49.3 et silences : Lettre ouverte aux députés aubrystes et Grève Générale
AU VITRIOL. Mais pourquoi Martine Aubry a-t-elle fait passer les intérêts du Parti socialiste avant ceux du peuple qu’elle prétend défendre ? Et comment tout cela fait-il monter la fièvre populaire ? C’est le sujet de la lettre qu’adresse un citoyen Debout à Martine Aubry et confrères.
Les députés PS de la famille Aubry, par leur ultime renoncement à voter la mention de censure de gauche, résument le consternant positionnement de leur parti. Voici la lettre écrite ce jour à Jean-Marc Germain, François Lamy, Marilyse Lebranchu, Pierre-Alain Muet, Laurence Dumont et Olivier Dussopt.
Chers représentants du peuple,
Les Français ne vous remercieront jamais assez, vous et votre parti de gouvernement, d’avoir si subtilement ravivé la flamme de leurs traditions populaires.
Tradition 1 : Le syndicaliste (qui est avant tout une femme ou un homme dans un environnement de travail, ou à la maison, quand il a un toit).
Action gouvernementale : criminaliser les syndicalistes (le “voyou“ de Manuel Valls, les condamnations à la prison ferme par une justice indépendante… et j’en passe).
Résultat : Les Français, pourtant braqués depuis des années contre des syndicats “accrochés à leurs acquis et incapables de comprendre les évolutions de la société“, ont compris l’importance de l’action des syndicalistes combatifs sans lesquels nous n’aurions ni congés payés ni santé publique. L’adjectif combatif signifie ici : « qui lutte pour les intérêts de son collectif de travail, et non pour les intérêts de son appareil syndical. » Selon une dérive lexicale récente, combatif s’oppose de plus en plus à l’adjectif réformiste. Lycéens, étudiants, chômeurs, précaires, ouvriers, cadres (eh oui) se retrouvent ensemble avec des syndicalistes dans les rues et les places et bientôt dans les bars. Sans rougir.
Tradition 2 : Le râleur (à l’esprit critique diversement avisé)
Action gouvernementale : dans ce cas, avec un grand A. Elle aura pour conséquence une autre dérive lexicale : le terme “ »renoncements », en référence aux promesses de campagne, signifie désormais : “Virages à 180° négociés avec le MEDEF dans le dos des électeurs“. Le Petit Robert n’a plus qu’à réimprimer les éditions 2016, 2015, 2014, 2013. Abyssal gâchis.
Résultat : D’abord, un pesant et opiniâtre silence du côté de l’aile gauche officielle du PS, incarnée par Martine Aubry et ses affidés. Certes, elle protesta par quelques ruades médiatisées. Bien tardives, et sans conséquence. Vous en savez quelque chose. Madame Aubry a clairement dénoncé la déchéance de nationalité comme une « rupture d’égalité ». Mais ce qui a fait capoter le projet, c’est plutôt le nombre de députés LR et UDI disposés à voter non pour des raisons de politique intérieure aux partis. Pour le reste, elle n’a jamais pesé de son poids pour infléchir la désastreuse courbe de dégénérescence démocratique en cours, parsemée de violences d’État physiques et symboliques. Le râleur, lui, se voit légitimé ; son esprit critique s’aiguise : la preuve est donnée que la République est celle d’un parti unique qui ne dit pas son nom. La République a fait son temps. Reste au râleur type Front National à parcourir un chemin : celui qui le conduira à s’apercevoir que le FN, qui se pose habilement en parti “anti-système“, s’accommode fort bien de cette même République. Le FN ne cherche qu’à s’associer au parti unique, lequel banalise depuis deux quinquennats le rejet de « l’immigré ». Un cours spécial d’université populaire s’impose.
Dérive lexicale : “aile gauche du PS“ signifie désormais : “No man’s land insondable où seul un éléphant du PS parvient à s’orienter“.
Tradition 3 : Le gréviste
Action gouvernementale : La Loi Travail – les citoyens durs d’oreille entendent : « Loi Travaille ! » – Dans Libération, vous les Aubrystes avez déclaré : « Devons-nous nous résigner, avec la mondialisation, à faire de l’abaissement des protections sociales l’horizon de nos vies, ou sommes-nous capables de tracer une autre voie ? ». Votre refus de voter la mention de censure de gauche le 11 mai semble donner la réponse à votre question : « Oui, nous devons nous y résigner ».
Vous ajoutez, toujours dans Libération : « Aucun lien n’a jamais été sérieusement établi entre niveau de protection des salariés et chômage ». Mais alors, quel est le but de la loi El Khomri si ce n’est pas de résorber le chômage ? Le but ultime : rejoindre la grande cour des pays néolibéraux qui ne se contentent plus de la concurrence généralisée entre entreprises, mais l’étendent à la concurrence entre tous les travailleurs, où qu’ils soient dans le monde. Non pas au profit des États, dont la dette continuera à justifier la casse des services publics – la mention de censure de droite annonce la suppression de 250 000 postes de fonctionnaires, comme par hasard. Non pas au profit des travailleurs, qui devront vivre dans des conditions précaires sous le couperet du chômage.
Le seul but est de continuer comme avant, avec les mêmes personnes aux mêmes manettes, avec les mêmes non-règles. Ça marche tellemet bien : se loger dans une grande ville est devenu impossible. Les peuples du Sud en général et d’Afrique en particulier se portent comme un charme. Sous 50° à l’ombre, autour d’un verre d’eau arôme Monsanto, certains inventent de nouveaux acronymes : AQMI, Boko Haram, MUJAO… Ça vous dit quelque chose ? La COP21 a même abouti à un vœu pieu : promis-juré la hausse des températures s’arrêtera net à 1,5° ou 2°. Je te crois les yeux fermés, sur les clauses du Traité Transatlantique en cours. Le moule qui produit ces mortelles brisures produit aussi l’objet de la Loi Travail.
Résultat 3 : « Vous les Aubrystes, n’avez pas voté la motion de censure de gauche parce qu’elle aurait constitué un « premier pas vers la scission » du PS, dixit l’AFP. Ainsi donc, votre problème n’est plus « l’abaissement des protections sociales » mais l’intégrité de votre parti. Mais il fallait vous réveiller plus tôt, car votre parti est à l’agonie. Il en est même qui voudraient l’achever ; croyez-vous que Manuel Valls et Emmanuel Macron misent leur avenir sur le PS ? Vous les avez laissés désintégrer votre parti, et par la même occasion le pays et le peuple français; et maintenant vous laissez passer une loi inique et un affront démocratique au 49.3 pour sauver votre parti ??
Où êtes-vous donc passés, camarades ?
Sachez qu’avec votre ultime renoncement, vous nous laissez le gros du boulot, à nous, les petits. Les pas grand-chose. Les arpenteurs de rue. LES GRÉVISTES.
Excusez-moi, il faut que j’y aille.
À bientôt.
Citoyen I. B.
Post scriptum : Les yeux crevés, les marques rouges de 10 à 15 centimètres de diamètre, les bras et tibias cassés ou fêlés, les visages brûlés au premier degré par les lacrymos à bout portant… ça suffit. Merci de passer le message à vos (anciens ?) camarades.
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Crédits photos:
- Manifestation 12 mai: Stéphane Burlot/DR
Re-bonjour à vous autres, qui êtes « Nuit Debout » et journées debout. Je me souviendrai; « Les chants du coq, et les silences de Pierre », et « les trente deniers de Judas »; je n’oublierai pas. Est-il besoin de leur rappeler qu’il y a un jour qui s’appelle « Demain.. ». « Et cependant, Elle tourne.. » Salutations..
Martine ,pourquoi toujours se tromper? à moins que depuis toujours ce ne soit toi qui nous trompe (RHONE-POULENC,DRT, première entorse au principe de fvaur avec le temps de travail négocié dans l’entreprise???, primaires et j’en passe……