A Nuit Debout, une majorité d’hommes, diplômés et parisiens ?
TRIBUNE – Lettre dédiée aux « illettrés de Gad », mes camarades de classe à l’école primaire
Non je ne suis pas trentenaire, je suis quinquagénaire. Non je ne suis pas un homme, je suis une femme. Non je ne suis pas la plupart du temps au chômage, je suis – enfin — en CDI depuis 15 ans. Oui je suis parisienne mais des quartiers qui peinent encore à rester populaires dans l’Est de la ville. Plus éduquée que la moyenne ? Ecole de campagne en Finistère, fac de province, arrêt au milieu du gué de la maîtrise (master 1). Difficile –déjà — d’être étudiante salariée dans les années 80.
Profession supérieure ? Journaliste précaire, travailleuse dans la com puis éditrice en SHS, et avant : fille de paysans. L’ascenseur social est interdit ? Militante ? Les droits des femmes, le droit des précaires, l’investissement en délégué parents d’élève dans un collège de quartier. Militer ou vivre debout ?
Quand on m’assigne à votre place avec ces phrases assassines, et que plutôt que de me faire bouffer de l’intérieur par cette violence, j’ai choisi de me battre.
« T’es bonne élève et tes parents sont paysans ? J’aurais pas cru ». Entrée en sixième au collège d’une ville moyenne. « Ah ! Une fac de province ? Lettres ? T’as pas fait Sciences Po Paris ? » Premier boulot à Paris.
« Lui, sa mère est parent isolé, il ne s’en sortira pas, même avec des cours de soutien scolaire, pas la peine de lui en donner. » Un conseil de classe au collège.
Et toi qui es aussi parent isolé, tu exploses, et tu sais encore plus pourquoi, chaque année, tu es parent délégué de classe dans ce collège de quartier de l’Est parisien.
« Le stock de CDD est de… C’est une variable d’ajustement nécessaire ». Une réunion sur les non titulaires de la Fonction publique.
Et toi qui es précaire, tu exploses, et tu sais pourquoi tu te bats pour la mise en place d’un plan de résorption de l’emploi précaire.
Alors, depuis le 33 mars je suis Nuit Debout, investie dans une commission jonglant comme beaucoup avec le boulot et la présence sur la place, la rédaction de comptes rendus, la gestion des mails, du wiki et de l’info sur les réseaux sociaux.
Fatiguée, épuisée parfois, mais toujours debout !
Catherine G
Crédits photos:
- Manif 28 avril: Gazette Debout
J’ai 61 ans je travaille à Aix en Provence quand mon épouse qui en a 60 travaille à Paris, après 35 ans de mariage il nous a bien fallu découvrir les joies des couples TGV pour retrouver chacun du travail et lors de nos retrouvailles c’est à Nuit Debout que nous venons recharger nos batteries dans la fraicheur des cerveaux en marche….. Je me pose pourtant une question récurrente: est-ce que dans notre beau Pays les journalistes sont tous aveugles ou corrompus? Alors bien sur il existe médiapart et quelques autres organes de presse pour laisser filtrer quelques vérités trop insistantes, mais franchement j’aimerai voir et entendre des journalistes debout….
Je dois avouer que je ne connais pas beaucoup d’ouvrier de 40 a 50 ans qu’auraient ne serait que le temps de lire Adam Smith, John Maynard Keynes, David Ricardo, Jean Bodin, Platon, arrêtons des polémiques stériles, absurdes, je suis un ouvrier, illettré, ignare et je sais de quoi je parle: http://gramophone.over-blog.com/2016/08/notre-societe-en-fin-de-vie.html
Mille excuses, car les immigrés, « nous » sommes d’office classés pour des moins que rien…!
Le fait de connaitre les noms de Smith, Keynes etc… est déjà un premier pas car si vous les citez c’est qu’on vous a dit l’intérêt qu’il y a de les lire et que vous en avez tenu compte. Reste à les lire ou à en discuter avec ceux qui les ont lus. Ça peut être un intérêt de Nuit Debout et de l’éducation populaire. Quelqu’un écrivait dans l’après 68 : » pour être révolutionnaire il n’est pas indispensable d’avoir lu Marx et Kafka mais il est indispensable de les avoir compris » !