Récit du blocage pacifiste de l’Assemblée nationale

TEMOIGNAGE – C’est la première fois que Jean-Jacques F. participe à une action non violente organisée par Nuit Debout. Il nous raconte son expérience du blocage de l’Assemblée nationale, le 3 mai dernier.

« La veille, vers 22h, un sms sibyllin m’informait : « rdv au jardin des Tuileries – tu fais partie de l’équipe courgettes – sois ponctuel ».

Ponctuel, je l’étais le lendemain matin, même si j’ai un peu peiné à trouver mon équipe. Début du briefing. On nous dévoile le détail de l’action, qui consiste, à l’occasion du premier jour de l’examen du projet de loi El Khomri au parlement, à bloquer la circulation sur le pont de la Concorde pour déployer une banderole « La loi travail on n’en veut pas » et faire un sit-in non violent.

Blocage de l'Assemblée (2)
Blocage de l’Assemblée (2)

On nous rappelle l’esprit de cette action non violente : si les forces de l’ordre utilisent la violence, on n’y répond pas; si on est gazé, on attend que ça passe, mais on reste sur place, on lève les bras pour signifier cet état d’esprit. On nous prévient des risques judiciaires qu’on encourt en participant à cette action, on nous donne un nom d’avocat et la conduite à tenir en cas d’interpellation et de placement en garde à vue. On s’organise en binômes qui doivent mutuellement se porter assistance. Je suis enrôlé dans l’équipe « banderole » qui devra la déployer et la tenir « haut et fort ».

Blocage de l'Assemblée (3)
Blocage de l’Assemblée (3)

Le top départ est donné. Nous avançons comme des touristes pour ne pas nous faire remarquer. Je profite du trajet pour faire connaissance avec mon binôme. Et c’est parti : une équipe fait une chaîne à un bout du pont pour bloquer la circulation quand l’autre côté est déjà bloqué par des taxis « amis ». En deux temps trois mouvements, la banderole est déployée, les activistes s’assoient les bras en l’air et nous scandons les slogans du moment. Les médias qui avaient été conviés peuvent prendre un cliché symbolique de ce sit-in avec en fond l’Assemblée Nationale. Au bout de quelques minutes, on remballe sans avoir été importunés par la maréchaussée.

Blocage de l'Assemblée (4)
Blocage de l’Assemblée (4)

Le debriefing qui suit salue la réussite de l’action, mais nous restons sur notre faim et décidons d’une autre action : un sit-in devant l’entrée des députés place du Palais Bourbon. Et c’est dans la bonne humeur que nous nous y rendons. A la différence du blocage du pont, quelques petites minutes de sit-in nous suffiront pour voir arriver plusieurs dizaines de CRS qui nous entourent puis rapidement nous exfiltrent, un à un, de notre lieu de protestation.

Blocage de l'Assemblée (5)
Blocage de l’Assemblée (5)

Difficile de résister, certains acceptent de se lever, d’autres se laisseront porter, et après une vingtaine de minutes, nous sommes tous « nassés » à une centaine de mètres. Même si notre évacuation s’est globalement faite sans heurts, nous déplorons quelques étranglements et des coups de genou qui ne sont pas à l’honneur des forces de l’ordre, lesquelles ne pouvaient ignorer notre mot d’ordre : « Sans haine, sans armes et sans violence ». Nous serons raccompagnés par les CRS, plus tard, vers le métro, sans poursuites.

Différents médias ont relayé cette action non violente, par laquelle Nuit Debout tenait à dire son refus de ce projet de loi rétrograde. »

Jean-Jacques F.

Photos Vincent Blanqui.

Crédits photos:

  • Blocage de l’Assemblée (2): Vincent Blanqui/DR
  • Blocage de l’Assemblée (3): Vincent Blanqui
  • Blocage de l’Assemblée (4): Vincent Blanqui/DR
  • Blocage de l’Assemblée (5): Vincent Blanqui/DR
  • Blocage de l’Assemblée (1): Vincent Blanqui/DR

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