Pourquoi Nuit Debout sera immortelle grâce au numérique

TRIBUNE – Tom a intégré l’équipe de développeurs web de Nuit Debout il y a un mois. Il estime que les relations qui se nouent aujourd’hui entre les nuitdeboutistes vont former les bases d’un maillage humain qui saura se « ré-agréger sans fin, par le numérique ».

15 avril – 15 mai 2016 : 30 jours exactement – ou peut-être 30 secondes ? Ces dernières semaines ont été d’une richesse inouïe, denses et multiples. La fin de mon travail à Rue89, d’un RER et ses fraises, des lieux « secrets », mélangés avec un travail rigoureux, productif, d’ingénierie logicielle pas trop dégueu.

Des scènes incroyables sur la place, impossible à raconter, et surtout ces rencontres, d’éternels activistes, doux rêveurs et d’autres plus aguerris à la lutte, développeurs, graphistes, intellectuels, journalistes, artistes, citoyens anonymes et républicains convaincus (selon les cas).

Ému par cet Orchestre, par une phrase peinte sur un mur, une photo de presse, un soleil couchant sur la ville déterminée à ne pas rentrer dormir et se faire endormir malgré les critiques, les charges de ses détracteurs « connus » et habituels. Un bon bordel aussi dans ma tête, critique et auto-critique, remise en cause et questions sans réponses ou en gestation.

Manifestation 12 mai 2016
halte à l’intimidation sociale

Il reste un travail immense à fournir sur l’infrastructure (site web, coordination, création de contenu…), mais la « mission » quel je m’étais fixée tient bon et est plus ou moins stabilisée, co-gérée avec toutes les responsabilités et garde-fou que cela implique. L’équipe technique s’est transformée en un groupe d’amis déjà bien liés par cette expérience. Chacun avec ses compétences, par itérations, aller-retours, désaccords, débats, votes et consensus. On a travaillé ensemble à même le pavé, sur les ‘chat, sur Github, sur un coin de table, partout où on trouvait un peu de bonne volonté et du wifi pas trop pourri ou une Freebox laissée en paix. Parfois à 4h du mat’, parfois avec Radio Debout en fond sonore, via « Périscope » et autres médias alter’ du mouvement.

La Révolution ne partira peut-être pas de la place, mais un maillage politique local et réel – d’humains prêts à s’interconnecter – se reconstitue en direct; pour quelques-uns d’entre nous, on avait presque oublié ce chapitre d’instruction civique. On pourra tous nous virer d’ici, ce repaire des « oubliés du système » qui n’en peuvent plus, quand on les écoute, ou encore de cette « bande de gauchos » tendance « bobos », comme certains veulent absolument nous caricaturer, par approximations douteuses et manque de références, sauront se ré-agréger sans fin par le numérique (mais pas seulement).

Il se passe un truc ici qui n’existait pas avant, et qui changera bel et bien notre société, même si ce ne sera peut-être pas de façon visible et immédiate. Ces événements resteront dans nos mémoires, et des réflexes nouveaux et inédits pour arrêter de croire que les choses ne dépendent pas de nous ou « qu’on y peut rien », se mettront en place.

Tom

Crédits photos:

  • Manifestation 12 mai: Stéphane Burlot/DR
  • Manifestation 12 mai: Stéphane Burlot

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