Revue de presse politique du 16 juin // #108Mars

Revue 16juin 01 Le Foll
« Les décisions seront prises au cas par cas de ne pas autoriser les manifestations », Stéphane Le Foll, porte-parole d’un gouvernement anciennement de gauche.

REVUE DE PRESSE. Mardi 14 juin, les Français se sont rassemblés en nombre dans les rues pour s’insurger contre la loi Travail. Selon les organisateurs, ils étaient un million à Paris; pour la police, seulement 80 000. La Gazette Debout a suivi de près le cortège et, deux jours après, les violences occasionnées par les casseurs ont laissé des traces. Retour sur les faits qui ont marqué l’actualité.

Le 14 juin : une journée plus que tendue

La journée du 14 juin 2016 était attendue avec impatience. Non, les Français n’étaient pas tous pressés de  suivre une rencontre footballistique, mais bien de manifester dans les rues pour se faire entendre du gouvernement et s’insurger contre la loi Travail et l’utilisation du 49.3.  La Gazette Debout a suivi de près la manifestation du 14 juin,qui a réuni une véritable marée humaine. A peine le cortège s’était-il ébranlé qu’une forte tension s’est fait sentir, notamment due à l’omniprésence de la police qui n’a pas hésité à faire usage de bombes lacrymogènes et de canons à eau. Dans les médias, le but de cette journée a vite laissé la place aux dégâts des casseurs et à la violence au sein du cortège.

Les hommes politiques de tout bord n’ont pas tardé à réagir face à de telles violences, et le gouvernement voit même un moyen d’interdire les manifestations. Suite au Conseil des ministres de ce mercredi 15 juin, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, est venu rendre compte des propos du président de la République, François Hollande. « A un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garantis […] Les conditions dans lesquelles on autorise une manifestation sont une discussion entre les organisateurs et les autorités représentant l’État. Si les conditions ne sont pas réunies pour protéger les biens personnels ou publics, et pour l’instant elles ne le sont pas, à ce moment-là les décisions seront prises au cas par cas de ne pas autoriser les manifestations ».

« Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations », Manuel Valls

La Gazette Debout vous rend compte de la nouvelle qui a agité la presse et les syndicats : Manuel Valls demande à la CGT de ne plus manifester. Invité sur France inter, le Premier ministre fait le point sur la journée du 14 juin dernier et le projet de loi Travail. Le gouvernement tient tête face aux Français qui sont contre le texte, et Manuel Valls veut faire comprendre que l’Article 2 sera voté quoi qu’il arrive. « Le gouvernement ne changera pas un texte qui est déjà le résultat d’un compromis avec les syndicats réformistes il y a plusieurs mois […] Si ce texte n’allait pas jusqu’au bout, ce serait la victoire de ceux qui peuvent bloquer un texte dans la rue ou ceux qui voudraient faire passer en force leur vision ultra-libérale de la société »

Quant aux violences et aux dégradations en marge de la manifestation, Manuel Valls a sa solution pour que les groupes de casseurs cessent de détruire des rues entières. « Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris et au cas par cas, car vous savez qu’on ne peut pas prononcer une interdiction générale, nous prendrons, nous, nos responsabilités ». Une décision soutenue et sollicitée par de nombreux hommes politiques comme Alain Juppé, candidat à la primaire de droite pour 2017, ou encore Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du parti socialiste.

Cette décision est loin de plaire aux principaux intéressés, à qsavoir les militants de la CGT. Dans un communiqué, il n’ont pas tardé à s’exprimer. Philippe Martinez, numéro 1 du syndicat, est revenu au JT de France 2 sur les accusations de violences portées contre la CGT: « C’est en marge du cortège de cette manifestation, déposée par les organisations et validée par la Préfecture de police de Paris, que des bandes de casseurs se sont à nouveau livrées à des exactions que la CGT a d’ailleurs condamnées officiellement […] Il n’est pas de la responsabilité des manifestants d’assurer la sécurité dans et autour d’une manifestation autorisée par la Préfecture de police ».

Quand le gouvernement perd en crédibilité

Pour Philippe Martinez, « Menacer d’interdire les manifestations est le signe d’un gouvernement aux abois ». Un point de vue suivi de près par Jean-Pierre Mercier, le délégué syndical central CGT du groupe PSA Peugeot-Citroën qui s’est exprimé le mercredi 15 juin sur France info. « Si Manuel Valls n’a que les casseurs comme prétexte pour interdire les manifestations, il va dans le mur […] Le gouvernement ne trouve pas de solution, il essaie donc de trouver un prétexte – les casseurs – pour faire reposer toute la responsabilité sur la CGT […] Si Manuel Valls ne veut plus de manifestations, de grèves, il n’a qu’à retirer son projet de loi, qui est majoritairement rejeté par la population ».

Les militants ne sont pas les seuls à s’étonner d’une telle décision, et sur France 3, Benoît Hamon se révolte face à l’annonce de Manuel Valls. « Il y aurait une manière beaucoup plus simple aujourd’hui que d’interdire de manifester. C’est de rouvrir le débat que trois Français sur quatre souhaitent […] Je pense que cet entêtement est mauvais pour la démocratie française […] Le service d’ordre de la CGT ne peut pas faire le travail que la police elle-même n’arrive pas à bloquer. C’est très difficile et les policiers eux-mêmes le disent. Comment imaginer que des bénévoles militants de la CGT pourraient faire ce travail à la place de la police ? […] La liberté de manifester n’est pas négociable. Jamais, depuis 1858, une telle menace n’a pesé sur elle et il en va de la responsabilité de l’État de veiller à son exercice, tout particulièrement quand des enjeux de sécurité pèsent sur notre pays ».

GAZETTE DEBOUT.

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