Tintin et les mystérieuses Nuit Debout à Rennes

De passage en Bretagne en juin dernier, je contacte un confrère rennais (dit «mon vieux Milou») qui m’annonce : « Il y a une guerre civile en France étouffée par les médias et ignorée par le gouvernement. Elle dure depuis 3 mois, mille millions de mille sabords ! » Sacrebleu ! N’écoutant que mon courage de Tintin Reporter, je rejoins à Rennes mon vieux Milou.

Il me fait visiter son terrain de jeux avec ses grandes avenues aérées, ses CRS en armures et ses espaces verts. Saperlipopette ! Il semble que le capitaine Haddock soit à la mode à la vue de cette population citadine barbue et tatouée qui sent la bière forte. La ville ressemble à un grand mur d’expression où tags, graffitis et slogans révoltés recouvrent la cité en perpétuelle construction. Le décor planté, nous nous rendons à une de ces mystérieuses réunions de lutte. En avant mon vieux Milou !

Notre première soirée est une A.G interpro de 300 personnes dans un parc. Au début on parle et on écoute dans le respect en levant la main, on expose différentes actions et questions, on vote à main levée. Puis au fil du débat, trois personnes accaparent la parole, gaspillent le temps de réunion pour imposer leurs idées et censurer celles des autres. Certains courageux prennent la parole face à ces censeurs autoproclamés, mais la plupart se taisent ou quittent la réunion en ronchonnant.

Bilan mitigé, peut-être une mauvaise pioche. Ne nous hâtons pas de juger, un planning chargé de réunions m’attend chaque soir de la semaine. Après deux manifestations calmes et bruyantes sous bonne garde policière sans violences excessives et quelques commissions agriculture, démocratie et AG Nuit Debout, je peux enfin me faire un avis.

A première vue, on pourrait penser que ces groupes de 15-20 personnes de tous âges assises en cercle, à même le pavé, ne font que d’interminables blablas. Certains parlent d’action, d’éducation populaire, posent des questions, parlent pour ne rien dire, veulent faire des badges, des journaux, des conférences, créer des caisses de lutte pour les projets. De vieux punks viennent nous taxer des clopes. Même si certaines personnes semblent parfois monopoliser l’attention, les discussions deviennent constructives. On se nourrit les uns des autres. On profite de l’expérience de vie et des connaissances de tous. Les anciens recadrent parfois les débats trop immatures, permettent de prendre du recul et mettent en lumière les vrais enjeux. On renoue le dialogue entre générations. On évite d’aller trop vite, on refuse d’être récupéré, amalgamé pour finalement disparaître. On sent l’envie de chacun de dire, de faire et de changer les choses. Car l’union fait la force : on est moins impuissant en groupe. Il semble bien que ce soit une aventure humaine et que le salut viendra de cette dynamique d’union et d’écoute.

Courage, sapristi, camarade Français, je m’en vais voir si le sable est aussi chaud en Belgique. Debout les damnés de la terre ! Debout les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, c’est l’éruption de la fin. Du passé faisons table rase, foule esclave, debout ! Debout ! Le monde va changer de base : nous ne sommes rien, soyons tout !

Tintin Reporter

Crédits photos:

  • ND Rennes: Nuit Debout Rennes – DR

Une réaction sur cet article

  • 7 juillet 2016 at 13 h 32 min
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    En effet les AG interpro (qui n’ont plus lieu a priori d’ailleurs) n’ont pas grand chose à voir avec le mouvement Nuit Debout (sur Rennes en tous cas).

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