Les lanternes de Notre-Dame-des-Landes

Ce week-end avait lieu à Notre-Dame-des-Landes, site menacé par un projet de construction d’aéroport, un festival mêlant nombreuses conférences sous huit chapiteaux le matin et l’après-midi, et concerts le soir. Samedi, dès la nuit tombée, cinq cent lanternes rouges devaient être lancées dans le ciel en mémoire de Rémi Fraisse, militant tué à Sivens le 26 octobre 2014 par les forces de gendarmerie. J’ai passé trois jours au festival, au camping, et dans la ZAD où résistent des gens de tout âge et de tous horizons. J’évoquerai ces expériences un peu plus tard. Ce soir, je vous adresse, à vous lecteurs de Gazette Debout, ce texte qui n’est encore en musique que dans ma tête, écrit sur le trajet du retour.

Les lanternes (Chanson)

Dans le ciel de Notre-Dame-des-Landes
Les étoiles dansent au gré du vent,
Elles sont rouges de joie et de sang,
Et veillent sur la Zone À Défendre.

Pour la mémoire d’un camarade,
Brûlent les lanternes sur la ZAD,
Ce soir-là Notre-Dame c’est toi,
Parmi les « Cent Noms » et les sans-toits.

Allume un feu pour Rémi Fraisse,
Un homme, un enfant, la Jeunesse,
Tombée pour la cause de la Terre
Sous les coups des flics militaires.

Toi qui l’allumes, Zadiste ou militante,
Tu as vingt ans ou bien cinquante,
Le visage en feu, les yeux clairs,
La mèche folle, le pas « déter’ »,

Le cheveu blond, gris, ou bien noir,
Peu importe on vit sans miroir ;
Ta beauté c’est ton espérance,
Et ta tristesse et ta souffrance.

Pour la mémoire d’un camarade,
Brûlent les lanternes sur la ZAD,
Ce soir-là Notre-Dame c’est toi,
Parmi les « Cent Noms » et les sans-toits.

Nous sommes des milliers ce soir,
Nous serons demain des milliards
À lutter contre les barbares,
leur monde absurde et sans espoir.

Capitaliste, si tu m’entends,
Chanter depuis Notre-Dame-des-Landes,
Sache : ce pré n’est plus ta prébende ;
Partout où t’attaques, on défend.

Entre les Fosses Noires et les « Vraies Rouges »
Ceux qui s’implantent sont ceux qui bougent,
Ceux qui cultivent, ceux qui enchantent,
Dont les drapeaux poussent dans les branches.

Pour la mémoire d’un camarade,
Brûlent les lanternes sur la ZAD,
Ce soir-là Notre-Dame c’est toi,
Parmi les « Cent Noms » et les sans-toits.

Vous êtes des zéros dans des banques,
C’est nous la vraie force du nombre,
C’est nous qui guettons dans votre ombre,
Retournez-vous ! Sus à la planque !

Pour la mémoire d’un camarade,
Brûlent les lanternes sur la ZAD,
Ce soir-là Notre-Dame c’est toi,
Parmi les « Cent Noms » et les sans-toits.

Toi qui arpentes la Route des Barricades,
Qui vis pieds nus dans la forêt,
De Nantes ou d’ailleurs, toi camarade,
On te salue jusqu’à la Grée.

Le cœur plein d’amour et de larmes,
Et pas près de rendre les armes,
J’emporte avec moi la lutte, les visages :
Retour à Paris, mais pas sage.

Ma ZAD à moi, elle est partout,
À Notre-Dame, à Nuit Debout ;
Elle est dans les bras de l’amour,
dans ma tête de vieux troubadour.

Je caresse dans l’oeil de l’amante
La révolution scintillante,
L’étincelle et la poudre ensemble,
Elle est ma colère, et j’en tremble.

Pour la mémoire d’un camarade,
Brûlent les lanternes sur la ZAD,
Ce soir-là Notre-Dame c’est toi,
Parmi les « Cent Noms » et les sans-toits.

Serre-moi la main, mon camarade,
Ce soir on devient la Brigade,
Amis d’un jour et frères de sang,
À nous deux on est devenus cent.

(Mathieu Brichard)

Notes : les « cent noms » est le nom adopté par un collectif de la ZAD sur la route des barricades ; les « Vraies Rouges » est le nom (choisi avec autant d’humour) d’un autre collectif, installé près du lieu dit des Fosses Noires. La « Grée » est un autre lieu dit de la ZAD.

Crédits photos:

  • Lanternes NDDL: Nuit Debout / DR

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