Manifestation Assemblée nationale, Cambadélis s’enfuit lâchement

REPORTAGE. Le 10 mai 2016, je quitte l’Assemblée nationale où se joue une guerre des nerfs entre forces de l’ordre et activistes anti projet de loi El Khomri. Le boulevard Saint-Germain étant bloqué, je remonte par le quai et oblique rue de Solférino. En passant devant le siège du Parti Socialiste (c’est peut-être que les mobilisations devraient se passer ?), je croise Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti Socialiste, qui sort au moment même.

Costume sombre, chemise blanche impeccable, bonne mine (UVA ?). A côté de moi, un couple l’interpelle : « M. Cambadélis, vous devriez aller voir les gens devant l’Assemblée. Leur parler, leur expliquer votre position,  ils ne sont pas contents« . Jean-Christophe Cambadélis rentre précipitamment dans sa voiture de fonction avec chauffeur, sans un regard, sans une parole pour les personnes regroupées autour de la voiture. Le couple se fait plus pressant : « Monsieur, on a voté pour le PS en 2012. Nous n’avons pas voté pour un projet de loi comme celui-là« . La vitre fumée se referme sur des appels vains. La voiture démarre, emportant avec elle le premier secrétaire du parti socialiste.

Twitter de Cambadélis
Twitter de Cambadélis

Frissons dans l’assistance. Nous restons plantés là, abasourdis… En tant que journaliste, je viens de passer deux heures devant l’Assemblée nationale, les mains nues (même ma carte de presse ne m’a pas permis de sortir de la nasse policière) face à des CRS casqués, armés, protégés par des véhicules blindés. J’ai vu la foule parquée sur le pont de la Concorde, le quai d’Orsay. J’ai entendu des détonations, respiré des lacrymos. J’ai vu un couple de la haute bourgeoisie, elle très chic en talons vernis, qui n’avait sans doute rien à faire là, bloqué devant le boulevard Saint-Germain… J’ai entendu que M. Lassalle, qui soutient le mouvement Nuit Debout, était encore à l’Assemblée. Je l’ai tweeté pour qu’il sorte et prenne ouvertement la parole en public.

Tweet Jean Lassalle
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Aucune réponse… J’ai surtout ressenti un grand découragement en quittant les lieux. Après tout, à quoi bon ? Le mépris manifeste de Cambadélis n’a fait qu’accroître cette impression. J’ai alors parlé à des jeunes qui marchaient à côté de moi vers le métro Solférino. Ils portaient des autocollants PCF sur leur veste. Je leur ai dit :

Vous, au moins, vous adhérez encore à un parti et pensez qu’il va changer les choses.

Pas du tout, me répondent-ils. On s’est fait gazer tellement de fois qu’on a compris qu’en faisant mine de rallier un parti, on était moins vulnérables !

A la sortie du métro, une jeune fille aux jolis yeux clairs nous apostrophe :

— S’il vous plaît, c’est par où l’Assemblée nationale ?

— Ouh là là, fais gaffe à toi, ça gaze là bas !

Elle n’a ni sérum phy, ni foulard pour se protéger…

— Je suis venue comme ça… Bon j’y vais, merci !

El la voyant sautiller vers l’Assemblée, je me suis dit que le mouvement pacifiste Nuit Debout était sans doute utopiste, mais qu’il fédérait tant d’âmes généreuses qu’à la fin, ça pourrait bien fonctionner !

Gazette Debout.

 

Crédits photos:

  • Twitter de Cambadélis: DR
  • Tweet Jean Lassalle: DR
  • Siège PS: Nuit Debout

6 réactions sur cet article

  • 11 mai 2016 at 13 h 06 min
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    M. Lasalle était bien devant l’assemblée, côté manifestants, à partir de 29h45 environ

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  • 11 mai 2016 at 18 h 57 min
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    Je propose une rectification à cet article :
    l’auteur de l’article n’a pas raison sur un point :
    on a vu 2 députés dont LASSALLE (le manifestant pacifiste du Béarn..) descendre parmi les manifestants (en suivant PERISCOPE REMI sur notre ordi)
    en direct (cherchez ces termes sur un moteur de recherche, c’est facile même sans télécharger l’appli..) De même un élu a tracté avec les CRS pour qu’il débloque les manifestants coincés mais
    il n’a pas vraiment réussi…

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  • 12 mai 2016 at 7 h 58 min
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    Bonjour à vous autres, qui êtes « Nuit debout », debout les journées, vigilants qui faites le guet.. Cambadélis honteux, confus, qui s’enfuit tout penaud comme renard qu’une poule aurait pris.. Ah, que nous sommes bien gouvernés.. J’assimile son esquive à l’usage du fameux et contestable 49-3, derrière les murs confortables du palais Bourbon; les deux sont du même ressort des lâches qui ne sont que des fiers à bras, forts en gueule et forts en meutes, et impotents face à la question des gens.. Laissons-les à leur misérable condition. Que sont-ils sans nous? Nous autres, solidaires et forts de ce qui nous porte, nous nous suffisons à nous-mêmes. Avec ces gens-là, il n’y a pas d’arrangement, ce serait nous compromettre.. « Et cependant, Elle tourne.. » Salutations..

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  • 12 mai 2016 at 9 h 31 min
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    D’un autre coté à quoi est-ce que vous vous attendez ? Qu’il vienne se faire chahuter incapable d’en placer une, avec 25 smartphone braqués sur lui, aux aguets, cherchant la moindre petite maladresse, le moindre petit lapsus tout de suite affublé du qualificatif « révélateur »…

    C’est sur que ça aurait été plaisant. Une petite satisfaction immédiate. Comme celle de rayer la Ferrari de son patron. Mais au final, ça dessert plus que ça ne sert, a mon avis.

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