Nuit Debout en question

TRIBUNE – Il faut y aller pour pouvoir en parler. Y aller et surtout, y revenir. Voir ceux qui sont là soir après soir pour préparer l’Assemblée générale, ou les sandwiches, renouveler les médicaments de l’infirmerie, brancher les micros de la radio, fixer la caméra de la télé. Il faut les voir courir d’un bout à l’autre de la place de la République pour retrouver tel membre d’une commission, se disputer, s’entraider, rire et soupirer. Voir aussi ceux qui tendent un visage curieux, assoiffés d’une parole qui les fera rester, qui chatouillera leur conscience endormie. Voir encore ceux qui débarquent avec leurs enceintes pour faire la fête, et ceux qui restent assis, roulent des joints et prennent la pose dès qu’un objectif s’approche. Il faut assister aux débats quotidiens qui se tiennent sur les listes de diffusion de chaque commission avant que les membres se retrouvent sur la place en fin de journée.

Il faut voir tout ça pour comprendre à quel point il est risqué d’émettre une opinion sur un processus en gestation. Nuit Debout ne se résume ni aux images de violence qui passent à la télé, ni aux phrases naïves et aux slogans criés dans les micros, ni aux manifestes du mouvement. C’est un phénomène complexe qui échappe à nos grilles d’analyse habituelles. Les lieux où Nuit Debout émerge sont autant de laboratoires de démocratie participative où chaque proposition est discutée, testée, puis réajustée. C’est ce qui rend le mouvement insaisissable pour qui tend le micro à un instant T.

Nuit Debout n’est pas seulement un mouvement de jeunes, il suffit de s’y rendre pour le constater. Et Nuit Debout est bien plus large que ce qui se passe à Paris. Dans les campagnes, l’assemblée à taille humaine permet d’aller plus loin dans les débats. Ceux qui partagent un vivre-ensemble local envisagent des actions à long terme qui modifieront leur quotidien. Quelle qu’en soit l’issue, cette expérience d’intelligence collective marquera ceux qui y auront participé.

Lire la suite de la tribune sur le blog de Sarah Roubato.

Crédits photos:

  • Commission: Francis Azevedo

Une réaction sur cet article

  • 4 juin 2016 at 13 h 07 min
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    Nuit Debout est un combat permanent pour le débat récurrent…
    Un lieu, des lieux, un temps, des temps, un personnage des personnages un espace où la mise en scène est présente à tout instant pour refléter ce que depuis les grecs antiques les dramaturges ont théorisés sous la triple unités. Unité de temps d’action et de lieu…… et pourtant dans des espaces différents pour n’en faire que l’espace de la lutte… l’espace de la VIE…. Continuons de VIVRE continuons le combat veillons à, sur et pour NUIT DEBOUT!

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