Revue de presse politique du 11 mai #72Mars

REVUE DE PRESSE – Nouvel épisode du feuilleton à succès « Projet de loi El Khomri ». Après avoir bloqué le vote des députés ce lundi 9 mai, Manuel Valls a décidé de faire une annonce à l’Assemblée nationale ce #72Mars. Loin de surprendre les Français, elle n’a fait qu’enflammer la colère déjà présente. La Gazette Debout revient sur les points importants du débat.

Loi travail, on n'en veut pas
Loi travail, on n’en veut pas

La rage face à la menace du 49.3

Les débats du 9 mai à l’Assemblée nationale étaient attendus avec impatience. La Gazette Debout vous a résumé cette journée particulière. Les députés – peu nombreux – présents dans hémicycle étaient prêts à questionner la ministre du travail, Myriam El Kohmri, sur plusieurs points de son projet de loi. Dès sa prise de parole, cette dernière a annoncé l’utilisation de la réserve des votes qui permet au gouvernement de rallonger le débat et ainsi d’empêcher tout scrutin. Les médias comme les militants en étaient désormais sûrs, le gouvernement allait passer en force grâce au 49.3. Face à cette menace, il était important d’agir immédiatement, et les Nuitsdeboutistes ont décidé de se rendre devant l’Assemblée nationale afin de réaffirmer leur mécontentement.

Le gouvernement aurait voulu procéder discrètement… Las, tous les médias divulguent la nouvelle : un conseil des ministres exceptionnel s’est réuni le mardi 10 mai à 14h30, peu avant les débats à l’Assemblée nationale. Sans surprise, l’objet de cette rencontre était d’émettre un avis clair sur l’utilisation de l’article 49.3. Il faudra attendre l’arrivée du Premier ministre Manuel Valls à l’Assemblée nationale pour découvrir la décision prise par le gouvernement.

Valls à l'Assemblée Nationale
Valls à l’Assemblée Nationale

Manuel Valls s’entête 

« Mesdames et messieurs les députés, le conseil des ministres qui s’est réuni sous la présidence du chef de l’État m’a habilité à engager la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi visant à instaurer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et pour les actifs comme le permet l’article 49, alinéa 3 de la Constitution. Prendre une telle décision n’est jamais facile, même si cet article de la Constitution a déjà été utilisé à maintes reprises. Je le fais, nous le faisons car nous avons la conviction que ce projet agit pour l’emploi durable, pour faire entrer sur le marché du travail celles et ceux qui en sont exclus ».

Les députés de droite espèrent rallier ceux de gauche pour une motion de censure 

Autrement dit, le texte sera adopté, sauf si une motion est votée par l’Assemblée nationale afin d’obliger le gouvernement à démissionner.  Les députés de droite et du centre ont déposé ce mardi 10 mai une telle motion qui sera examinée mercredi après-midi et votée jeudi. Pendant les débats à l’Assemblée, Christian Jacob, député Les Républicains, a exprimé son agacement : « Tout est fait pour précipiter les choses dans l’affolement, la peur des manifestations ». De son côté, le Front National en profite évidemment pour se réjouir de cette dissension au sein du gouvernement. « A présent que cette décision scandaleuse du recours au 49.3 a été prise, il revient aux députés, en particulier PS, de prendre leurs responsabilités et d’assumer le rejet de ce texte en faisant tomber le gouvernement, sans quoi, c’est l’ensemble des institutions démocratiques de notre pays qui en serait discrédité […]  ».

Quant aux frondeurs du PS, ils sont encore indécis.

De leur côté, les militants de Nuit Debout ont appelé à une manifestation devant l’Assemblée nationale le mardi soir. Selon la police, ils étaient plus de 500 à s’être déplacés devant l’Hémicycle. Un mouvement suivi dans plusieurs villes de France. A Toulouse, ils auraient été 1000 à manifester devant le Capitole, alors que Grenoble réunissait 500 personnes au centre ville.

Dans plusieurs communiqués, tel celui de  Force Ouvrière, les différents syndicats se sont exprimés sur ce passage en force. La CGT explique ainsi : « L’utilisation du 49.3 pour faire adopter une loi rejetée par plus de 70% de la population est inadmissible, une véritable honte ! […] Cette décision ne vient que s’ajouter à un processus anti-démocratique depuis le début. Faut-il rappeler la non-consultation des organisations syndicales avant l’écriture du texte, les rencontres-éclair de la ministre du Travail, le blocage des votes à l’Assemblée nationale ?  […] Les salariés sont méprisés, les citoyens bafoués et leurs représentants ignorés ».

Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL) appellent à deux nouvelles journées de grève les mardi 17 et jeudi 19 mai prochains.

GAZETTE DEBOUT.

Crédits photos:

  • Loi travail, on n’en veut pas: Nuit Devout / DR
  • Valls à l’Assemblée Nationale: DR
  • Manif 1 mai (1653): Nuit Debout/DR

2 réactions sur cet article

  • 12 mai 2016 at 9 h 06 min
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    « Il faut des réformes, mais juste pas celle là ! » entendus partout. Les syndicats qui s’égosillent alors qu’ils ne représentent finalement que 7% des salariés. Les politiques de tout bord qui font feu de tout bois a tel point qu’on se demande si il y a vraiment des convictions derrières. Et puis cette agaçant croyance aux vertus de la « révolution » qui n’a jamais éliminé la misère et l’exploitation comme chantait l’autre.

    Parler de démocratie bafouée quand tous les cinq ans on élit avec espoir « l’Homme providentiel » et puis on s’assoit sur nos pouces. Des élections locales avec dans les 50% d’abstention… Des manifestations aussi régulières que maladroite. On va dans la rue, on scande, on bloque des échangeurs routiers. Bref on fait chier le monde sous prétexte que c’est le seul moyen de se faire entendre… alors qu’au fond c’est un moyen de se faire entendre certes, mais certainement pas un moyen de se faire écouter.

    « Les opinions se répondent, l’essentiel devient accessoire, les faits disparaissent, occultés par le brouhaha des conversations » (Edito XXI). L’époque est au vacarme. A l’instant.

    Longtemps j’ai été pessimiste, mais lorsqu’on s’arrête, qu’on regarde autour on découvre pleins d’initiatives locales qui sont le véritable contre-pouvoir même si elles ne font pas de bruit.

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