Questions à la Préfecture et à la presse concernant les violences policières

SUITE AUX VIOLENCES SURVENUES LORS DE LA MANIFESTATION DU 28 AVRIL 2016. Alors que se multiplient les articles de journaux parlant des violences « en marge », « pendant l’évacuation de » et « en lien avec » Nuit Debout qui noient le mouvement, quitte à en faire une coquille vide plus préoccupée de savoir comment se défendre que de préparer l’attaque, deux ou trois choses m’interpellent.

À la suite du communiqué de la Préfecture d’aujourd’hui, cité abondamment dans toute la presse, quelques questions restent en suspens :

Quelle est la proportion du nombre de policier.e.s blessé.e.s par rapport au nombre de policier.e.s déployé.e.s depuis le début du mouvement ? L’effectif est toujours très impressionnant. Peut-être la Préfecture pourrait-elle indiquer quel effectif de forces de police a été déployé dans la nuit du 28 au 29 avril, combien de véhicules, combien de gaz lacrymogène a été projeté, combien de grenades assourdissantes ? Elle ne peut manquer de détenir ce genre d’informations.

Il serait également utile de connaître le coût d’une grenade de gaz lacrymogène, les dangers pour la santé des personnes exposées : CRS et manifestant.e.s.

Deuxième question, en lien direct avec la première : quelle est la finalité d’un tel déploiement policier autour de la place ? Pourquoi ne pas laisser la place occupée après minuit ? Quelle menace pour l’ordre public représente une occupation durable de la place de la République ? Si la raison en est le coût qu’engendrerait une surveillance policière constante de la place pour assurer la sécurité des manifestant.e.s, il ne semble pas que cet objectif soit atteint par ces attaques de CRS à heure précise. La dynamique de débordement induite par l’encerclement policier de la place et l’interdiction formelle, par la Préfecture, du maintien des structures, sans raison apparente à part la volonté de montrer qui est le réel détenteur de l’autorité, semble être un facteur d’accroissement des tensions et non d’apaisement des relations entre la Police et les manifestant.e.s.

Quelle est donc la mission des forces de l’ordre sur la place ? Assurer la sécurité de qui ? Protéger qui ? De quoi ? Pourquoi sont-ils là ?

Il semble que la réponse évidente soit de protéger la ville des « casseurs » et « casseuses ». Sans rentrer dans le débat des stratégies à adopter pour permettre au mouvement de s’installer physiquement sur la place et institutionnellement en France, il semble que certaines informations ne soient pas communiquées sur les dits « casseurs » et « casseuses », dont une qui engendre un contresens particulièrement choquant.

À la différence des milices d’extrême-droite, ils et elles ne visent que l’État et le Capital et non les particuliers. La presse oublie de préciser que ce qui est cassé, ce sont les banques, les Autolibs de Vincent Bolloré, et jamais les boulangeries ; que ceux et celles qui reçoivent les projectiles sont les membres de la police et jamais les individus ; qu’il s’agit en cela d’une violence politique visant des symboles politiques. Ils et elles n’agressent pas les personnes sans défense, mais font face aux détenteurs et détentrices de la « violence légitime », ceux et celles dont le monopole n’est jamais remis en question, dont l’usage de la violence est automatiquement légitimé par l’uniforme. Il y a donc une différence de nature entre l’usage de la violence faite par les dénommé.es casseurs et casseuses et la violence de l’extrême-droite – raciste, sexiste et lâche.

Si l’usage de la violence comme moyen d’action peut être critiqué en soit, il est nécessaire que la presse expose les différences entre les différentes formes de son usage, et fasse entendre la voix des personnes qui sont constamment montrées du doigt pour expliquer un usage disproportionné mais jamais réinterrogé de la force par la police et la gendarmerie.

Laurence.

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