Qui sont les nuitdeboutistes ? Enfin une étude sérieuse !

VIE DE LA NUIT – Voilà une étude qui va remettre en question les analyses hâtives des détracteurs de Nuit Debout… C’est dans cette perspective que la commission Sciences Sociales Debout a mené une enquête sociologique, la seule aussi développée à ce jour, qui présente les occupants de la place de la République et leurs motivations. En voici un condensé.


L’âge d’abord. On constate que la tranche d’âge des nuitdeboutistes de République est très étendue, et surtout fluctue beaucoup d’une heure à l’autre (et même d’un jour à l’autre). Ainsi, l’âge médian peut varier de dix ans. Évaluer l’âge des occupants de la place à un instant donné n’est donc pas pertinent. Notons que l’âge médian de l’ensemble des participants est de 31 ans.

L’étude permet également de modérer l’idée reçue selon laquelle l’origine géographique des occupants de République serait essentiellement Paris intra-muros. D’une part, 10 % d’entre eux ne sont pas issus de la région parisienne; d’autre part, parmi les Franciliens, plus du tiers doivent franchir le périphérique pour rejoindre la place. Parmi les participants vivant intra-muros, la plupart sont domiciliés dans l’est, principalement dans les XIe, XVIIIe et XIXe arrondissements. Les raisons expliquant ce phénomène pourraient relever de l’aspect pratique (lignes de métro et axes de circulation en direction de la place), mais aussi de la tendance de gauche de ces quartiers.

Global Debout - Paris

Les participants de Nuit Debout sont des ados perturbés ? « Sans cerveau » ? Vraiment ? 60% sont issus de l’enseignement supérieur (contre 25% pour la population française), principalement des Sciences humaines. Ce niveau d’études va de pair avec certaines origines sociales et conforte le cliché selon lequel les participants incarneraient la « petite bourgeoisie ». Cependant, si l’on se penche sur leur activité, on constate que 40 % appartiennent à des secteurs en crise depuis vingt ans (artistes, journalistes, étudiants), que 20% sont sans emploi (le double du taux national), ou encore que 24% sont ouvriers et employés.

L’enquête s’intéresse aussi aux motivations des uns et des autres (précisons que les hommes représentent les deux tiers de l’assistance). Les occupants de la place sont-ils là à cause de la décrépitude des partis politiques traditionnels ? Pas forcément, car seuls 17% sont d’anciens encartés (un taux certes important par rapport à la moyenne nationale). Ont-ils participé aux grands mouvements sociaux par le passé ? Seule une petite partie d’entre eux. Idem pour la piste des jeunes diplômés sans emploi et révoltés (façon Tunisie ou Espagne) : pas plus de 6%. La lutte contre la loi travail semble évidemment au cœur du mouvement, un tiers des occupants de République ayant participé aux manifestations. Si 22% appartiennent à un syndicat, près de la moitié sont engagés dans une association (quelle qu’elle soit).
L’étude émet l’hypothèse que les participants se rendent aussi à République simplement parce qu’ils savent qu’ils vont y retrouver quelqu’un qu’ils connaissent (relations amicales ou professionnelles). Ou pour se tenir au courant de ce qui se passe. Ou pour passer une soirée agréable.
Par ailleurs, les résultats montrent que 20 % des personnes interrogées participent à l’une des commissions présentes sur la place.

Enfin, concernant l’assiduité aux différentes Nuits, deux profils se dégagent : celui du nuitdeboutiste d’une seule nuit et dans son intégralité, et celui dont la présence est quotidienne (13%). L’étude révèle aussi que le taux de nouveaux venus est en augmentation.

Cette enquête fait référence, et permettra peut-être de limiter les contre-vérités véhiculées par les opposants à Nuit Debout. La commission qui en est à l’origine s’inscrit dans une démarche sans prétention, et souhaite avant tout nourrir notre réflexion. Une suite semble en préparation, nous sommes impatients de la connaître !

Edit : L’étude a été réalisée auprès de 400 personnes ont été interrogées sur quatre jours entre le 8 et le 28 avril.

U. pour Gazette Debout. 

Crédits photos:

  • Global Debout – Paris: Nuit Debout / DR
  • Assemblée Générale, 8 mai, République: Stephane Burlot

11 réactions sur cet article

  • 17 mai 2016 at 16 h 58 min
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    MERCI C’EST TRÈS PARLANT
    Oui il y a des classes populaires aussi..
    IL FAUDRA VOIR CEUX ET CELLES qui viennent une seule fois et passent et aussi la différence de fréquentation soirées de semaine/week-end.
    Ceux qui vont en assemblée
    ceux qui votent,
    les stands ou ateliers divers qui sont passés et se renouvellent. Qui les tient ?

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  • 17 mai 2016 at 23 h 04 min
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    Est-ce qu’on peut/pourra avoir un lien vers les données ? Le nombre de personnes interrogées, la durée de l’étude, le protocole, le questionnaire…

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      • 9 août 2016 at 15 h 50 min
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        Pourriez-vous me transmettre les données également ? Avec les renseignements demandés par Marie svp. Merci d’avance.

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  • 18 mai 2016 at 20 h 37 min
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    Je veux bien aussi les données, le questionnaire et tout, parce que certaines choses ne sont pas claires dans cet article. Quand vous parlez de personne « sans emploi » et qu’après vous comparez cela au taux de chômage, c’est un peu obscure. Parce que le taux de chômage ne concerne que les actifs et que plein de nuitdeboutiste sont sans doute inactifs (40% des plus de 15 ans sont inactifs, et 10% de la population active est au chômage), bref, peut-être que la comparaison est foireuse et que 20% c’est pas si important que ça. De même sur la proportion d’employés et ouvriers, si on le rapporte à la population de plus de 15 ans et non juste la population active, ils ne sont que 30% à peu près à l’échelle nationale. Donc 25% c’est plutôt pas mal en fait. Si vous voulez je peux vous aidez si vous avez des questions. Après, sur le fond, je trouve que la surreprésentation masculine pose pas mal de problèmes.

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  • 10 août 2016 at 9 h 34 min
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    CONCISION oblige, le peuple a vecu 1789 et mai 1968, c’est aux étudiants d’abord parce que les ouvriers nous sommes écervelés par la charge de travail très physique et nos leaders pro-patron!

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