire, du déni.

Allez, à ce prix là, vous en prendrez bien pour cent mille ans ?

Mathieu Brichard en reportage à Bure pour GAZETTE DEBOUT

Pour en savoir plus :

La maison de la Résistance : https://burezonelibre.noblogs.org/

Pour suivre l’actualité du bois de Mandres, rendez-vous sur http://vmc.camp/

L’info dans la presse locale : http://www.estrepublicain.fr/edition-de-bar-le-duc/2016/07/17/bure-on-a-repris-le-bois

Et à la télévision :

http://france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/meuse/bure

http://france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/haute-marne/les-anti-nucleaires-jouent-au-chat-et-la-souris-bure-avec-les-forces-de-l-ordre-1050153.html

Crédits photos:

  • bure-16-17-juillet_03: Laetitia DR
  • bure-16-17-juillet_04: Mathieu Brichard DR
  • bure-16-17-juillet_05: Mathieu Brichard DR
  • bure-16-17-juillet_06: Mathieu Brichard DR
  • Bure-16-17-juillet_07: Mathieu Brichard DR
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  • Bure-16-17-juillet_12: Mathieu DR
  • Bure-16-17-juillet_13: Mathieu DR
  • Bure-16-17-juillet_14-edf_lando: Julien Lanoo
  • Bure-16-17-juillet_15-labo-souterrain: ANDRA / DR
  • Bure-16-17-juillet_01: Mathieu DR

8 réactions sur cet article

  • 21 juillet 2016 at 15 h 55 min
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    C’est bien de se battre pour un monde meilleur. Mais là, je pense que vous avez mal choisi votre lutte…

    Car qu’on arrête le nucléaire, ou pas, les déchets radioactifs ont été et seront produits ! Cigéo sert juste à les mettre en sécurité pour que les générations futures (dans 1, 10 ou 100 siècles) n’aient pas (trop) à s’en soucier…

    Donc, en plus d’être démocratique et légal, ce projet est ce qu’on pouvait léguer de moins pire à nos descendants.

    Bref, lutter contre les grands projets inutiles, oui. Mais alors résolument pas celui-là !

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    • 21 juillet 2016 at 20 h 45 min
      Permalink

      Il existe une industrie du nucléaire qui repose sur la désinformation, le déni vis à vis des risques et la menace institutionnelle ; et une fois que l’enfouissement des déchets aura abouti, il n’y aura alors « plus aucun argument » pour stopper le nucléaire. Et l’on nous dira : « Vous avez vu, on a trouvé une manière propre et honnête de régler le problème des déchets nucléaires. »

      Vous nous demandez si nous sommes irresponsables, je vous retourne la question.

      Non, ces arguments ne peuvent pas être validés, le nucléaire est dangereux, incontrôlable et injustifiable.

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      • 22 juillet 2016 at 9 h 50 min
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        > une fois que l’enfouissement des déchets aura abouti, il n’y aura alors « plus aucun argument » pour stopper le nucléaire

        Si, celui de « l’accident grave », type Tchernobyl ou Fukushima.

        Et admettons, que la France sorte du nucléaire. Vous suggérerez alors qu’on en fasse quoi de ces déchets ?… Toujours rien ?

        En réalité, si je vous comprends bien (dites-moi si je me trompe), votre discours c’est : « tant que je n’obtiens pas ce que je veux (la sortie du nucléaire), je ferai tout pour qu’on laisse les déchets là où ils sont (pour embêter les nucléocrates). Et si je ne l’obtiens pas, tant pis pour les générations futurs, ça sera de la faute du lobby nucléaire s’ils ont à gérer cet héritage, pas la mienne. »

        Donc oui, je pense que votre doctrine sur Cigéo manque de solidarité vis à vis des générations futures.

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        • 22 juillet 2016 at 12 h 02 min
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          Nous en reparlerons lorsque l’ANDRA sortira de sa logique d’opacité, de mensonge et d’anonymat, Guillaume. C’est normal de vouloir défendre une entreprise qui vous est chère, mais ça ne doit jamais se faire en dépit de l’intérêt général, voilà tout.

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