« Refuser de choisir la précarité au nom de la lutte contre le chômage. « 

COMMISSIONS – Alors que le Sénat doit voter aujourd’hui mardi 28 juin une version durcie du projet de Loi Travail, Gazette Debout vous rappelle les principales raisons pour lesquelles Nuit Debout lutte depuis trois mois contre ce texte. Nous republions un texte de la Commission Economie politique de Nuit Debout Paris qui a été lu deux fois en Assemblée populaire et approuvé par une très large majorité de nuitdeboutistes présents.

Message aux gouvernements successifs : vous affirmez que nos acquis sociaux et nos salaires représentent un coût qui réduit la profitabilité des entreprises, donc l’embauche des travailleurs salariés. Même si c’était prouvé, ce qui n’est pas encore le cas, nous n’acceptons pas ce système qui nous propose de choisir librement entre chômage et précarité. Toute démocratie dans ce cadre, tout référendum d’entreprise dans ce cadre, est un choix qui n’en est pas un. Demandez aux employés de Smart ou de Goodyear s’ils se sont sentis libres lorsque leurs dirigeants leur ont imposé sous menace de licenciement de travailler 39 heures payées 37. Dans votre système nous sommes perdants à chaque fois !

L’Allemagne a peut être, suite à des réformes de ce type, ramené son taux de chômage à 5% mais cela s’est fait en contrepartie d’une explosion du taux de pauvreté de sa population. Et que dire de l’Italie et de l’Espagne. Cette loi dite « loi Travail, » en inversant la hiérarchie des normes, en faisant passer l’accord d’entreprise ou de branche avant le Code du Travail, va dans le sens d’une perte de pouvoir des citoyens face aux dirigeants d’entreprise.

l'eau bout à 100 degrés
L »eau bout à 100 degrés, la France à 49.3

De plus, cette inversion va soumettre les entreprises françaises au dumping social et à la concurrence qui déjà mettent sous pression les travailleurs au niveau international. Nous ne voulons plus de ce chantage à la concurrence qui sert de prétexte à tous les reculs de nos droits. Vous nous parlez de revaloriser la valeur travail mais le seul effet de ce type de réformes que l’on perçoit est l’appauvrissement des travailleurs. D’autres modèles existent (salaire à vie, revenu de base, libre association, coopératives…) et prouvent qu’une autre façon de travailler ensemble est possible.

Pour ces raisons, la commission Economie politique, débat économique et propositions économiques propose à l’Assemblée populaire de Nuit Debout Paris de se positionner contre la loi El Khomri MAIS également contre toute loi nous proposant de choisir la précarité au nom de la lutte contre le chômage.

Nous positionner clairement contre la loi Travail n’est qu’un début : nous travaillons désormais à des propositions et alternatives pour que nos conditions de vie ne soient plus seulement réglées à l’aune de vos profits. Le travail, c’est notre travail : nous voulons réfléchir et nous prononcer sur ses règles !

COMMISSION ECONOMIE POLITIQUE

Crédits photos:

  • l’eau bout à 100 degrés: Nuit Debout / DR
  • Anti-pub (7): Floryan R / DR

Une réaction sur cet article

  • 26 mai 2016 at 19 h 12 min
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    Il n’y pas de démocratie en france, et il n’y en a jamais eu.
    Le jour où de très nombreuses personnes prendront conscience de ça pour de bon, et surtout en tireront toutes les conséquences et agiront pour construire autre chose, on se dirigera vers une véritable société digne de ce nom.
    Même processus dans le domaine économique, l’économie actuelle est totalitaire, violente et tyrannique, le jour où de très nombreuses personnes en prendront conscience pour de bon, et surtout en tireront toutes les conséquences et agiront pour construire ensemble une autre économie au lieu de « simplement » résister à la loi « Travaille ! », de réclamer des emplois, du salariat et quelques droits sociaux, alors on ira vers une véritable société digne de ce nom.
    Cet article va dans le bon sens, il est essentiel de poursuivre cette réflexion, car sinon on se trouve dans une impasse. En effet, tant qu’on reste dans le cadre existant – capitalisme, système marchand, concurrence, marchés, propriété privée des moyens de production – il n’y pas de véritables solutions, et on est condamné à la précarité et aux conflits incessants pour obtenir parfois quelques miettes en attendant des grosses « crises » comme en Grèce où les salaires sont réduits à peau de chagrin.
    Il faut donc sortir du cadre et créer/réinventer d’autres formes d’économies (et bien sûr aussi de vie politique), comme l’exemple de la coopérative intégrale catalane :
    http://cooperativa.cat/en/
    http://www.lesmaitresignorants.org/?p=717
    https://cafedesroumains.com/2014/09/23/la-cooperative-integrale-une-transition-hors-du-capitalisme1415
    http://www.utopiasproject.lautre.net/IMG/pdf/coop._integrale-2.pdf
    https://calafou.org/en/content/about

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