La commission grève générale ne compte pas baisser les bras

REPORTAGE — Nous avons obtenu une interview rare avec un des membres de la commission Grève générale, un des multiples satellites de Nuit Debout et du mouvement social. Notre interlocuteur préfère rester anonyme mais nous livre des informations difficiles à trouver en temps normal.

Gazette Debout : Quel est l’objectif de la commission Grève générale ?

Dans un premier temps, il faut se donner les moyens d’annihiler la loi travail. On est confrontés à un facteur capital, qui affecte grandement nos moyens et notre capacité à nous organiser et à agir : ce facteur capital, c’est la répression politique d’une ampleur effroyable qui s’est intensifiée durant ces trois derniers mois.

Gazette Debout : Vous prévoyez une contre-attaque ?

On est déjà dans la contre-attaque et on prévoit encore beaucoup de choses. Nous allons continuer, c’est clair et net. Nous avons ressenti le besoin de nous coordonner pour éviter de démultiplier les initiatives, afin de ne pas nous épuiser, et surtout de concentrer nos forces. Pour nous, le meilleur moyen d’exercer une pression sur le gouvernement, c’est la grève générale. Nous mettons en place des réseaux pour organiser cette grève.

Nous sommes moins souvent présents sur la place de la République, parce que nous avons trouvé plus pertinent et plus urgent d’établir et de consolider une coordination avec des organisations et des groupes qui évoluent en dehors de la place. Et ça nous prend énormément de temps. La raison pour laquelle nous lançons un processus de convergence en dehors de la place, c’est que nous voulons dépasser le seuil des trois cents participants aux actions coordonnées. Nous allons continuer. En terme d’actions, est né de cette coordination le blocage simultané de quatre dépôts de bus, en soutien à la grève de la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens).

Grève générale
Grève générale / Stéphane Burlot / DR

Gazette Debout : Comment vous organisez-vous ?

Plutôt de manière horizontale, parce que notre effectif est encore minime, et que nous sommes tous révolutionnaires. Dès lors que notre effectif dépassera la centaine, cette organisation horizontale pourrait être remise en question. Ce sont des questions importantes. L’action, c’est le temps de l’urgence. Il faut trouver la meilleure organisation qui soit. Par comparaison, on retrouve dans cette coordination la même dynamique que dans Nuit Debout, bien qu’elle ne soit pas de même nature.

Nous devons par ailleurs surmonter certains obstacles. Au sein des lieux de travail, lors de différents blocages, ou même pendant des tractages, on a été confrontés à plusieurs reprises à une certaine animosité de la part de certains travailleurs ; mais on a toujours réussi à négocier et à gérer ces situations. À la commission Grève générale, on s’évertue à concilier deux aspects : le temps démocratique et le temps de l’action. C’est très, très compliqué. Avant Nuit debout, j’étais comme beaucoup de gens, je luttais tout seul, dans ma tête, et c’était éreintant. J’étais imprégné de doutes plus ou moins stériles, j’avais du mal à tenir la barre au jour le jour. Par conséquent, tout ce qui se passe aujourd’hui est très, très positif. D’un point de vue personnel, ça me permet de respirer.

Tous hors la loi
Tous hors la loi

Gazette Debout : Pour le moment, avez-vous des résultats positifs ?

Ça se passe plutôt bien dans la mesure où ce qu’on fait, ça nous plaît. L’objectif de cette commission, tel que je le perçois, était de commencer les actions. Sur la place de la République, ce qui nous a épuisés c’est la sacralisation de l’élaboration d’un processus démocratique émanant de groupes qui, parallèlement, prônaient soit l’apolitisme, soit un réformisme criant. Même si ce débat est essentiel, il ne permet à aucun moment de prendre des décisions urgentes. L’horizontalité prônée par beaucoup de gens de Nuit Debout est séduisante, mais apporte très vite pas mal de complications.

Gazette Debout : Y a-t-il eu des déceptions ?

Oui, à plusieurs reprises. Mais c’est encore le début de cette grande coordination, qui se fera sur le long terme. On s’est toujours assurés d’établir un contact préalable avec les travailleurs du lieu concerné par notre action, donc de la réaliser avec eux. Il faudra beaucoup plus que cette coordination-là, qui n’est qu’un début. Nous ne sommes pas nombreux, il faut garder de l’énergie pour la lutte.

Gazette Debout : Et toi, le fait que la lutte reparte aujourd’hui, comment le ressens-tu ?

À titre personnel, ça me fait du bien, ça me rassure. Cela dit, une fois que tout est en place, je reste à des années-lumière d’être satisfait.

Propos recueillis par Alan.

Crédits photos:

  • Grève générale: Stéphane Burlot / DR
  • Tous hors la loi: Nuit Debout / DR
  • Blocage rue: Alan Tréard / DR

Alan Tréard

Auteur, reporter pour la Gazette debout.


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