Nuit Debout : Le poème de Philippe Tancelin

La nuit ne tombe pas
elle monte au cri du rebelle
baignant sa voix
dans le cours stellaire de la révolte (1)
Les mots brûlent parmi les minuit
éclairent les seuils entre réel et réalité
Sur l’heure de liberté la nuit lève
de toute son ivresse
la coupe de l’inaltérable
aux chants d’autres mondes
Chaque voix étouffée
arrache à la poussière des mots
la lettre d’une histoire des profondeurs
qui parle le sens de la déflagration des leurres
sous la joie des levants fédérés
La nuit nue
sous la blancheur ascendancielle du rêve
est debout sur l’instant fragile (2)
de son devenir devant l’aube

Philippe TancelinPoète-Philosophe, Professeur émérite de l’Université de Paris.

(1) On ne peut s’empêcher de penser – et de le relire – à ce grand texte prémonitoire de Geneviève Clancy intitulé « Les cahiers de la nuit » paru en 2004 aux éditions de l’Harmattan, collection « Poètes des cinq continents », et dont la quatrième de couverture précise : « Qui est la nuit ?… tenter d’habiter selon la nuit ces moments du monde où l’immensité devient présence et nous restitue ce lien charnel à l’univers qui nous fait du même sang que les étoiles… ce qu’il y a d’invisible dans la part éclairée des choses est révélé par la nuit… »

(2) Le premier mai 2016, lors du défilé traditionnel, de violents heurts ont lieu place de la Nation à Paris entre manifestants et forces de l’ordre. Une des « street medics »  témoigne :

« Là, j’ai vu les manifestantEs nous protéger, faire barrage de leur corps lorsque les charges de CRS sont arrivées sur nous. Beaucoup de personnes sont restées là, à se mettre en danger, à prendre le risque de se faire arrêter, matraquer, tirer dessus. Par solidarité. Et c’est cette attitude, qui a continué de me marquer tout au long de la journée… Toutes ces personnes, Street Medics, manifestantEs, inconnuEs sont restéEs autour de nous et ont gardé la ligne. Certaines ont placé leurs corps au-dessus de nous pour faire barrage aux palets de lacrymogène brûlants qui tombaient en pluie sur nous. L’une d’entre elles a d’ailleurs vu son sac commencer à flamber. Mais elles sont toutes restées jusqu’à la fin…le sentiment le plus fort, le plus présent chez moi à l’issue de cette journée, c’est la gratitude, un sentiment fort de cohésion, de solidarité, de force, de convergence et de détermination. La preuve en actes que nous, étudiantEs, travailleurs/euses, chômeurs/euses, précaires nous pouvons être plus fortEs face aux patrons, à l’État, à sa police. … La solidarité est une arme inestimable. »

Lire le témoignage cité par Philippe Tancelin en entier

Crédits photos:

  • Philippe Tancelin: Photo X/DR

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