« La dignité d’un homme seul cela ne s’aperçoit pas, la dignité de 1 000 hommes ça prend l’allure d’un combat. » (René Char)

TEMOIGNAGE – Nous qui  sommes sortis de chez nous ce soir et peut-être d’autres soirs depuis le 30 mars. Nous avons été l’étincelle du soulèvement de nos consciences contre l’avachissement de nos désirs. Étincelle qui a mis fin à nos petits renoncements et à nos grandes résignations. Cette étincelle nous a permis de dire et partager nos besoins, nos peurs, nos rêves délaissés. Nous maintenons la flamme qui a chassé l’obscurité dans laquelle nos vies étaient trop souvent plongées. Nous nourrissons chaque soir, depuis plus de deux mois déjà, un feu qui prend partout en France, en Europe, et qui est visible partout dans le monde.

Nous sommes les flammes d’une brûlante nécessité de changer le monde qui ne nous ressemble pas et nous emprisonne dans des besoins qui ne sont pas les nôtres. Ici, à La République, et sur des milliers de places, nous soufflons sur des braises d’intelligence, d’imagination, d’analyse politique, de courage,  de plaisir à être ensemble. 

Nos flammes ont souvent rejoint celles de l’insurrection des luttes. Les manifestations ont repris de la couleur, et la répression en tenue bleu marine n’a pas pu recouvrir de cendre notre désir de ne plus baisser les yeux, de ne plus courber l’échine ou de ne plus négocier nos désirs ni nos rêves. Nous avons dit « je », « nous » bien plus souvent que « eux ». Même si ce beau feu ne devait être qu’un magnifique feu de joie, aucun de nous ne regretterait d’avoir soufflé un soir sur les tisons ou de l’avoir nourri patiemment chaque soir depuis le 30 mars.

Mais si demain ou après-demain ce feu venait à s’éteindre, la nuit serait plus sombre qu’elle ne l’a jamais été et nos vies étoufferaient pour longtemps sous les cendres âcres du foyer délaissé. Comme ce soir, demain, après demain, venons porter notre brindille, notre bûche ou simplement souffler sur les braises, et bientôt nous pourrons allumer des flambeaux à ces flammes pour éclairer l’Histoire, notre Histoire.

Post scriptum :  Ils nous ont envoyé la pluie presque chaque jour, la grêle, le froid, le vent, la crue, les lacrymos, les grenades… Mais le feu est dans nos cœurs et dans nos têtes, à l’abri de leurs coups !

Carmela.

Crédits photos:

  • Fuel sentimental: Nicolas Legendre / DR

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