« Pour un boycott actif de l’élection présidentielle »

TRIBUNE – Alors que les débats font rage au sein de Nuit Debout sur la question de l’avenir du mouvement et des moyens réels de peser sur le pouvoir politique, le journal Libération publie une tribune appelant au boycott de la prochaine élection présidentielle.

« Il faut lancer, non pas une « primaire » mais une campagne de boycott de l’élection présidentielle pour délégitimer la structure actuelle du pouvoir. Mais pour, du même coup, redonner un sens à la souveraineté populaire, il faut aussi que ce boycott ne se limite pas à l’abstention ou au vote blanc, mais débouche sur une intervention démocratique positive et que les partisans du boycott se regroupent, forment des comités et débattent, non pas du choix d’un individu, qui irait exercer le pouvoir à notre place, mais des transformations de l’organisation politique et sociale, qui redonneraient à chacun d’entre nous les moyens d’une existence décente et une prise sur notre destin collectif. »< Nos rêves ne rentrent pas dans vos urnes

L’idée n’est pas neuve, et a sans aucun doute été maintes fois proposée en AG, mais il est intéressant de noter que les auteurs de cette tribune, pour la plupart anciens militants de mouvements révolutionnaires comme « Socialisme ou Barbarie » et le « Mouvement du 22 Mars » (1968 ndlr), souhaitent que ce boycott soit suivi d’un mouvement populaire ressemblant à s’y méprendre à Nuit Debout. Les grands esprits se rencontrent…

Plus révélateur encore, le fait que Libération publie seulement ce genre de tribune lorsqu’elles émanent de militants vétérans. Pour le journal historique de la gauche, il semblerait donc que la valeur doive bien attendre le nombre des années.

Toute ironie mise à part, cette tribune est révélatrice de la méfiance qu’affichent les mouvements révolutionnaires « historiques », les syndicats et autres partis politiques d’extrême gauche, à l’égard de Nuit Debout, comme en témoignent les difficultés rencontrées pour organiser un cortège commun lors des différentes manifestations de ces dernières semaines. À l’œil candide il semblerait que chaque mouvement veuille garder son indépendance pour pouvoir revendiquer la victoire au lendemain du Grand Soir; plus prosaïquement, on appelle ça une bataille d’égos.

L’idéaliste, quant à lui, dirait que ces mouvements laissent à Nuit Debout le champ libre pour s’affirmer, se structurer, « faire ses classes » en quelque sorte, et qu’ils résistent dignement à la tentation de la récupération politique.

Pourtant la tribune de Libération montre bien que les raisons de la colère et les solutions envisagées sont partagées par Nuit Debout et ces mouvements. Partout le pouvoir du peuple uni est rappelé et revendiqué. Ne serait-il pas bon, dans ce cas, de mettre de côté nos différences et de mutualiser nos forces et nos idées, nos moyens et notre expérience, pour créer cet autre monde dont nous rêvons tous ?

L’intégralité de la tribune est à lire sur le site de Libération

Crédits photos:

  • Nos rêves ne rentrent pas dans vos urnes: Nuit Debout
  • Gabarits tags: Floryan Reyne

4 réactions sur cet article

  • 6 mai 2016 at 14 h 16 min
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    Bonjour,
    J’ai peur que cette initiative ne débouche sur rien. Il me semble plus efficace de définir des critères ou d’envoyer un questionnaire aux candidats puis, en fonction des réponses, d’appeler à voter pour le candidat le plus proche du mouvement.
    Si Nuit Debout est réellement populaire, certains candidats se sentirons obligés de se rapprocher de nous.
    a+

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  • 7 mai 2016 at 6 h 57 min
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    Oui, le Boycott est l’unique solution valide et le premier commentaire en est une preuve supplémentaire.

    Comment garantir la pérennité du mouvement sans sombrer dans les récupérations qui déjà fleurissent de partout ?
    2017, année d’élections et quelles élections !! Les présidentielles et les législatives…
    Chaud devant !!! La récupération y est question de survie.

    Comment gérer ça ? Comment se positionner pour pouvoir grandir sans que cela ne profite à personne ?

    Aujourd’hui, je vous propose de vous poser ces questions parce qu’il va vous falloir y répondre très très rapidement…

    Je sais, c’est chaud, mais dite vous que ça permettra de faire le ménage d’entrée. Tous les actuels « amis » qui sont présents pour d’autres raisons que celles qu’ils affiches passeront en mode hostiles instantanéments…

    Nuit Debout c’est le changement. Nuit Debout c’est une autre société, plus juste, plus interactive, plus citoyenne, plus responsable. Alors comment répondre à cette « exigence » du régime représentatif qu’est l’élection ?

    Je vais arrêter de tourner autour du pot, vous n’avez pas le choix et c’est parce que vous n’avez pas le choix que je vous l’écrit aujourd’hui parce que l’unique chose à faire va provoquer bien des séismes…

    Nuit Debout doit appeler au Boycott des élections. Pas au vote blanc, au Boycott.

    Le vote blanc ne rejette que les candidats, il ne rejette pas cette société (hors nuit Debout rejette cette société puisqu’il en construit déjà une nouvelle).

    Alors oui, c’est chaud et c’est très compliqué. C’est chaud parce qu’il va falloir faire comprendre que l’élection c’est pas la démocratie et que c’est même tout le contraire.
    C’est chaud parce qu’il va falloir faire prendre conscience que l’élection c’est le sésame, la manne qui permet au régime actuel de se maintenir puisqu’elle le légitime par la participation.
    Pour le moment c’était cool les discutions sur les problèmes d’emplois, de logement, de revenu minimum. Mais Nuit Debout c’est autre chose et c’est bien plus que s’occuper que des effets induits.

    La base de tout, c’est la constitution C’est elle qui donne le cadre et qui rend les possibles possible et la constitution de la 5ème république c’est du cousus mains par et pour les « élites ». En d’autres termes, la constitution de la 5ème république c’est une grosse bouse qui ne profite qu’aux riches.

    Vous me suivez toujours ? Si c’est la cas je continue.

    Comment sortir de cette anomie politique et citoyenne en en respectant les règles? Impossible et à cette question Nuit Debout a déjà répondu.
    Ma position est de dire que la seule issue est de vider les urnes donc d’appeler au boycott des élection.
    La position de Nuit Debout est de fait plus compliqué puisque sont défit est de ne pas être récupéré et/ou de servir de faire valoir ?
    La réponse s’impose d’elle même. L’appel au Boycott.

    Il a énormément de vertus puisqu’il fait tomber les masques, tous les masques. De plus il positionne clairement, très clairement le mouvement dans ce qu’il est et dans ce que les politiques et les médias ne comprennent pas ou refusent de comprendre. Il est renouveau, il est fin d’une ère, d’une époque. Il est Rév’évolution (rêve et évolution)…

    Voilà, je crois que j’ai fais ma part (Comme dirait Pierre Rabhi).

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  • 11 mai 2016 at 9 h 19 min
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    Quelques mots pour corriger les malentendus :

    Ce texte, destiné à être anonyme, a été écrit en février – avant le début du mouvement actuel, donc – en réaction à la farce des “primaires à gauche”. Arrivé à Libération par la petite porte, il a considéré impubliable sans signatures. Ceux d’entre nous qui ne risquaient pas de perdre leur boulot (les plus vieux, donc, ceux des mouvements “historiques”) ont alors accepté de donner leurs noms, et ajouté leurs vieilles affiliations plutôt pour rattacher cette “cause” à des engagements plus généraux.
    Notre premier but est de contribuer à la remise en question la plus large possible du caractère démocratique du système « représentatif » dans lequel nous vivons, dans l’espoir que les initiatives dans ce sens se multiplieront de façon autonome. Nous avons donc accueilli avec joie l’occupation de la place de la République, Nous y participons autant que possible. Nous y avons d’ailleurs organisé un débat, et avons pris la parole sur Radio Debout.
    A nos yeux, la démocratie est bien plus que l’exigence de pouvoir s’exprimer et d’être entendu. Elle ne réside pas non plus dans des « recettes » comme l’instauration de référendums, l’élection d’une constituante, encore moins aux formes « participatives » promues par le pouvoir. Défendre l’idée démocratique, c’est s’attaquer à toutes les formes de pouvoir qui nous dépossèdent de notre capacité à décider ensemble, à la base, des formes d’organisation sociale, des modes de production, des formes de vie que nous voulons. Tenter de la pratiquer dans nos luttes, c’est faire l’apprentissage de la réflexion collective et des moyens de parvenir à des décisions collectives sur tout ce qui nous concerne. C’est faire aussi l’apprentissage de la gestion des conflits, qui existent toujours dans tout groupe vivant (voir le dernier texte de Rancière).
    Nous sommes tout à fait d’accord avec le dernier paragraphe de votre texte : nos colères et les voies à suivre sont les mêmes, et nous ne demandons qu’à « mutualiser nos forces et nos idées, nos moyens et notre expérience, pour créer cet autre monde dont nous rêvons tous », sans prétendre pour notre part à un point de vue surplombant.

    Les-deserteurs-actifs.over-blog.com
    boycottactif@gmail.com

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