Bilan des commissions de Nuit Debout #1 : la communication physique

Près d’une centaine de commissions ont vu le jour à Nuit Debout. Certaines plus éphémères que d’autres. Après quatre mois de luttes et d’occupation de la place de la République, Gazette Debout a demandé aux plus actives de dresser un premier bilan de leur action et d’envisager leur avenir. La commission « Communication physique » débute cette série.
pochoir-republique
L’un des premiers pochoirs de Nuit Debout sur la place de la République en avril – DR
– Nom de votre commission :
La Communication physique
Nombre de membres :
Au début, nous étions plus de 80 personnes, sans compter les moments de diffusion des tracts, où nous étions rejoints par les membres de la commission Action. Actuellement, la liste de diffusion compte 27 personnes. Mais le noyau dur des plus actifs et actives est resté stable, environ une dizaine de personnes.
–  Comment vous contacter ?
Grâce à notre mail : comnuitdeboutparis@riseup.net
Quelles sont les grandes thématiques sur lesquelles vous avez travaillé ?

Nous avons lancé les premiers visuels graphiques et campagnes de collage et tractage avec l’appel à squatter la place le 31 Mars pour répondre au mot d’ordre initial : « Après la manif, comment leur faire peur ? Le 31 mars on ne rentre pas chez nous ! ». Nous étions présent.e.s lors de toutes les manifestations et appels à action contre la loi travail pour diffuser des milliers d’affiches, de tracts et d’autocollants (environ 150 000). De même, nous avons produit la plupart des visuels pour les réseaux sociaux, enfin la toute petite équipe de graphistes surtout (la typographie Nuit Debout libre de droit sur le wiki, les logos Nuit Debout, le twibbon Facebook contre les violences policières, les visuels de présentation d’actions ou d’évènements tels que Nuit Debout est une zone hors CETA-TAFTA, l’Assemblée de séparation du Medef et de l’Etat…) ! Nous avons également produit les deux numéros du journal 20 000 luttes et les deux numéros du journal Poing et assuré leur diffusion dans les métros, la rue, les manifs…Ce sont des médias transverses, multi-luttes, parlant de l’émancipation citoyenne, de féminisme, du droit au logement, de la lutte anti-fasciste, d’écologie, de l’histoire de la Commune de Paris, de loi travail etc.

Dernièrement, nous avons participé à la production d’autocollants pour l’été : ND 100 peur, ND partout, ND et vous, ND se lève…

 
Que retiendrez vous de ces 100 jours d’occupation sur la place ?
La solidité, la constance, la ténacité et la fiabilité de certaines personnes a contrario d’autres qui semblaient si investies et déterminées au départ, puis qui ont disparu sans laisser de traces. Le rythme effréné à la mesure des initiatives et des bonnes volontés des Nuitdeboutistes. Les premières semaines sans sommeil à cause des centaines d’heures passées sur Telegram. Les réunions à rallonge où les cellules grises cramaient dans le bon sens parfois et dans le très mauvais sens égotique. Ce qui m’a frappée, c’est la capacité de certaines personnes à s’exprimer, trancher et produire des choses en un temps record et sans besoin de recul. Le plus positif de ces 100 jours, c’est ce sentiment d’être une communauté solidaire autour de Nuit Debout. Le tutoiement est de rigueur, la chaleur de circonstance et l’aide spontanée de mise. Cette richesse incroyable, cette surenchère d’initiatives, d’actions, de créations, de slogans… … Je n’en revenais pas de la fulgurance des idées. Un tsunami de bonnes volontés et de forces aussi créatrices qu’actives.
Qu’avez-vous prévu pour la rentrée ?
Avec certain.e.s de la communication physique, nous nourrissons, entre autres et notamment, le projet de développer un journal mural à coller en grand format. Et aussi, nous continuons de travailler des visuels dans un esprit « ARTiviste » pour les prochaines manifs et actions.
Une anecdote qui vous est chère.
Le 1er soir, le 31 Mars : ce moment de grâce où tout le monde se regardait dans les yeux et le cœur, les yeux mouillés par la pluie mais aussi par l’émotion d’être là, d’abord sans objectif précis mais au fond de nos âmes, nous savions pourquoi nous étions tou.te.s réuni.e.s sur cette place. J’ai rencontré des personnes qui se connaissaient entre elles. C’est marrant de constater à quel point le milieu militant est petit. J’ai adoré le fait que Nuit Debout, c’était tout le monde et personne à la fois. Sans que cela ne soit prévu, je me suis retrouvée à tenir le stand du journal 20000 luttes, dont j’avais rédigé des articles, et c’est là que j’ai rencontré pour la première fois le créateur et l’autre rédactrice/graphiste du journal. C’était étrange d’enfin poser un visage sur ces personnes avec qui j’avais échangé tant de mails ! Aujourd’hui, ce sont des ami.e et nous continuons la lutte ensemble en créant des tas de trucs et bidules visuels pour les manifs ou autres actions. Et il n’y a pas qu’elles-eux ! D’une manière générale, toutes celles et ceux avec qui j’ai bossé à la com physique sont devenu.e.s de vrai.e.s compagnon.ne.s de lutte !
Autre moment fort, le jour du forum des luttes (second week-end après le 31). J’étais venue en abeille car j’avais une marche contre les pesticides. Avec JB Voltuan, l’homme aux mille pancartes, on a défilé solennellement. Ensuite on a fait une déclaration en parole libre, puis une interview à TV debout.J’ai claqué la bise à d’innombrables personnes de tous bords car, comme dit plus haut, le monde militant est minuscule. J’ai ensuite enfilé la casquette Nuit Debout pour la communication et j’ai fait de belles rencontres notamment les créateurs du Le Poing. J’ai vraiment ressenti le principe de forum des luttes, je me retrouvais connectée à tout le monde, regardant dans la même direction même si ce n’était pas pour les mêmes raisons.
 
Les interviews aussi sont de grands moments de flipette car c’était à la période où fallait faire attention : ne pas dire son nom, ne pas être présenté-e comme porte-parole etc. Le premier direct avec BFMTV s’est fait sous la pluie : c’était quelque chose ! Les gens sur la place voulaient empêcher l’interview. Celui avec France 24 était angoissant car il fallait lancer un débat sur le plateau avec des interlocuteurs « prestigieux » (députés, professeurs université spécialisés en mouvements sociaux…) Je n’avais pas été prévenue : j’étais déstabilisée et mon discours n’était pas terrible… #GrandsMomentsDeSolitude…!
Youlie
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Crédits photos:

  • Pochoir: Nuit Debout / DR
  • Appel 8 avril: Nuit Debout / DR

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