Témoignage : Qui sont les pacifistes de Nuit Debout ?

VIE DE LA NUIT – Cassien ALIV est l’un des organisateurs du groupe d’action pacifiste qui a tenté de s’interposer entre les casseurs et les CRS lors des manifestations du 1er mai. La Gazette Debout vous livre son témoignage.

« Devant la violence des affrontement du jeudi 28 avril, nous avons décidé d’organiser un petit groupe d’action pacifiste pour répondre et agir face à la montée des violences de diverses natures qui ne conduisent qu’à la destruction de toute forme de débat.

Lors de la manifestation, nous étions une poignée à nous interposer devant les forces de l’ordre pour qu’elles ne chargent pas et pour empêcher certains manifestants de les atteindre avec des projectiles. Cela ne les a pas empêchés de nous jeter toutes sortes de choses, y compris des bombes agricoles qui sont assez effrayantes (genre de gros pétard en forme de bombe de dessin animé).

Du côté des policiers, violents ou non, tout le monde est mis dans le même panier : charges à gogo, avec coups de matraques, gazages à répétition et attitude très agressive, voire provocante. Devant l’ampleur de la mobilisation violente, des deux côtés, et la méconnaissance du terrain, nous sommes rentrés à République pour débuter notre action du soir.

De 20 à 21 h 30, avec l’aide d’une dizaine de personnes, nous avons méticuleusement débarrassé la place de tout projectile (en particulier les bouteilles en verre) ainsi que des sacs de déchets remplis à ras bord, pour éviter qu’ils ne soient éventrés par ceux qui y cherchent des munitions, comme ce fut le cas plusieurs soirs depuis le début de Nuit Debout.

Quand certains manifestants ont commencé à vandaliser le magasin Go Sport place de la République, nous nous sommes rapidement mobilisés pour nous interposer entre manifestants et policiers suivant la même stratégie que l’après-midi.

Nous avons été rapidement rejoints par des dizaines de personnes, levant les mains, en signe de non-violence pour faire cesser les affrontements. Malgré cela, nous avons été la cible de jets de bouteilles et autres projectiles (l’un de nous a été blessé à la tête, sans gravité heureusement). Quand la tension s’est calmée, les forces de l’ordre ont provoqué à leur tour en envoyant des grenades lacrymogènes en grande quantité.

Ces provocations ont duré au moins trente minutes des deux côtés, avec une minorité de manifestants qui ont continué à jeter des choses (même si le nettoyage de la place leur avait enlevé une grande majorité de leurs munitions). Ils nous ont aussi pris à parti : « Collabos… » et autres brimades.

Nous restons convaincus que notre mode d’action est légitime et que son but est de faire cesser toute violence. Malgré cela, les personnes violentes ne sont jamais écartées de nos rassemblements, en dépit des fouilles extensives et des policiers en civil.

Les policiers quant à eux, réagissent à des ordres extrêmes et selon un plan d’action préétabli qui n’inclut absolument pas notre mode d’action inopiné.

Dans le communiqué de la préfecture, il n’est fait aucune mention de personnes pacifistes qui ont cherché à faire baisser la tension mais qui ont été pris pour cibles, d’un côté comme de l’autre.

Plusieurs manifestants m’ont personnellement adressé la parole en me disant qu’il fallait respecter le mode d’action de chacun, mais de toute évidence, eux ne respectent pas le nôtre car ils ou elles essayaient de me convaincre que j’avais tort.

J’insiste sur la difficulté qu’il y a à garder son calme dans une situation ou nous sommes menacés de toutes parts. Nous avons tout de même réussi à faire reculer plusieurs fois les forces de l’ordre, mais l’absence d’une autorité de médiation sur place n’a pas pu conduire à un retrait des policiers. »

Cassien ALIV.