Sophie met un carton rouge à la loi travail

ACTION MEDIAS DEBOUT DANS LA FAN ZONE. Sophie a mouillé le maillot  ! Dimanche 19 juin 2016, quand je l’ai vue partir de la place de la République pour se rendre à la fan zone, à l’occasion du match France/Suisse, accompagnée de quelques personnes, refusant même l’une d’entres elles, qui ne se sentait pas très bien, je me suis dit que cette fille était « couillue ». Barrée mais couillue… Alors forcément, quand j’ai vu le résultat qu’elle a obtenu,  parvenir à repérer la transversale de Dimitri Payet (le meilleur de l’équipe de France à mon avis) tout en brandissant un carton rouge pour scander « Il se passe des choses aussi en France, on met un carton rouge à la loi travail !« , j’ai dit « balèze ».

Vous trouverez ci-dessous son récit de l’opération, ainsi que les images de son intervention. Mais auparavant, je veux vous dire pourquoi son action m’a touchée.  Parce qu’à la même heure, je regardais le match et j’entendais tous les journalistes pester contre la mauvaise qualité du terrain de foot. Je facebookais « ‪#‎bfm‬ qui critique l’état des pelouses non mais au secours ! Si l’‪#‎uefa‬ ne se gavait pas et surtout payait ses impôts sur ce qu’elle touche en France, les collectivités locales pourraient sans doute investir dans l’entretien des terrains« .

Tandis que des tweets saluaient l’action de Sophie, des likes et des partages s’affichaient sur la page Facebook de Gazette Debout. Les réseaux sociaux autour de Nuit Debout s’enflammaient un peu plus que ce match, qui se terminerait sur un 0-0. A ce moment là, je me suis dit « Peu importent les moyens, la lutte est relayée par beaucoup de gens, qu’ils aiment ou non le foot« . Alors, allez Sophie, on est avec toi ! Des gens ont applaudi ton action, d’autres en ont été médusés. Carton rouge au foot business ! Carton jaune aux journalistes bornés ! Penalty en faveur de Nuit Debout et de tous ces activistes, quoiqu’ils fassent, où qu’ils soient : ils sont bienvenus dans le paysage national !

Revue 21 juin - Sophie
Voir la vidéo avec l’intervention de Sophie.
Lire l’article de Slate.fr sur le même lien

Alors, comment l’action s’est-elle passée ?

« Ça a été compliqué ! Nous sommes arrivés à quatre avec quelques tracts dans des sacs, ou pliés dans nos poches. Premier contrôle, côté femmes, car c’est séparé. La première fouille est effectuée par les gendarmes, méticuleux mais pas intrusifs. Plus loin, de nouveau, une file d’attente, et là c’est la sécurité : fouille au corps, vidage de poches. Là, je me suis fait choper et ils m’ont fait évacuée en me raccompagnant : « Les tracts politiques sont interdits, c’est de la propagande, pas de ça ici ! Et ne revenez pas, on a filmé votre visage, on vous a repérée« .

Je me suis ensuite dirigée vers l’autre bout, une autre entrée. J’ai récupéré d’autres tracts auprès d’un des quatre camarades, qui avait renoncé en voyant que ses deux comparses étaient entrés mais avaient dû jeter leurs tracts. On s’est donc retrouvés dehors et on s’est de nouveau re-équipés en tracts. Quelques-uns planqués un peu où on pouvait. J’ai réussi à rentrer, mais pas lui. Comme moi, il a été exclu et ses tracts jetés. Il a laissé tomber vu le dispositif.

De mon côté, je ne savais pas si les deux autres étaient rentrés car on s’était perdus sans échanger nos numéros. On était trop confiants sur la possibilité de se retrouver après les contrôles. Je les ai cherchés en vain; j’ai alors compris qu’ils étaient repartis car ils ne me voyaient pas arriver et n’avaient plus aucun tract ! Je me suis donc retrouvée seule… J‘ai flâné pendant le match, cherchant des équipes TV. Comme personne n’était en direct, je pensais vraiment que c’était foutu…

Et puis, j’ai vu des journalistes, en plein casting de supporters maquillés. Ils cherchaient une femme, et celle qu’ils tentaient de pêcher était réservée, elle ne voulait pas. Comme j’étais à côté, à guetter,  j’ai dit, en souriant, que je voulais bien participer. Les gens m’ont soutenue. Je me suis donc retrouvée sur l’estrade avec le journaliste et deux clowns en bleu blanc rouge. Le journaliste nous a demandé nos prénoms, on a échangé un peu sur le match et le direct est parti ! Il a voulu commencer par moi j’étais ravie !

J’ai dit quelques mots sur le match et la transversale de Payet. J’avais à la main un verre à l’effigie des sponsors; j’avais glissé à l’intérieur un tract « Carton Rouge à la Loi Travail ». Je l’ai montré face caméra en disant : « Il se passe des choses aussi en France, on met un carton rouge à la loi Travail ! Pendant que le journaliste, gêné, me disait que « c’était pas pour eux ça », en me poussant par le bras. Le vigile m’a alors tirée par le bras… »

À lire : l’interview de Sophie Tissier, référente de la commission Médias Debout, à l’origine de cette action.

Gageons qu’il y aura d’autres relais de l’action Médias Debout

Pour en savoir plus sur le foot business, nous vous conseillons l’excellent article du magazine Alternatives Economiques.

GAZETTE DEBOUT.

 

Crédits photos:

  • Revue 21 juin – Sophie: DR

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